Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris évoluait en nette baisse jeudi matin (-1,48%), refroidie par l'arrestation d'une haute responsable du chinois Huawei, qui fait craindre un enveniment des relations commerciales sino-américaines.

A 09H35 (08H35 GMT), l'indice CAC 40 perdait 73,16 points à 4.871,21 points, soit son plus bas niveau depuis mars 2017. La veille, il avait fini en net recul de 1,36%.

"Les craintes au sujet des relations commerciales" entre les Etats-Unis et la Chine "ont refait surface après l'arrestation de la directrice financière de Huawei", a commenté Michael Hewson, un analyste de CMC Markets.

La directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei, Meng Wanzhou, a été arrêtée au Canada et fait face à une demande d'extradition des Etats-Unis, provoquant la colère de la Chine, qui a demandé sa libération immédiate.

"La situation est actuellement assez confuse car on ne sait pas réellement si cette arrestation est en lien avec une affaire liée à une violation de l'embargo frappant l'Iran ou si cela concerne le viol de propriétés intellectuelles", ont indiqué les experts de Mirabaud Securities Genève.

Cette arrestation intervient au moment où "les Etats-Unis et la Chine traversent une étape délicate", elle pourrait "compromettre" le cessez-le-feu sur lequel les deux puissances se sont accordées le weekend dernier, a estimé M. Hewson.

Washington et Pékin ont prévu une trêve de 90 jours dans leur guerre de tarifs douaniers, le temps de laisser une chance à la négociations.

Le ciel européen restait également obscurci par différents dossiers, en particulier le budget italien et le Brexit.

"Il n'y a que des risques à l'horizon", a souligné pour sa part Christopher Dembik, responsable de la recherche économique de Saxo Banque.

"Le risque politique, sous la forme de la guerre commerciale et de la perspective du vote du Parlement britannique sur le Brexit, reste un moteur important de la baisse", a-t-il précisé.

Le gouvernement britannique a essuyé une nouvelle vague de critiques mercredi au Parlement, à quelques jours d'un vote crucial sur l'accord de Brexit conclu entre Bruxelles et la Première ministre Theresa May.

La tech à la peine

Du côté des indicateurs, les commandes passées à l'industrie allemande ont légèrement progressé sur un mois en octobre.

Le reste de l'agenda est essentiellement américain, avec notamment les commandes industrielles pour octobre, les créations d'emplois dans le secteur privé (Enquête ADP) pour novembre et l'estimation finale de la productivité pour le troisième trimestre.

Les investisseurs prendront également connaissance des demandes hebdomadaires d'allocations chômage ainsi que d'un rapport sur les stocks de pétrole aux Etats-Unis.

En matière de valeurs, le secteur technologique, fragilisé par les craintes de regain de tensions sino-américaines, évoluait en bas du tableau. STMicroelectronics reculait de 4,39% à 12,32 euros et Soitec de 2,31% à 50,80 euros.

Capgemini était en outre pénalisé (-6,29% à 96,76 euros) par un abaissement de sa recommandation par Barclays.

Le secteur automobile était également à la peine, à l'instar de Peugeot (-2,87% à 18,13 euros), Renault (-2,42% à 58,44 euros), Michelin (-2,72% à 87,90 euros) et Valeo (-2,13% à 25,28 euros).

Sanofi baissait de 0,87% à 77,42 euros, après avoir annoncé 670 suppressions de postes dans ses fonctions support en France d'ici à fin 2020, sur une base volontaire, dans le cadre d'un nouveau plan mondial de transformation.

Les valeurs dites "défensives" tentaient de résister. Danone grignotait 0,19% à 64,73 euros et Air Liquide se stabilisait à 106,00 euros (-0,09%).

Latécoère plongeait de 25,75% à 2,43 euros, pénalisé par une prévision amoindrie de sa rentabilité pour 2019. L'équipementier a en revanche révisé à la hausse sa prévision de chiffre d'affaires.

Recylex chutait de 8,01% à 5,70 euros, affecté par l'annonce de nouvelles discussions avec ses créanciers au sujet des conditions de son financement à cause des performances décevantes d'un de ses sites en Allemagne.

bioMérieux cédait du terrain (-5,42% à 61,10 euros) en raison d'une baisse de sa recommandation par Kepler Cheuvreux.

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