Les marchés européens ont été saisis d'un petit doute hier après leur cavalcade haussière des séances précédentes. Rien de très grave, mais les indices ont généralement perdu un peu de leur superbe en offrant une occasion de se venger à quelques dossiers mal-aimés du début novembre, dans l'armement, la santé ou le pétrole. Bref, des secteurs trop défensifs pour des investisseurs qui ont recommencé à se passionner pour les titres à fort effet de levier. Au final, l'Europe a perdu entre -0,03% (en Suisse) et -0,84% (en Belgique). Le Royaume-Uni, dont on ne sait plus très bien s'il est européen ou pas, a terminé à 0, pour marquer sa différence. Je classe l'OMX Novo Nordisk l'OMX Copenhague à part une fois de plus, puisque compte tenu du poids de Novo Nordisk dans l'indice, il fait la pluie et le beau temps. En gros, quand le laboratoire baisse, l'indice baisse, et quand le laboratoire monte, l'indice monte. Hier Novo a pris 2,5%, offrant un gain de 1,5% au marché danois en clôture.

Aux Etats-Unis, les trois indices ont terminé vert pâle. Là-bas aussi, il fallait souffler après les 6 à 7% de gains de la semaine précédente. Suite à leur dégringolade, les rendements obligataires ont rebondi, sans pour autant se rapprocher de leurs pics récents. Si vous avez bien tout suivi, les investisseurs pensent depuis les dernières annonces de politique de la Fed datant de mercredi dernier que le cycle de hausse de taux est terminé aux Etats-Unis. D’où l'accélération des actions et des obligations (qui montent quand les rendements baissent). Le président de la Fed de Minneapolis, Neel Kashkari, a un peu douché l'ambiance hier en soulignant que les hausses de taux ne sont pas forcément terminées. Quel chenapan celui-là. Ceci dit on reste dans le schéma prévu : le marché pense que la Fed ne relèvera plus ses taux, mais la Fed continue à faire croire que c'est possible. Comme ça, en cas de pépin sur l'inflation dans les semaines à venir, elle pourra dire qu'elle avait prévenu tout le monde avant de donner un tour de vis. Question de crédibilité. Et puis au vu de la flambée des actions ces derniers jours, elle n'a pas trop intérêt à lâcher la bride complètement, sinon les investisseurs vont reperdre tout discernement et refabriquer les bulles dont ils ont le secret.

Au-delà des bonnes nouvelles présumées du côté de la Fed, et malgré ce rabat-joie de Kashkari, l'actualité macroéconomique incite à la prudence. En Chine, les dernières statistiques sont plutôt mauvaises et un peu divergentes. Bref, la routine depuis des mois. Les exportations d'octobre étaient en baisse de -6,4% sur un an (-3,3% attendu) mais les importations ont rebondi de +3% (consensus -4,8%). L'interprétation basique que l'on peut en faire est que la Chine peine toujours à rester le partenaire commercial privilégié des autres pays, en tout cas hors des domaines oligopolistiques, pendant que son marché intérieur retrouve quelques couleurs. Pas de quoi s'emballer pour autant. L'autre grosse information de la nuit, c'est la décision de la Banque d'Australie, qui a relevé de 4,10 à 4,35% son principal taux directeur. Une annonce conforme aux attentes, mais qui s'est accompagnée d'un discours un peu moins offensif que prévu sur les risques à venir. Du coup, le dollar australien et les rendements locaux ont plutôt eu tendance à se détendre. J'imagine qu'on peut parler de "hausse dovish", que j'avais comparée il y a quelques temps à une bonne grosse claque suivie d'une caresse, un peu comme l'avait fait la BCE en septembre. Alors que la Fed, la semaine dernière, a plutôt fait une "pause hawkish", c’est-à-dire une caresse mais avec l'autre main levée en vue d'une bonne gifle. Que le marché a d'ailleurs rapidement transformé en "pause dovish", manifestement. D'autres banquiers de la Réserve Fédérale doivent prononcer des allocutions aujourd'hui : reste à voir si les investisseurs préféreront écouter les faucons ou les colombes. J'ai ma petite idée.

Les publications de résultats continuent à s'enchaîner. Capgemini, UBS, Engie, Daimler Truck ou Evonik entrent en piste aujourd'hui en Europe, avant Gilead ou Uber aux Etats-Unis un peu plus tard. Hier soir, Teleperformance n'a pas averti, youpi, mais a guidé le marché vers le bas de sa dernière fourchette de prévision. Pas de quoi restaurer la confiance durablement sur le dossier, dont l'histoire boursière est cassée. Autre histoire cassée, mais alors là complètement ou presque, celle de WeWork, la société qui voulait transformer le travail en un truc avec des poufs, des babyfoot et des gens jeunes et beaux qui s'aiment et bossent ensemble malgré leurs différences. Un projet mégalo déjà renfloué à coups de milliards, qui finit dans le mur parce qu'une idée séduisante sur le papier ne fait pas toujours un bon modèle économique. WeWork a déposé le bilan, au moment où sa capitalisation est presque pile 1000 fois inférieure à sa valorisation dégénérée d'il y a quatre ans. La société devrait pouvoir repartir après la signature d'accords avec ses créanciers, parce que la loi américaine sur les faillites est calibrée pour offrir un nouveau départ, mais le périmètre sera très éloigné des ambitions initiales. Du coup sa meilleure planche de salut pour ne pas disparaître des radars serait probablement de devenir une action mème. Sic transit gloria mundi.

En Asie Pacifique, les indices ont mis le pied sur le frein. Tokyo rend 1,3% et Hong Kong 1,4%. Séoul, qui avait flambé de 4% la veille après l'annonce de l'interdiction de la vente à découvert sur le marché coréen, reperd 2,4%. L'Australie se contracte de 0,3%, pendant que l'Inde hésite autour de l'équilibre. Les indicateurs avancés européens sont légèrement baissiers, mais les futures de Wall Street sont plus profondément ancrés dans le rouge. Poursuite de la pause en vue à l'ouverture, donc.

Le CAC40 perdait 0,4% à 6987 points à l'ouverture. Le SMI gagnait 0,1% et le Bel20 lâchait 0,2%.

Les temps forts économiques du jour

En Chine, les données sur les exportations et les importations ont été publiées au milieu de la nuit, comme les dépenses des ménages japonais. La production industrielle en Allemagne (08h00) et de l'IPP dans la zone euro (11h00) suivront, avant dans l'après-midi la balance commerciale (14h30) et le crédit à la consommation (21h00) aux Etats-Unis. Tout l'agenda ici.

L'euro se négocie 1,0710 USD. L'once d'or s'échange à 1972 USD. Le pétrole reste sous pression, avec un Brent de Mer du Nord à 84,71 USD le baril et un brut léger américain WTI à 80,44 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte à 4,64%. Le bitcoin évolue autour de 35 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adyen : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 1250 EUR à 1050 EUR.
  • Aroundtown : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 2,90 EUR à 2,35 EUR.
  • Asos : Investec passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 680 GBX à 370 GBX.
  • Barry Callebaut : Berenberg maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 2100 CHF à 2000 CHF.
  • BMW : RBC Capital maintient sa recommandation de performance sectorielle avec un objectif de cours relevé de 110 EUR à 112 EUR.
  • CGG : Portzamparc passe de conserver à renforcer en visant 0,75 EUR.
  • Dufry : Bank Vontobel AG maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 44 CHF à 42 CHF.
  • ENI : Morgan Stanley maintient sa recommandation pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 15 EUR à 15,50 EUR.
  • Equinor : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 400 NOK à 420 NOK. Morgan Stanley maintient sa recommandation pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 324 NOK à 365 NOK.
  • Fresenius Medical Care : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 58 EUR à 50 EUR. Landesbank Baden-Wuerttemberg maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 40 EUR à 35 EUR.
  • Galp Energia : Morgan Stanley maintient sa recommandation pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 12,60 EUR à 13,90 EUR.
  • HelloFresh : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 29,60 EUR à 27,30 EUR.
  • Hikma Pharmaceuticals : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 2125 GBX à 1940 GBX.
  • Intesa Sanpaolo : Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération égale avec un objectif de cours relevé de 3,30 EUR à 3,40 EUR.
  • Kaufman & Broad : Société Générale maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 32,60 EUR à 29,30 EUR.
  • Nilfisk : SEB Bank passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 160 DKK à 129 DKK.
  • Orsted : Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 640 DKK à 490 DKK.
  • OVH : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours réduit de 14 EUR à 12,50 EUR.
  • PostNL : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 1,80 EUR à 1,50 EUR. Oddo BHF maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 2,10 EUR à 1,75 EUR.
  • Prosus : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 70,60 EUR à 37 EUR.
  • Renewi : Peel Hunt maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 850 GBX à 950 GBX.
  • Repsol : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération égale avec un objectif de cours réduit de 18,30 EUR à 16,40 EUR.
  • Roche : Wolfe Research maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 316 CHF à 300 CHF.
  • Royal Unibrew : ABG Sundal Collier maintient sa recommandation de conserver et réduit l'objectif de cours de 650 DKK à 616 DKK.
  • Shell : Morgan Stanley maintient sa recommandation pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 2530 GBX à 2690 GBX.
  • Siemens Healthineers : Oddo BHF maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 50 à 49 EUR.
  • Société Générale : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 32 EUR à 31 EUR.
  • Solvay : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 130 EUR à 124 EUR.
  • Technip Energies : Fearnley Securities maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 29 EUR à 30 EUR.
  • Temenos : Baader Helvea passe de vendre à alléger avec un objectif de cours relevé de 62 CHF à 64 CHF.
  • Tikehau : Berenberg maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 31,50 EUR à 29 EUR.
  • TotalEnergies : Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 77 EUR à 71 EUR. Berenberg maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 63 à 70 EUR.
  • UCB : ING Bank maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 112 EUR à 109 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Capgemini confirme ses objectifs 2023 après des revenus du T3 rognés par l'effet de change.
  • CGG améliore ses résultats du T3, cash-flow libre légèrement négatif.
  • Engie relève ses prévisions 2023.
  • Teleperformance vise une croissance annuelle de son chiffre d’affaires dans le bas de la fourchette.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • Amadeus a dégagé un bénéfice en forte hausse au T3.
  • Evonik dépasse les prévisions de bénéfice de base pour le troisième trimestre.
  • International Flavors & Fragrances gagne 6% hors séance après avoir dépassé les attentes du marché.
  • Naked Wines revoit à la baisse ses prévisions annuelles. Le CEO démissionne.
  • Nintendo a maintenu ses prévisions pour l'année pour la console Switch.
  • NXP inchangé après ses trimestriels.
  • Persimmon relève son objectif de construction de logements malgré un marché difficile.
  • UBS accuse 785 M$ de pertes au T3, à cause de l'intégration du Crédit Suisse.
  • Vertex perd 2% après ses comptes.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • WeWork dépose le bilan.
  • L'Italie saisit 779 M€ auprès d'Airbnb pour évasion fiscale présumée.
  • Walt Disney nomme le directeur financier de PepsiCo au même poste.
  • Cigna envisagerait de se débarrasser de son activité Medicare Advantage.
  • DISH Network sombre de 37% après ses résultats.
  • Intel serait en pole position pour obtenir des milliards de dollars pour des installations sécurisées de production de puces pour la défense, selon le WSJ.
  • Siemens et Ericsson avertissent que les règles de cybersécurité de l'UE pourraient perturber les chaînes d'approvisionnement.
  • Nike poursuit New Balance et Skechers pour violation de brevets concernant la technologie des chaussures de sport.
  • L'Irlande va vendre 5% du capital d'AIB Group.
  • Vistry signe un contrat de 89 Md£ avec Leaf Living et Sage Homes pour la construction de nouveaux logements.
  • Partners Group négocie le rachat de Rosen.
  • Evotec signe un partenariat en oncologie avec Dewpoint Therapeutics.
  • Novo Nordisk va racheter pour 4,9 milliards de couronnes danoises (656 M€) d'actions à sa maison mère Novo Holdings, soit une part minime de son capital.
  • Accenture et Salesforce concluent un accord sur le développement des données et de l'IA.
  • Burkhalter acquiert la société octodurienne C2B Electrotechnique.
  • Les principales publications du jour : Gilead, Uber, Air Products, Emerson, GlobalFoundries, Telefonica Deutschland, Deutsche Wohnen, Leonardo, Demant, RecordatiTout l'agenda ici.

Lectures