Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris reculait jeudi à mi-séance, tentant fébrilement d'évaluer la teneur d'un discours du patron de la banque centrale américaine qui doit se tenir dans l'après-midi.

L'indice CAC 40 baissait de 0,47% à 5.024,63 points vers 13H00 (11H00 GMT).

Le marché est "suspendu au discours de Jerome Powell", indique Franklin Pichard, directeur général de Kiplink.

Prévu à 13H10 GMT, le discours du patron de la Fed au cours du traditionnel rendez-vous annuel des banquiers centraux se tiendra en ligne et non dans les montagnes du Wyoming, en raison de la pandémie de Covid-19.

Malgré l'absence de décor idyllique cette année, les investisseurs seront tout de même focalisés sur les potentielles annonces du banquier central.

"Il va falloir qu'il rassure, notamment sur les mesures que la banque centrale peut encore mettre en oeuvre pour soutenir une économie elle aussi contaminée par la pandémie de Covid-19", estime M. Pichard.

Toutefois, avec des taux déjà au plancher et l'explosion de son bilan financier sous l'effet de sa politique de rachat de dette, "son message pourrait décevoir les anticipations du marché qui table sur une Fed très accommodante", prévient Ipek Ozkardeskaya, analyste senior pour Swissquote Bank.

Inflation

Selon elle, le débat pourrait davantage porter sur l'inflation.

"Les dernières minutes de la Fed suggèrent que ses dirigeants veulent observer l'impact de leur politique avant d'aller plus loin et de potentiellement faire monter fortement l'inflation."

De ce fait, poursuit la spécialiste, "Powell devrait commencer par faire passer l'objectif d'inflation de 2% à +une moyenne de 2%+, ce qui lui offrirait davantage de flexibilité pour les périodes de hausse plus élevée des prix".

Sur le plan budgétaire, M. Powell "va probablement appeler le Congrès à parvenir à un compromis sur le nouveau plan de secours anti-Covid" qui tarde à être adopté en pleine période électorale, glisse pour sa part David Madden, analyste marchés pour CMC Markets UK.

L'action des banques centrales, surtout celle des Etats-Unis, est devenue encore plus cruciale aux yeux des investisseurs ces dernières années avec l'introduction de mesures non conventionnelles massives, telles que le "quantitative easing", pour lutter contre le ralentissement économique.

Dans l'attente de ce discours, les Bourses ont clôturé en baisse jeudi à Tokyo et Hong Kong.

Parmi les valeurs du jour, l'enseigne de distribution Carrefour (+0,45% à 13,54 euros) a annoncé jeudi faire l'acquisition d'ici à début 2021 de 172 magasins en Espagne, dont la très grande majorité sont situés "dans des grandes villes", une opération dont la valorisation évoquée est de 78 millions d'euros.

Bouygues prenait 3,16% à 34,57 euros. Les télécoms, qui ont résisté à la crise sanitaire, ont permis au géant français de limiter les dégâts mais n'ont pu compenser des semaines de paralysie sur ses chantiers: le groupe est tombé dans le rouge au premier semestre, assurant toutefois être redevenu rentable depuis.

Eiffage (-2,31% à 80,50 euros), géant français du BTP et des autoroutes, a essuyé une perte nette au premier semestre à cause de la crise du coronavirus, a-t-il annoncé mercredi, promettant toutefois un net redressement pendant la deuxième moitié de l'année.

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