Buenos Aires (awp/afp) - Cinq journées consécutives de baisse: le peso argentin a perdu 0,72% face au dollar vendredi sur le marché des changes, portant à 6,81% la perte pour la semaine, malgré plusieurs interventions de la banque centrale.

Un rebond de la monnaie argentine la semaine dernière, +5%, avait laissé espérer une embellie au sein de la 3e économie d'Amérique latine, dans l'attente du feu vert du Fonds monétaire international (FMI) pour accélérer le programme d'assistance.

En juin, à la suite d'une première crise monétaire en avril/mai, le Fonds a octroyé un prêt de 50 milliards de dollars à l'Argentine, avec un versement immédiat de 15 milliards.

Le gouvernement du président de centre-droit Mauricio Macri pensait que cela serait suffisant, mais la secousse monétaire d'août a conduit l'Argentine à demander des versements anticipés pour stabiliser son économie.

Le pays sudaméricain souffre d'une crise de confiance interne et de la conjoncture internationale, avec la hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis, comme d'autres pays émergents.

Depuis le début de l'année, le peso argentin a dégringolé de 50%.

D'après les estimations du secteur privé, la hausse des prix annuelle se situera autour de 45% pour 2018, soit trois fois la prévision initiale du gouvernement.

"D'ici à décembre, prévoit l'économiste Fausto Spotorno, nous allons avoir quatre mois avec une inflation (mensuelle) proche de 4%. Dans ces conditions, on ne peut pas espérer que le dollar se stabilise".

Car en Argentine, quand le peso perd rapidement de sa valeur, les investisseurs et ceux qui ont la possibilité d'épargner se réfugient immédiatement dans le dollar.

La coûteuse parité peso-dollar en vigueur dans les années 1990, qui a terminé de conduire le pays à la ruine, est brièvement revenu dans les discussions en cette fin de semaine, après la déclaration d'un fonctionnaire de la Maison-Blanche.

Interrogé sur Fox News, Larry Kudlow, conseiller économique de la Maison Blanche, a estimé que "la seule solution pour l'Argentine est un système de taux fixe peso-dollar" qui a selon lui permis de baisser l'inflation dans les années 1990.

Cette déclaration a déclenché un tollé en Argentine, où les économistes comme le gouvernement écartent ce scénario. "Discuter de la convertibilité est un délire", estime l'économiste Rodolfo Santangelo.

Le pays est actuellement engagée dans la réduction du déficit public, à l'origine de profonds déséquilibres dans son économie.

Le gouvernement a annoncé des coupes budgétaires douloureuses et une récession de plus de 2% cette année alors que les Argentins, dont le pouvoir d'achat s'étiole, sont dans la rue pour demander l'arrêt de la politique d'austérité.

afp/rp