(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)

* L'accord commercial partiel USA-Chine porte les indices

* Un "rallye de Noël" se dessine puis s'essouffle

* Les actions à des niveaux record après une année faste

* Les risques demeurent, la prudence s'impose pour 2020

par Patrick Vignal

PARIS, 23 décembre (Reuters) - Il a suffi d'un accord commercial partiel et pauvre en détails pour ressusciter un bref instant sur les marchés le mythe du "rallye de Noël" qui veut que la fin de l'année soit propice aux actifs risqués.

La Chine et les Etats-Unis ont annoncé le 13 décembre leur entente sur le texte d'un accord dit de "phase 1", avec pour premier effet une baisse des droits de douane qu'ils s'imposent mutuellement.

Il n'en fallait pas plus aux indices boursiers pour grimper en flèche, même si rien n'est signé et que de nombreuses zones d'ombre demeurent.

Le temps s'est un peu gâté quand des médias britanniques ont attribué mardi au Premier ministre britannique Boris Johnson l'intention d'introduire une législation empêchant toute extension de la période de transition du Brexit au-delà de l'année 2020.

Le scénario d'un divorce désordonné entre Londres et Bruxelles est ainsi revenu sur la table pour freiner la course des indices, qui ne s'en orientaient pas moins vendredi vers des progressions d'environ 1% sur la semaine.

Les indices boursiers américains évoluent à des niveaux records avec une croissance supérieure à 25% depuis le début de l'année pour le S&P 500. Quant au CAC 40 parisien , il a franchi lundi les 6.000 points pour la première fois depuis le 24 juillet 2007 et sa performance 2019 dépasse 26%.

La tradition qui veut que la période des fêtes soit faste en Bourse est donc à peu près respectée après avoir été sérieusement chahutée l'an dernier puisque les actions mondiales avaient connu leur pire mois de décembre depuis trente ans avec un repli de 7,7% pour l'indice MSCI World.

"Bien qu'il ait été épouvantable en 2018, le mois de décembre reste l'un des mois les plus prospères pour les actions", lit-on dans une note de Schroders sur le sujet.

Le dernier mois de 2018 s'était en effet soldé par une chute de 7,2% pour le S&P-500, de 5,6% pour le Stoxx 600 en Europe.

UN MYTHE CONTESTÉ

Mark Twain, aussi célèbre pour ses bons mots que pour ses romans d'aventures, a un jour fortement contesté ce genre d'argument en parlant du mois d'octobre, à la réputation diamétralement opposée puisqu'on l'appelle "shocktober" en jargon boursier.

"Octobre est l'un des mois étrangement dangereux pour spéculer sur les actions", a ironisé l'écrivain américain. "Les autres sont juillet, janvier, septembre, avril, novembre, mai, mars, juin, décembre, août et février."

Les données montrent que les actions mondiales ont progressé pendant 78,1% des mois de décembre depuis 1987, avec une hausse des cours de 1,7% en moyenne, insiste-t-on chez Schroders.

Beaucoup de spéculations circulent quant aux raisons du phénomène, prolonge la société de gestion.

"L'une des théories avancées invoque la psychologie des investisseurs. Il se pourrait en effet que l'humeur joyeuse liée aux fêtes de fin d'année les mette dans de bonnes dispositions, les incitant davantage à acheter qu'à vendre", lit-on dans la note.

"Une autre théorie met en avant le rééquilibrage des portefeuilles auquel procèdent les gestionnaires de fonds, qui représentent une part importante des placements en actions, avant la fin de l'année. En vendant certains des titres les plus performants, les gérants de titres peuvent se permettre d'acheter davantage de titres moins performants, ce qui pousse les prix à la hausse."

LA PRUDENCE DEMEURE

Voilà pour la théorie. En pratique, même s'il apparaît que le séisme de décembre dernier ne se reproduira pas, l'heure reste à la prudence à l'heure des prévisions pour l'an prochain.

Dans l'ensemble, elles ne sont ni alarmantes ni enthousiasmantes, certains tablant sur un rebond modéré de la croissance, d'autres sur la poursuite du ralentissement, les scénarios pour la trajectoire des actifs risqués variant en conséquence.

Tous s'accordent à dire que les risques ne vont pas disparaître et que le cycle d'expansion en cours, exceptionnellement long, finira bien par s'éteindre, même si ce n'est pas pour tout de suite.

De l'avis général, l'affrontement pour la suprématie que se livrent les Etats-Unis et la Chine est là pour longtemps et Donald Trump, déterminé à résister à une procédure de destitution avant de briguer sa réélection, demeurera imprévisible dans les mois à venir, tout comme Boris Johnson.

Le niveau d'endettement élevé des entreprises comme des Etats est souvent cité comme le facteur à surveiller en priorité l'an prochain.

Quant aux mythes et superstitions divers qui pullulent dans le monde de la finance, ils ont la peau dure et l'on reparlera en 2020 du "rallye de Noël".

En attendant, la semaine qui s'annonce devrait être particulièrement calme avec tout de même une petite poignée d'indicateurs américains à l'agenda.

Après des clôtures anticipées à Londres sur Euronext et aux Etats-Unis le 24, tout sera fermé le 25, comme d'habitude.

Le lendemain, les investisseurs resteront en mode "pause" sur Euronext, en Allemagne et au Royaume-Uni avant de tourner leurs regards vers 2020.

LE POINT sur les perspectives de marché 2020 des gérants et analystes

(édité par Marc Angrand)