Nous avons vu dans un récent décryptage que les quatre stratégies de base des options permettaient de mettre en place de multiples combinaisons. Nous allons voir au cours de cette nouvelle chronique comment intervenir, via les options, pour acheter un titre ou participer à son mouvement haussier sans rien décaisser. En déployant la stratégie du tunnel, l’investisseur pourra atteindre cet objectif final.

Comment fonctionne la stratégie du tunnel haussier ?

Il s’agit dans un premier temps de vendre un put légèrement sous le cours de l’action (out the money) et avec cet encaissement, financer un achat de call légèrement au-dessus de ce cours (out the money). En fait pas très compliqué à mettre en place, ce genre de stratégie va permettre de participer au parcours du titre, sans pour autant bloquer des liquidités.

Un exemple concret d'application de cette stratégie optionnelle

Un investisseur veut jouer un rebond technique sur Carrefour (15,20 EUR) qui a bien baissé depuis plusieurs mois. Techniquement, ce dernier peut intervenir soit en faisant un achat simple sur le marché soit en appliquant un tunnel haussier.
Pour acheter l’équivalent de 1 000 titres soit 15 200 euros pour un achat classique, l’investisseur devra vendre 10 put 14 décembre à 0,70 EUR et acheter 10 call 16 décembre à 0,50 EUR.
Les contrats optionnels ont des quotités de 100, d’où la nécessité de trader 10 contrats pour avoir l’équivalent des 1 000 titres.
L’opération mise en place génère même un crédit de (0,7 – 0,5)*10*100 soit 200 EUR.
Achat de titres (AT) = -15 200 EUR
Tunnel haussier (TH) = + 200 EUR

Dès l’origine de cette stratégie, on s’aperçoit qu’il n’y pas la contrainte de bloquer des liquidités.

Envisageons maintenant trois scénarios pour comparer les deux stratégies

1)       Le titre cote 18 EUR à fin décembre
a) AT : permet de gagner 18 000 -15 200 soit 2 800 EUR (+18%)
b) TH :
- Le put vendu 0,7 vaut zéro
- Le call acheté 0,5 vaut (18 – 16) = 2 soit gains de 2*10*100 = 2 000 EUR

2)      Le titre cote 15 EUR à fin décembre
a) AT : la position titre génère une perte latente de 200 euros (15 000 -15 200)
b) TH :
- Le put vaut zero
- Le call vaut zéro donc le gain final du tunnel haussier reste à 200 EUR

3)      Le titre cote 12 EUR fin décembre
a) AT : la position titre génère une moins-value de 3 200 euros (12 000-15 200) soit perte latente de 21%
b) TH :
- Assignation du put 14 (obligation d’acheter les titres à 14)
- Le call vaut zéro
- La moins-value de la stratégie se monte à 12 000 - 14 000 + 200 = 1 800 EUR soit, comparé à un achat de 15 200, une perte latente de 12%

En conclusion : quelle que soit la trajectoire du sous-jacent, la stratégie optionnelle reste pertinente.


Les résultats apparaissent presque à l’identique pour une trajectoire du titre à la hausse ou étale et montrent une nette amélioration de la perte latente en cas de défaillance du titre. Les avantages demeurent par conséquent très significatifs d’autant plus qu’il n’y a pas de débours initial d’un montant important de liquidités. De plus, par le jeu des roulements de positions, le put 14 décembre, pourrait éventuellement être "roulé" sur un put plus bas et sur une échéance plus lointaine pour éviter de lever les 1 000 titres. Mais on rentre là dans un schéma plus complexe de la gestion des positions optionnelles… et c’est justement là que cette manière d’intervenir sur les marchés devient passionnante et très attractive.