Londres (awp/afp) - Près de 52.000 propriétés sont encore détenues de façon anonyme au Royaume-Uni, certaines par "des kleptocrates et des oligarques", malgré l'entrée en vigueur de règles les obligeant à dévoiler leur identité, a dénoncé mardi l'ONG Transparency International dans un rapport.

L'organisation a identifié "plus de 6,7 milliards de livres de biens immobiliers au Royaume-Uni achetés avec des fonds suspects", dont une majorité détenus via des sociétés offshore opaques, en particulier des propriétés de luxe dans les quartiers chics de Londres.

Plus de 20% de cette somme provient de Russie, notamment au bénéfice de personnes "faisant l'objet de sanctions et proches du Kremlin", précise l'ONG, qui cite aussi l'ancien vice-président angolais Manuel Domingos Vicente ou encore le couple de dirigeants azerbaïdjanais Ilham Aliev et Mehriban Alieva.

Londres, régulièrement accusé d'en faire trop peu contre l'afflux d'argent douteux dans le pays, avait durci le ton dans la foulée de l'invasion russe de l'Ukraine, notamment en adoptant une loi pour obliger les propriétaires de biens immobiliers à se dévoiler.

Mais "près de la moitié des entreprises tenues de déclarer leur propriétaire ne l'ont pas fait" à la date butoir du 31 janvier dernier, dénonce Transparency International. Elles "ont soit complètement ignoré la loi, soit soumis des informations qui empêchent le public de savoir à qui elles appartiennent".

Certaines ont par exemple déclaré que le propriétaire était une autre société "bien que cela soit contraire aux règles dans de nombreux cas", d'autres disent être détenues via des trusts, "des structures opaques", d'autres encore ont tout simplement affirmé n'avoir aucun bénéficiaire effectif, déplore l'organisation.

Un rapport parlementaire avait étrillé l'été dernier l'échec du gouvernement britannique à lutter contre l'afflux d'"argent sale" russe au Royaume-Uni, en dépit de l'intransigeance affichée.

Le rôle de facilitateur joué par le puissant secteur financier britannique et les armées d'avocats, de comptables et d'autres agents immobiliers de la place londonienne est aussi souvent pointé du doigt.

"La transparence sur l'identité des véritables propriétaires (au Royaume-Uni) est essentielle pour résoudre la question du rôle (du pays) en tant que plaque tournante mondiale de l'argent sale", a commenté Duncan Hames, un responsable de Transparency International, dans un communiqué.

Il appelle notamment le parlement britannique à agir pour "combler les lacunes de la loi", ainsi que les services de l'Etat à "mettre en oeuvre activement" les nouvelles règles.

afp/al