Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris a fini en recul vendredi (-0,48%), l'optimisme généré par les annonces de la BCE ayant cédé la place aux craintes engendrées par le retour des tensions commerciales.

L'indice CAC 40 a perdu 26,58 points à 5.501,88 points dans un volume très élevé de 8,4 milliards d'euros. La veille, il avait fini en nette hausse de 1,39%.

Au cours de la semaine écoulée, le CAC 40 a gagné 0,95%. Ses gains depuis le 1er janvier atteignent 3,56%.

La cote Parisienne a ouvert dans le vert, avant de basculer dans le rouge lorsque le président américain a relancé les hostilités commerciales.

Les volumes d'échanges ont atteint un niveau élevé en raison de l'expiration simultanée de plusieurs types de contrats et options sur les marchés, pour une séance dite des "quatre sorcières".

"Le marché redoute une escalade entre la Chine et les États-Unis et la tendance va dépendre dans les jours qui viennent de l'évolution de ce sujet majeur", a observé auprès de l'AFP Alexandre Baradez, un analyste de IG France.

"Les investisseurs se disent en outre que si les États-Unis ne font pas marche arrière avec la Chine, pourquoi le feraient-ils avec l'Europe?", a-t-il poursuivi.

Donald Trump a annoncé vendredi l'imposition de tarifs douaniers de 25% sur 50 milliards de dollars d'importations chinoises et la Chine a aussitôt annoncé qu'elle allait riposter à l'identique.

"Ce contexte a poussé à des prises de bénéfice" et a "effacé les effets positifs liés aux annonces de la BCE et à la forte baisse de l'euro qu'elles ont entraînée", a noté M. Baradez.

A l'issue de sa réunion jeudi, la Banque centrale européenne a annoncé que ses rachats de dettes s'arrêteraient à la fin de l'année pour peu que les données "confirment" la progression de l'inflation en zone euro.

L'institution européenne a indiqué qu'elle comptait maintenir ses taux directeurs au plus bas, au moins jusqu'à la fin de l'été 2019, alors que les marchés s'attendaient à une hausse des taux plus précoce, en juin.

Du côté des indicateurs, le taux d'inflation annuel de la zone euro a fortement progressé en mai, en raison d'une forte progression des prix de pétrole.

La Banque de France a réduit sa prévision de croissance pour la France de 1,9% à 1,8% en 2018 et la Bundesbank a fortement abaissé la sienne pour l'Allemagne cette année, à 2,0% contre 2,5%.

Aux États-Unis, la production industrielle a décliné en mai et la confiance des consommateurs s'est améliorée plus que prévu début juin (indice de l'Université du Michigan).

Les banques pénalisées

En matière de valeurs, le secteur bancaire a souffert des perspectives de remontée des taux d'intérêt plus tardives que prévu au vu des annonces de la BCE. Société Générale a reculé de 1,45% à 36,92 euros, BNP Paribas de 1,28% à 54,14 euros et Crédit Agricole de 1,87% à 11,83 euros.

Teleperformance a bondi de 5,79% à 147,90 euros, après avoir conclu un accord définitif pour racheter la société indienne Intelenet au fonds d'investissement américain Blackstone, pour une valeur d'entreprise d'un milliard de dollars.

Renault a reculé de 1,12% à 83,88 euros. Les actionnaires du groupe réunis en assemblée générale ont renouvelé vendredi leur confiance au PDG Carlos Ghosn, qui a déclaré à cette occasion que le groupe allait rester en Iran, quitte à adopter "une voilure réduite", malgré le rétablissement par les États-Unis de sanctions visant Téhéran.

Les valeurs pétrolières ont été pénalisées par la baisse des cours du pétrole qui reculaient à une semaine d'une réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Total a baissé de 0,96% à 52,35 euros et TechnipFMC 4,20% à 26,44 euros.

Air France-KLM a perdu 3,37% à 7,01 euros alors que le nouveau PDG devrait être choisi "dans l'idéal" avant le 15 juillet, selon Anne-Marie Couderc, présidente non-exécutive du groupe depuis le départ de Jean-Marc Janaillac.

Carrefour a cédé 0,26% à 15,49 euros après que le gendarme de la gouvernance a demandé au groupe de répondre "dans les plus brefs délais" sur les modalités de détermination de la rémunération de ses dirigeants, et notamment sur les indemnités de départ de son ancien PDG, Georges Plassat. Les actionnaires, réunis en AG, ont approuvé les 13,17 millions d'euros accordés à M. Plassat à son départ.

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