Ainsi, l’institution australienne vient-elle d’estimer que le taux directeur neutre, c’est-à-dire le taux qui n’influe ni positivement ni négativement sur l’économie du pays, se situait à 3.5% alors que le loyer de l’argent stagne à seulement 1.5% depuis Août 2016. Une façon implicite de reconnaître que l’activité de l’île-continent profite de conditions provisoirement avantageuses et de préparer les marchés à une série de hausses de taux à moyen terme.

Quelques jours plus tôt, la Banque du Canada passait à l’action pour la première fois en sept ans, en relevant d’un quart de point son principal taux directeur qui passe de 0.5 à 0.75%. Le signe de la solidité de l’économie nord-américaine dont Carolyn Wilkins, numéro 2 de la BoC, avait fait état quelques semaines auparavant.

En Europe, le président de la BCE évoquait des tensions reflationnistes le 27 juin dernier à l’occasion d’un séminaire au Portugal. En reconnaissant la disparition du risque de déflation, l’économiste italien attisera par conséquent les spéculations autour d’une politique monétaire moins accommodante à l’avenir. Une tendance que la prudence affichée de Francfort, notamment lors de la conférence de presse de Mario Draghi le 20 juin, échouera à faire avorter.

Du côté de la Banque d’Angleterre, la situation particulière liée au contexte du Brexit et à la dégringolade de la Livre qui a suivi le référendum a fortement tendu les prix. L’inflation a ainsi atteint +2.9% sur un an au mois de mai, encourageant 3 des 8 membres du Comité de politique monétaire à s’exprimer en faveur d’une hausse de taux le 15 juin dernier. Quelques temps après, Mark Carney et Andy Haldane, économiste en chef de la Banque d’Angleterre, ont à leur tour ouvert la porte à une action durant l’été. Et malgré le léger repli de la hausse des prix à la consommation au mois de juin, elle reste supérieure à la cible de la BoE (+2.6% sur un an contre un objectif de 2%).

En Nouvelle-Zélande où le commerce extérieur tient une part prédominante dans la santé de l’archipel, la RBNZ ne cache pas qu’un Kiwi faible est favorable à la croissance. Pourtant, dans son dernier communiqué en date du 22 juin, une mention n’a pas échappé aux cambistes : la banque centrale néo-zélandaise considère en effet que des politiques moins accommodantes pourraient progressivement émerger dans les économies développées au cours des mois à venir.

Dans le cercle fermé des devises majeures, seules la Banque nationale suisse, inquiète de la surévaluation du Franc et la Banque du Japon, qui ne parvient pas à se rapprocher de son objectif d’inflation, semblent disposer à conserver à moyen terme une politique ultra-accommodante, caractérisée par des taux négatifs.

Leurs homologues offrent en revanche la nette impression de coordonner la teneur de leurs annonces, durcissant le ton au moment où la FED relâche la pression, l’ensemble contribuant grandement à chahuter le Dollar américain depuis plusieurs semaines.