Stigmatisé·e·s, les cadres aspirent à une meilleure reconnaissance sociale et professionnelle

À l'heure où les politiques à l'oeuvre organisent le partage de la pénurie entre les différentes composantes du salariat pour mieux exonérer les revenus du capital, les cadres sont lucides sur les objectifs poursuivis par les réformes annoncées. Les cadres considèrent qu'il n'y aura pas de maintien du niveau de leurs droits sur la retraite (73 %), l'assurance chômage (54 %), la reconnaissance salariale et le déroulement de leur carrière (59 %). Au moment où la France est championne d'Europe pour le niveau des dividendes versés aux actionnaires, et continue sa politique d'exonération de cotisations sociales et d'aides aux entreprises inefficaces contre le chômage (200 Mds d'euros selon la Cour des comptes), plus d'un cadre sur deux souffre d'un manque de reconnaissance salariale et constate que les pratiques managériales restent dégradées. Ce contexte montre l'importance d'aboutir à de véritables garanties collectives interprofessionnelles à l'issu des négociations en cours sur le statut de l'encadrement.

L'allocation de retraite, calculée sur la base du salaire moyen de la totalité de la carrière au lieu d'un calcul sur les salaires des 25 meilleures années, va pénaliser principalement les cadres, notamment celles et ceux ayant des carrières plus ascendantes. Doit-on s'étonner que le gouvernement refuse de divulguer les impacts pour cette population ? Sur l'assurance chômage, la stigmatisation des ingénieurs et cadres est d'autant plus incompréhensible que leurs cotisations apportent au régime d'assurance chômage 42 % de ses ressources tandis que leur indemnisation ne représente que 15 % des dépenses !

Perte de sens et éthique professionnelle mise à mal

72 % des cadres ne se sentent pas associé·e·s aux choix de leur direction, et 53 % d'entre eux considèrent que leur éthique professionnelle entre en contradiction avec les choix et les pratiques réelles de leur entreprise ou administration. De nombreux signaux montrent que le développement de nouvelles configurations spatio-temporelles et d'autonomie contrôlée, pilotée par des outils de gestion intégrée, nécessite la définition de nouveaux cadres de régulation des espaces de travail ainsi que les processus associés. Or, force est de constater que la parole des cadres est peu prise en compte pour concevoir ces nouveaux cadres de travail qui intègrent de plus en plus les nouvelles technologies. Pour 58 % des cadres l'évaluation individuelle manque de transparence, et pour 62 % d'entre eux n'est pas fondée sur les bons critères. Doit-on s'étonner dans ce contexte que la majorité des cadres souhaitent prioriser le contenu et le sens du travail ? Le droit d'alerte, revendiqué par l'Ugict-CGT pour refuser de mettre en oeuvre une directive contraire à leur éthique, recueille 63 % d'avis favorable, soit un gain de 4 points par rapport au baromètre 2018.

Des cadres de plus en plus connecté·e·s en dehors de leur temps de travail

66 % des cadres placent en première aspiration la préservation de leur équilibre vie privée-vie professionnelle et 59 % des cadres déclarent travailler pendant leurs jours de repos. Ces résultats traduisent la difficulté à concilier leur travail et leur vie hors travail avec le management et les organisations de travail actuelles. 60 % des cadres souhaitent disposer d'un droit à la déconnexion effectif afin de préserver leur vie privée et leur santé. Cette revendication que porte l'Ugict- CGT depuis 2014 ne cesse de faire son chemin parmi les cadres depuis son lancement (+3 points 2019/2018).

Une charge de travail et un temps de travail qui explosent

Aucune véritable solution n'a été apportée sur la dégradation des conditions de vie et de travail. La charge de travail est en augmentation par rapport à l'année dernière pour 65 % des cadres, ainsi que le temps de travail pour 54 % des cadres. Près d'un cadre sur deux travaille plus de 45 heures hebdomadaires, 23 % d'entre eux travaillent plus de 49 heures hebdomadaires. On est loin des 35 heures hebdomadaires et du respect du Code du travail qui prévoit comme plafond 48 heures hebdomadaires sans dépasser les 44 heures hebdomadaires sur 12 semaines. Le forfait jours, dispositif français unique en Europe, concerne plus d'un cadre sur deux et participe à ces durées de travail excessives. L'Ugict-CGT demande que ce dispositif ne s'applique qu'aux cadres qui disposent d'une réelle autonomie dans l'organisation du travail et le retour à la référence horaire afin de limiter tous les abus.

À Montreuil, le 29 octobre 2019

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La Sté CGT-UGICT - Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens a publié ce contenu, le 04 novembre 2019, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
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