Depuis une vingtaine d'années que j'écris des trucs matinaux pour vous informer et vous divertir, je vois toujours arriver le mois de juin avec une certaine appréhension. Imperceptiblement, l'actualité se fait moins dense, jusqu'à devenir franchement plate à mesure que la fin du mois se profile. Après tout, les publications de résultats d'entreprises sont terminées, les journées plus longues sont propices à faire autre chose que de la finance et on recommande depuis des années aux investisseurs de prendre leurs cliques et leurs claques en mai pour aller voir ailleurs s'ils y sont. Bref, quand on écrit une quotidienne, le mois de juin consiste souvent à répéter les mêmes choses ou à angoisser devant une page blanche.

Même statistiquement, juin est un peu barbant. Il n'est ni particulièrement mauvais, ni particulièrement bon. Il est dans le ventre mou. Le gain moyen sur le S&P500 depuis 1928 est de 0,7%, soit le sixième meilleur mois statistique, à égalité avec août. En plein milieu quoi. Juin a connu 54 hausses et 41 baisses sur les 95 dernières années (les données ont été chipées à Edward Yardeni). Cette année, le mois a plutôt démarré sur les chapeaux de roues, jusqu'à la séance d'hier, bien plus mitigée. L'Europe a généralement perdu du terrain, hormis en Belgique et en Suède, avec des baisses parfois conséquentes. C'est le cas en France, où le CAC40 a perdu -1%, trahi une fois encore par ses valeurs du luxe, qui semblent avoir perdu leur Mojo avec les soubresauts de la croissance chinoise. Aux Etats-Unis, les indices ont aussi fait une pause, hormis l'intouchable Nasdaq 100, qui a préservé de léger gains. Le Dow Jones a reperdu -0,6%, pour -0,2% du côté du S&P500. Pour en tirer des enseignements, il faudra repasser.

Les investisseurs ne savent plus trop à quel Saint se vouer. Sainte-Intelligence-Artificielle continue à soutenir le compartiment technologique, mais les voies de Saint-Jerome-Powell sont impénétrables. Car ça s'agite un peu à neuf jours de la prochaine décision de politique monétaire de la Fed. La belle confiance dans la fin du cycle de resserrement monétaire s'effrite, même si la probabilité d'un statu quo le 15 juin reste ultra-dominante. Le tour de vis monétaire inattendu donné ce matin par la Banque d'Australie pourrait contribuer à tendre un peu l'atmosphère. Les économistes s'attendaient à ce que la RBA laisse son taux directeur à 3,85%. Elle l'a relevé à 4,10%, en soulignant que l'inflation a certes passé son pic, mais qu'elle reste trop élevée (à 7%) et qu'il faudra du temps avant qu'elle ne se résorbe. Cette situation, c'est un peu celle que redoutent la BCE ou la Fed : une inflation qui n'est plus aussi débridée qu'en début d'année, mais qui reste élevée durablement. Les banques centrales occidentales ont l'air prêtes à revenir sur le dogme de l'inflation proche de 2%, mais il faut pour cela que la hausse des prix revienne sur des niveaux plus raisonnables. La RBA a prévenu que d'autres hausses de taux pourraient être nécessaires. C'était aussi en substance le discours de Christine Lagarde hier. La patronne de la BCE ne sait pas si l'inflation de base a déjà touché son pic. Nous non plus.

Dans le reste de l'actualité, la SEC fait monter la pression sur le géant du négoce de cryptomonnaies Binance et sur son PDG Changpeng Zhao, soupçonnés de multiples manipulations financières. En Chine, la spéculation s'est à nouveau emparée des promoteurs immobiliers alors que des rumeurs circulent sur des mesures de soutien au secteur. Comme je l'écrivais hier, la rumeur d'un plan de soutien de Pékin est servie à toutes les sauces dès qu'il faut relancer la machine chinoise. C'est déclinable à l'envi. On pourrait même imaginer des mesures plus cocasses, par exemple que la baisse de la natalité dans le pays aboutira à un vaste plan de relance sexuelle. Dans un tout autre registre, Apple a lancé le masque de ski le plus cher du monde un casque de réalité augmentée qui sera commercialisé en 2024. Un vrai pari pour la marque à la pomme, en quête d'innovations de rupture après la révolution iPhone, vieille de 15 ans. En Ukraine, difficile d'y voir clair entre les déclarations des belligérants, qui revendiquent des victoires locales dans le cadre d'une contre-offensive apparemment lancée par les Ukrainiens. Enfin aux Etats-Unis, la spéculation autour d'une candidature du patron de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, à la présidentielle américaine prend un peu de poids. La banque a démenti les rumeurs, mais Bloomberg a révélé que l'intéressé a prévu de rencontrer des élus démocrates aujourd'hui pour parler économie et banque avec eux, ce qui a relancé la machine. Comme Joe Biden se casse régulièrement la margoulette, les démocrates pourraient être tentés de chercher une alternative consensuelle en vue du duel de la fin 2024. 

L'autre Nasdaq du moment, c'est le Japon : rien ne semble pouvoir faire baisser les actions à Tokyo. Le Nikkei 225 gagne encore 0,7% pendant que le Topix écrase méthodiquement ses records historiques de la veille. Hong Kong monte, tiré par ses promoteurs. La Chine continentale et l'Inde sont en légère baisse. C'est l'Australie qui coiffe le bonnet d'âne, avec une baisse de près de 1% pour l'ASX, plombé par ses financières et la décision de la RBA. Les indicateurs avancés européens laissent présager une ouverture légèrement baissière. Le CAC40 perdait 0,19% à 7187 points en tout début de séance. 

Les temps forts économiques du jour

Les commandes d'usines allemandes (8h00) et les ventes de détail européennes (11h00) sont au programme. Tout l'agenda ici.

L'euro remonte à 1,0717 USD. L'once d'or flirte avec 1960 USD. Le pétrole est stable, avec un Brent de Mer du Nord à 76,53 USD le baril et un brut léger américain WTI à 71,91 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans campe à 3,70%. Le bitcoin recule à 25 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • AIB Group : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer.
  • Anglo American : RBC passe de performance de marché à surperformance en visant 2700 GBp.
  • Asos : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1000 à 940 GBp.
  • Assa Abloy : HSBC passe de conserver à acheter en visant 305 SEK.
  • Bango : Stifel démarre le suivi à l'achat en visant 315 GBp.
  • Burberry : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 2200 GBp.
  • Diageo : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 3800 à 3600 GBp.
  • Koné : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 52 EUR.
  • Lotus Bakeries : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 6800 à 7000 EUR.
  • Renew : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 950 GBp.
  • RWE : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 53 à 57 EUR.
  • SNP Schneider-Neureither : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 25 à 33,50 EUR.
  • Swedish Orphan Biovitrum : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 280 SEK.
  • UPM : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 34,70 EUR.
  • Ypsomed : Credit Suisse reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 260 à 295 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Safran confirme être en discussions pour racheter certaines activités de commandes de vol de Raytheon. Une rumeur de prix de 1 Md$ est évoquée.
  • BNP Paribas revient dans la course pour Orange Bank, selon Les Echos.
  • Boeing et Airbus discutent d'une grosse commande de monocouloirs avec Riyadh Air. Par ailleurs, les retards de l'Airbus A321XLR sont en moyenne de 12 mois pour l'ensemble du secteur, selon Qantas.
  • Publicis Sapient annonce l'acquisition de Corra aux Etats-Unis.
  • Stellantis et Galloo s'associent pour le recyclage des véhicules en fin de vie.
  • Sycomore AM propose Léo Apotheker comme nouveau président d'Atos.
  • L’assemblée générale des actionnaires de SES-Imagotag a approuvé l’émission de BSA au profit de Walmart.
  • 83,48% des droits à dividende de Neoen ont été exercés en faveur du paiement du dividende en actions.
  • La technologie de machine learning d'Esker brevetée aux USA.
  • Sercel (CGG) remporte un contrat en Chine.
  • Obiz lance une augmentation de capital de 7 M€ pour racheter SLD.
  • Amoeba choisit Axpera comme nom commercial de son application de biocontrôle.
  • Cellectis a dévoilé des données précliniques lors de l'ISCT 2023.
  • Groupe Berkem signe un protocole d'accord avec Groupe Dolidol en vue d’implanter un site de production et de commercialisation de résines alkydes en Côte d’Ivoire.
  • Forsee Power lance un système de batteries pour poids lourds.
  • Les Agences de Papa va devenir Versity.
  • Le petit coin de la dilution : Néovacs met en place une fiducie-gestion et lance une ORABSA de 2 M€ pendant que Pharnext lève 0,5 M€ par OCEANE-BSA.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Soitec, Osmozis

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • British Airways (International Consolidated Airlines), Walgreens Boots Alliance et la BBC ont été victimes d'une sévère cyberattaque qui a permis de dérober des données personnelles d'employés. D'autres entreprises seraient concernés, la fuite provenant d'une faille dans le logiciel MOVEit Transfer.
  • Standard Chartered se rapprocherait d'un accord de 3,5 Mds€ pour vendre son activité de financement aéronautique à AviLease, selon Bloomberg.
  • Apple vendra un casque de réalité virtuelle à 3499 USD à partir du début de l'année 2024.
  • British American Tobacco a maintenu ses prévisions de croissance du chiffre d'affaires annuel mardi, en misant sur une demande stable pour ses produits de vapotage et de nicotine orale et sur des prix plus élevés.
  • Symrise fait une offre de 544 M$ pour Swedencare, à 37,50 SEK par action.
  • Contemporary Amperex Technology (CATL) a démenti les informations selon lesquelles la société aurait perdu son plus gros client, Tesla.
  • Unilever mandate un cabinet de recherche de cadres pour un nouveau président du conseil d'administration.
  • Barnes Group achète le fabricant de composants de moteurs aéronautiques MB Aerospace pour 740 M$.
  • Kuehne + Nagel va racheter le transporteur de fret sud-africain Morgan Cargo.
  • Idorsia négocie une transaction de 400 MCHF pour ses activités en Asie-Pacifique.
  • Le conseil d'administration de Canaccord rejette l'offre de rachat de 840 M$ (1,13 MdCAD) proposée par un groupe dirigé par la direction.
  • Bed Bath & Beyond en pourparlers pour vendre Buybuy Baby à Go Global Retail, selon le WSJ.
  • General Motors va investir plus d'un milliard de dollars dans les usines de Flint pour augmenter la production de pickups.
  • GSK décroche l'examen prioritaire de la FDA américaine pour son traitement contre le cancer de l'endomètre.
  • Intel place 35 millions d'actions Mobileye.
  • DKSH conclut un accord de distribution avec Ingredi en Chine.
  • AIG place 65 millions d'actions Corebridge Financial.
  • Ascom remporte une commande auprès d'un groupe de cliniques en Allemagne.
  • Les principales publications du jour : Ferguson, Ciena, Burckhardt, Voestalpine, Soitec, Motor Oil HellasTout l'agenda ici.

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