(Actualisé après le discours d'Orban)

par Krisztina Than

BUDAPEST, 10 mai (Reuters) - Viktor Orban, reconduit samedi pour un deuxième mandat consécutif de Premier ministre par le Parlement de Budapest, a réclamé l'autonomie pour les minorités hongroises vivant dans les pays frontaliers de la Hongrie, y compris en Ukraine.

"Nous considérons la question hongroise comme une question européenne", a déclaré Viktor Orban après avoir prêté serment, dans son premier discours aux élus depuis la victoire triomphale de son parti, la Fidesz, aux élections législatives du 6 avril.

"Les Hongrois qui vivent dans le bassin des Carpates ont le droit d'avoir la double nationalité, des droits communautaires et aussi l'autonomie", a-t-il dit.

Signé en 1920, le traité du Trianon a fait perdre à la Hongrie les deux tiers de son territoire et des centaines de milliers de Hongrois de souche vivent aujourd'hui en Roumanie, en Slovaquie, en Ukraine et en Serbie.

Dès 2010, date de sa deuxième accession au pouvoir après 1998, Viktor Orban a accordé la nationalité aux Hongrois des pays frontaliers avant de leur accorder pour la première fois, le mois dernier, le droit de voter à des législatives.

S'il n'a jamais suggéré la réunification des territoires perdus par la Hongrie après la Première Guerre mondiale, il a irrité certains des pays voisins par ses revendications.

Dans son discours, il a jugé que la question des minorités hongroises était particulièrement d'actualité en raison de la situation en Ukraine, où vivent environ 200.000 Hongrois de souche, qui ont selon lui le droit à la nationalité hongroise et à une administration autonome.

"C'est clairement ce que l'on attend de la nouvelle Ukraine qui prend forme aujourd'hui", a-t-il dit, ajoutant que Budapest soutenait la mise en place d'une Ukraine démocratique par les autorités en place à Kiev.

Evoquant l'Union européenne, avec qui les relations ont été houleuses au cours des quatre années écoulées, Viktor Orban a souligné sa volonté de maintenir son pays dans l'UE et l'Otan, qualifiant une sortie de l'UE de dangereuse extrémité.

"Mais nous sommes membres de ces alliances, pas leurs otages", a-t-il poursuivi. "Nous voulons une Europe qui respecte ses propres racines, qui respecte le christianisme et qui offre aux nations le respect qui leur est dû."

Cette phrase rappelle le slogan de la Fidesz placardé dans les rues, sous un portrait d'Orban, pour les élections européennes de la fin mai: "Notre message à Bruxelles: Plus de respect pour les Hongrois!" (Danielle Rouquié et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)