C'est un message de prudence que Guillaume Rigeade, gérant allocataire chez Edmond de Rothschild AM, a voulu faire passer la semaine dernière. "2018 devrait être une année charnière pour les marchés obligataires avec un risque de remontée des taux. Tout le monde se prépare pour une progression des rendements. On ne sait pas si elle aura réellement lieu mais la perception du risque est très forte", résumait-il à l'occasion d'une conférence de presse.

Joignant le geste à la parole, le gérant du fonds Edr Fund Bond Allocation précise que ce dernier n'est pas alloué à 100% en obligations mais garde une poche de cash qui a représenté récemment jusqu'à 35% de l'allocation.

Pour Guillaume Rigeade, cet environnement s'accompagne de deux mutations majeures du marché obligataire. D'abord, des actifs obligataires eux-mêmes pourraient être sources de risques : une remontée des taux fait craindre un durcissement des conditions de financement pour les entreprises. Ensuite, le potentiel d'amortissement qu'offrent habituellement les actifs obligataires, jugés sûrs, est moindre compte tenu du niveau encore bas des taux. Donc si les marchés actions venaient à baisser pour une raison ou une autre, le "coussin" obligataire serait sans doute moins efficace.

Cette réalité est particulièrement prégnante en Europe où la BCE reste très présente sur le marché même si elle retire petit à petit son stimulus monétaire. "Les taux réels allemands restent très nettement en territoire négatif même si l'offre et la demande sont en train de se rééquilibrer de manière graduelle. Nous ne sommes pas du tout en situation de krach, observe Guillaume Rigeade, gérant allocataire chez Edmond de Rothschild AM. Autour de 0,5% aujourd'hui, le taux à 10 ans allemand devrait évoluer aux environs de 1% en fin d'année selon nous".

Aux Etats-Unis, le resserrement monétaire est déjà en cours et les taux réels l'intègrent déjà ce qui se traduit par le fait qu'ils sont positifs. "Le marché américain n'est plus un marché à risque car les taux longs ont déjà monté, explique Guillaume Rigeade (Edram). Ils ont donc retrouvé une partie de leur potentiel pour servir de valeur-refuge en cas de tensions sur les actions."