ALPBACH, Autriche, 31 août (Reuters) - La Banque centrale européenne doit se montrer plus ferme dans la normalisation de sa politique monétaire et s'efforcer en particulier de ne plus avoir un taux de dépôt négatif, a déclaré Ewald Nowotny, membre du conseil des gouverneurs de la BCE.

Le gouverneur de la banque centrale autrichienne a déjà formulé cette suggestion en avril, ce qui constituait alors un discours dissonant au sein de la BCE.

L'institut de Francfort a depuis annoncé en juin l'arrêt programmé de ses rachats nets d'actifs à la fin de l'année et a ouvert la porte à un relèvement de ses taux à partir de l'automne 2019, ce qui serait le premier depuis 2011.

"Il n'y a à l'évidence aucun danger de déflation dans la zone euro, ce qui permet une normalisation de la politique monétaire, qui doit être prudente mais qui pourrait être plus déterminée", a dit Ewald Nowotny lors d'une conférence économique à Alpbach, en Autriche.

"Je pense qu'une attention particulière devrait être portée sur le fait de sortir les taux d'intérêt du territoire négatif", a-t-il ajouté.

Le taux de dépôt, qui s'applique aux réserves excédentaires des banques auprès de la BCE, est à -0,4% depuis 2016.

Définir une politique de taux à un horizon aussi long qu'une année pleine ne va pas sans problème, a dit Ewald Nowotny. "Ce sont (...) toujours des éléments qui ne peuvent pas être indépendants des évolutions politiques", a-t-il déclaré.

Le gouverneur de la banque centrale autrichienne ne perçoit toutefois pas de risque immédiat en provenance d'Italie, où le nouveau gouvernement, ouvertement hostile aux politiques de maîtrise budgétaire promues au niveau européen, suscite l'inquiétude des investisseurs en raison de ses projets de baisses d'impôts et de hausse des dépenses sociales.

L'Italie est derrière la Grèce le pays le plus lourdement endetté de la zone euro, relativement à la taille de son économie, avec une dette représentant environ 130% de son produit intérieur brut (PIB).

"Ce n'est pas comparable à la crise de 2012 donc nous ne voyons pas de risque actuel", a dit Ewald Nowotny. "Le principal problème de l'Italie, c'est la quasi-stagnation de l'économie réelle."

Le responsable autrichien a aussi exhorté les pays de la zone euro à accentuer leurs efforts pour mettre en place un véritable marché unique des capitaux afin de contrer la domination du dollar américain.

"La politique économique des Etats-Unis est actuellement l'un des risques substantiels pour l'économie mondiale", a-t-il dit à la presse.

Le caractère imprévisible des décisions de Donald Trump, notamment en matière commerciale, les jugements partiaux des tribunaux américains et le rôle dominant du dollar sont mauvais pour l'Europe et doivent être combattus via un renforcement de l'euro, a déclaré Ewald Nowotny. (Kirsti Knolle Bertrand Boucey pour le service français)