Le premier constructeur automobile français a annoncé le 26 octobre son intention de supprimer 6.000 postes en Europe, dont un millier en production, après un nouvel avertissement sur ses résultats financiers et en réaction à la baisse de ses ventes en Europe depuis la fin de l'été.

S'y ajoutent 800 intérimaires dont la mission en production dans l'Hexagone ne sera pas reconduite au-delà de 2011.

Selon Jean-Pierre Mercier, représentant CGT à l'usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), la France est de loin le pays le plus frappé: 1.900 postes seront supprimés en production et 3.100 parmi les structures du groupe (commercial, marketing, informatique, recherche et développement).

"Le secteur de la R&D est le plus touché avec 1.600 prestataires (dont 600 à Vélizy, 400 à La Garenne et 400 à Sochaux/Belchamps) ; dans le même temps, la direction accélère le développement des centres de R&D à Shanghai et Sao Paulo, et probablement en Inde", a-t-il souligné dans un communiqué.

"Le développement international du groupe ne peut pas se faire en supprimant nos emplois ici alors que c'est nous qui avons fait la richesse de PSA", a ajouté le représentant syndical en marge d'un comité central d'entreprise réuni par le groupe à Paris.

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant le siège du groupe pendant cette réunion. Elles brandissaient des pancartes réclamant une "répartition du travail entre les usines".

Selon la CGT, sur les 1.900 postes de production concernés, 1.000 seraient des contrats à durée indéterminée (CDI), 800 toucheraient les effectifs d'intérimaires et 100 les prestataires. Neuf cents CDI et 2.200 prestataires seraient menacés dans les activités de structures, toujours d'après le syndicat.

PSA, qui employait fin juin un peu plus de 100.000 personnes au total en France, n'a fait aucun commentaire mardi sur le détail des suppressions de postes mais a réaffirmé que pour les CDI, le groupe procédera uniquement par le non-remplacement des départs naturels.

LE GOUVERNEMENT SUIT LE DOSSIER

La CGT évoque pour sa part la perspective de 60 licenciements secs à Melun-Sénart (Seine-et-Marne), où se situe un site de pièces de rechange du groupe dont la fermeture est programmée depuis que PSA a décidé de faire de Vesoul (Haute-Saône) son magasin central.

Le président du directoire du constructeur, Philippe Varin, avait justifié le mois dernier les réductions d'effectifs par les "forts vents contraires" rencontrés par PSA et par un environnement général "sensiblement plus dur" que prévu.

PSA a dû revoir à la baisse fin octobre sa prévision de bénéfice courant 2011, son deuxième avertissement sur ses résultats en trois mois.

Même si l'Etat n'est pas actionnaire de PSA, le dossier est suivi de près par le gouvernement. Et mardi le ministre du Travail Xavier Bertrand a adressé une mise en garde à peine voilée au groupe automobile.

"Si vous avez moins de ventes de voitures, moins d'activité, il ne faut pas s'étonner que cela ait des conséquences", a-t-il dit sur Canal+. "Par contre, je ne veux pas que l'emploi soit la première variable d'ajustement."

Le ministre de l'Industrie Eric Besson, qui s'était entretenu avec Philippe Varin juste après l'annonce du plan fin octobre, a fait savoir qu'il réunirait avec Xavier Bertrand le comité de la filière automobile la semaine prochaine.

"Il faut faire attention à ne pas ouvrir des inquiétudes infondées", a dit toutefois Eric Besson lors de la séance des questions d'actualité à l'Assemblée nationale. "D'abord il n'y a pas de fermeture de site. Sevelnord et Aulnay ne fermeront pas. Il n'y a pas de plan social. PSA ne prévoit aucun licenciement ni aucun plan de départ volontaire."

"LA FINANCE COMMANDE"

"En confirmant sa volonté de supprimer 6.000 emplois dans le groupe dont une partie importante dans la recherche et le développement, la direction poursuit la dérive financière de ses choix et hypothèque gravement l'avenir", a déclaré de son côté la députée communiste de Seine-Saint-Denis Marie-George Buffet dans un communiqué.

Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche à la présidentielle de 2012, a lié pour sa part les suppressions de postes à l'abaissement, fin octobre par Moody's, de sa perspective de notation de la dette de PSA à négative, laissant augurer un possible déclassement.

"La finance commande les gouvernements et les entreprises", a estimé Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué. "Les agences de notation sont leurs chiens de garde. Il est temps de rassurer les productifs en empêchant les financiers de continuer à nuire."

A la Bourse de Paris, l'action PSA Peugeot Citroën perdait 2,2% à 13,475 euros à 16h30, contre une baisse de 1,7% pour l'indice européen du secteur automobile et de 1,6% pour le CAC 40.

Edité par Dominique Rodriguez