par Francois Murphy et Parisa Hafezi

VIENNE, 30 novembre (Reuters) - L'Iran doit montrer cette semaine son sérieux pour relancer l'accord de 2015 sur son programme nucléaire, ont déclaré mardi les diplomates des trois pays européens signataires de l'accord - Allemagne, Grande-Bretagne et France -, ajoutant qu'il y aurait dans le cas contraire un "problème".

Il reste à déterminer si Téhéran entend reprendre les discussions avec les puissances mondiales au même point qu'il les a laissées en juin dernier, lorsque les pourparlers ont été ajournés dans la foulée de l'élection présidentielle iranienne, ont ajouté des diplomates européens.

Engagées en avril dernier, les négociations indirectes visant à ramener conjointement l'Iran et les Etats-Unis dans le Plan d'action global commun (PAGC, ou JCPOA en anglais) ont repris lundi dans la capitale autrichienne Vienne, où fut signé l'accord.

Les puissances occidentales répètent que le temps presse pour relancer le PAGC que l'ancien président américain Donald Trump a abandonné en 2018, rétablissant les sanctions américaines contre l'Iran, plongeant dans le désarroi les parties toujours prenantes de l'accord - Allemagne, France, Grande-Bretagne, Chine et Russie - et provoquant la colère de Téhéran.

S'exprimant devant des journalistes, des diplomates de haut rang des E3 ont déclaré que cette semaine serait cruciale pour déterminer le sérieux de l'Iran vers un retour dans l'accord, ajoutant qu'ils se refusaient toutefois à fixer des dates butoirs artificielles.

Un élément clé, ont-ils dit, est la volonté ou non de Téhéran de reprendre les discussions là où elles avaient été laissées en juin, avant la victoire électorale de l'ultra-conservateur Ebrahim Raïssi, parce que repartir de zéro aurait certainement pour conséquence de prolonger les négociations.

"Nous sommes toujours dans l'attente d'une confirmation solide que le camp iranien est disposé à commencer à travailler depuis le point où nous nous sommes arrêtés en juin", a indiqué un haut diplomate européen, mettant en avant l'importance des prochaines 48 heures.

Ce diplomate a souligné que les questions les plus délicates restaient à résoudre, alors que la rédaction d'un projet d'accord a été achevée à 70-80%, citant les centrifugeuses de pointe utilisées par l'Iran pour enrichir de l'uranium à des niveaux proscrits par l'accord de 2015.

Le négociateur en chef de l'Iran sur le nucléaire, Al Bagheri Kani, a adopté une position ambitieuse, laissant entendre que tout ce qui avait été négocié auparavant pouvait être rediscuté.

"Ce qui a été discuté lors des six précédents cycles de pourparlers à Vienne a découlé sur un projet d'accord, pas sur un accord. Et un projet est l'objet de négociations", a-t-il dit devant la presse. "Rien n'est convenu tant que tout est convenu. Donc toutes les questions (...) peuvent être négociées, et cela fut accepté par toutes les parties prenantes de l'accord". (Reportage Francois Murphy et Parisa Hafezi; version française Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian, édité par Sophie Louet et Matthieu Protard)