(Actualisé avec précisions, contexte)

par Jean Décotte et John Irish

TOULOUSE, 21 mars (Reuters) - Les forces de sécurité menaient l'assaut tôt mercredi contre une habitation d'un quartier résidentiel de Toulouse où s'est retranché un homme se revendiquant d'Al Qaïda, considéré comme le principal suspect du meurtre de trois militaires et de l'attaque meurtrière contre une école juive, a déclaré Claude Guéant.

Des coups de feu ont été échangé et trois policiers ont été blessés, a-t-on appris de sources policières.

La police tente de négocier avec le suspect, dont le frère a été interpellé, a précisé le ministre de l'Intérieur, présent sur place.

"L'individu parle beaucoup. Il se revendique d'être un moudjahidine, d'appartenir à Al Qaïda. Il dit avoir voulu venger les enfants plaestiniens en même temps que d'avoir voulu s'en prendre à l'armée française", a déclaré Claude Guéant.

Lors d'une intervention distincte devant la presse, le procureur de Toulouse et le responsable de la section antiterroriste du parquet de Paris, chargé de l'enquête, ont précisé que plusieurs opérations étaient en cours dans l'agglomération toulousaine. Le principal suspect est un homme âgé de 24 ans connu des services de police, ont-ils ajouté.

L'opération a été lancée aux alentours de 3h00 du matin mercredi (02h00 GMT).

Un journaliste de Reuters présent sur place a constaté que le quartier résidentiel de l'est de la ville où se déroule l'opération était entièrement bouclé par les forces de l'ordre. Des coups de feu ont été entendus vers 04h40 GMT.

Des policiers casqués et armés de fusils automatique étaient déployés sur la zone.

Une gigantesque chasse à l'homme a été engagée lundi après le meurtre d'un rabbin et de trois enfants dans une école juive de Toulouse. La semaine précédente, trois militaires ont été abattus de sang froid, selon le même mode opératoire, l'un à Toulouse et deux autres à Montauban.

A chaque fois, l'auteur des coups de feu mortels est arrivé en scooter, a visé la tête de ses victimes et a agi de sang-froid.

Toute la région Sud-Ouest a été placée sous haute surveillance avec le dispositif "Vigipirate écarlate", sans précédent en France.

Le procureur de la République de Paris, François Molins, qui dirige l'enquête, a insisté mardi sur la "piste terroriste" au sens du droit français, à savoir la volonté de troubler l'ordre public "par l'intimidation et la terreur." [ID:nL6E8EK0O3

Selon le magistrat, l'homme agit avec "sang-froid" et son action est "préméditée", comme le montre "le choix de ses cibles", à savoir "l'armée", "l'origine" des victimes pour les militaires ou "leur confession" dans le cas de l'école juive.

Les trois soldats assassinés sont d'origine maghrébine et un quatrième, grièvement blessé, est Antillais, ce qui a alimenté la thèse de tueurs issus de l'extrême droite. (Jean Décotte, Nicolas Bertin et John Irish, édité par Bertrand Boucey et Patrick Vignal)