par Arshad Mohammed et Humeyra Pamuk

WASHINGTON, 23 septembre (Reuters) - La fenêtre pour relancer l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien est toujours ouverte mais ne le restera pas indéfiniment, a déclaré jeudi un haut représentant américain, notant que l'Iran n'avait toujours pas nommé de négociateur en chef ni fixé de date pour la reprise des discussions.

Washington et Téhéran ont entamé en avril dernier des pourparlers indirects à Vienne, où fut signé en 2015 le Plan d'action global commun (PAGC, ou JCPOA en anglais), sous l'égide des puissances mondiales toujours parties prenantes de l'accord.

Ces discussions destinées à ramener l'Iran et les Etats-Unis dans le cadre du PAGC ont été ajournées en juin, dans la foulée de l'élection présidentielle iranienne, laquelle a débouché sur la victoire d'Ebrahim Raïssi, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Occident.

Depuis lors, l'administration du président américain Joe Biden, favorable à un retour dans l'accord dénoncé par son prédécesseur Donald Trump en 2018, répète être ouverte au dialogue mais que le temps presse.

Aux yeux de Washington, les avancées de Téhéran dans son programme nucléaire pourraient à un moment donné devenir trop importantes, et il appartiendra aux puissances occidentales de déterminer la volonté réelle de l'Iran de revenir dans le cadre de l'accord, a dit le haut représentant américain.

"Nous sommes toujours intéressés. Nous voulons toujours revenir à la table" des négociations, a-t-il déclaré à des journalistes par téléphone, sous couvert d'anonymat. "La fenêtre est ouverte. Elle ne le sera pas pour toujours si l'Iran prend un chemin différent".

Téhéran a exprimé mardi son intention de reprendre les négociations de Vienne dans les prochaines semaines, sans donner de calendrier précis. Ebrahim Raïssi a souligné qu'il voulait qu'une reprise des pourparlers aboutisse à la levée des sanctions américaines, rétablies par l'administration Trump.

Négocier la fin des sanctions américaines est nécessaire à l'Iran pour relancer son économie, mais des observateurs s'attendent à ce que le nouveau gouvernement à Téhéran adopte une position encore plus rigide que le précédent si les discussions de Vienne venaient à reprendre.

Le haut représentant américain a refusé de dire les options envisagées par Washington en cas de non-reprise des pourparlers et de l'abandon de l'accord de 2015.

Les puissances occidentales soulignent que le temps presse alors que l'Iran continue d'enrichir de l'uranium au-delà des limites fixées par le PAGC, dont il s'est affranchi depuis 2019. Téhéran assure ne pas vouloir se doter de l'arme nucléaire.

A Paris, la porte-parole du Quai d'Orsay, Anne-Claire Legendre, a déclaré que "le temps ne joue pas en notre faveur à l'égard d'un potentiel accord, parce que l'Iran profite des reports pour aggraver ses violations nucléaires, rendant de plus en plus compliqué un retour au PAGC".

Une réunion sur le nucléaire iranien était envisagée cette semaine à New York, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, mais n'a pas eu lieu. (Reportage Arshad Mohammed à Washington et Humeyra Pamuk aux Nations unies, avec John Irish à Paris; version française Jean Terzian, édité par Nicolas Delame)