(Actualisé avec arrestation d'un juge de la Cour suprême parallèle, contexte)

CARACAS, 22 juillet (Reuters) - Les forces de l'ordre vénézuéliennes ont eu recours à des grenades lacrymogènes samedi pour disperser plusieurs centaines de jeunes manifestants qui défilaient à Caracas contre le président Nicolas Maduro.

Parmi les blessés figure Wuilly Arteaga, un violoniste de 23 ans devenu célèbre en jouant l'hymne national face aux policiers pendant que des heurts se déroulaient autour de lui.

La Table de l'Unité démocratique, coalition formée par les adversaires de Maduro, avait appelé à cette marche en direction du siège de la Cour suprême, pour soutenir une juridiction parallèle formée vendredi par l'opposition. Les forces de l'ordre ont barré la route aux manifestants avec des véhicules blindés.

Le violoniste blessé, hospitalisé, a diffusé sur Twitter une vidéo où il apparaît le visage bandé. "Ni les balles en caoutchouc ni les plombs ne réussiront à mettre fin à notre combat pour l'indépendance du Venezuela", dit-il. "Demain, je serai de nouveau dans la rue".

Pour le député d'opposition Luis Florido, interrogé lors de la marche, "la répression est le seul moyen qu'a ce régime de se maintenir au pouvoir".

Selon Henrique Capriles, l'un des chefs de file de l'opposition, Angel Zerpa, l'un des treize membres de la Cour suprême parallèle, a été arrêté samedi par les services de renseignement.

Depuis le début des troubles en avril, une centaine de personnes sont mortes, dont cinq lors de la grève nationale de jeudi.

Une nouvelle manifestation est prévue lundi et une grève générale devrait être organisée dans la semaine, d'après l'opposante Maria Corina Machado.

Les détracteurs du chef de l'Etat s'opposent à son projet de réforme de la Constitution. Le processus doit débuter le 30 juillet avec l'élection d'une assemblée constituante qui pourrait dissoudre le parlement, où l'opposition est dominante.

L'Union européenne et plusieurs pays d'Amérique du Sud ont plaidé pour des législatives en bonne et due forme, au lieu de l'élection de cette assemblée. Les Etats-Unis ont quant à eux menacé cette semaine de prendre des "mesures économiques fortes et rapides", si Caracas s'en tient à ses projets. Loin de céder à la pression, le gouvernement a annoncé samedi que 232.000 militaires seraient déployés pour assurer la sécurité du scrutin le 30 juillet. (Andrew Cawthorne; Eric Faye et Jean-Philippe Lefief pour le service français)