Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris a finalement rebondi lundi (+0,44%), au terme d'une séance hésitante, les investisseurs semblant partagés entre les craintes liées à l'impact économique de l'épidémie de Covid-19 et l'espoir de mesures de soutien des banques centrales.

L'indice CAC 40 a progressé de 23,62 points à 5.333,52 points, dans un volume d'échanges extrêmement important de 8,1 milliards d'euros. Vendredi, il avait fini en très forte baisse, portant ses pertes cumulées sur la semaine à environ 12%, sa plus forte chute depuis 2008.

Après s'être reprise à l'ouverture, la cote Parisienne a rebasculé en territoire négatif pour finalement terminer dans le vert. Elle est tombée en séance jusqu'à 5.197,57 points, un plus bas depuis le 15 août 2019.

"Il y a eu une volonté de rebond en début de séance en raison des banques centrales et l'espoir d'une nouvelle injection de liquidités, de nouvelles mesures accommodantes", a estimé auprès de l'AFP Andrea Tuéni, un analyste de Saxo Banque.

Pour autant "il ne s'est rien passé encore, nous en sommes toujours au stade des hypothèses et les nouvelles ne sont toujours pas très rassurantes" du côté du nouveau coronavirus, a-t-il ajouté, d'où "ce sentiment d'attente et de prudence sur le marché," qui reste selon lui très indécis.

L'épidémie de Covid-19, dont le bilan a dépassé lundi les 3.000 morts, se propage désormais à un rythme beaucoup plus rapide à travers le monde qu'en Chine où elle est née et pèse lourdement sur l'économie mondiale.

Ne pas "surréagir"

La France, nouveau foyer aigu de la contamination en Europe avec 130 cas depuis fin janvier, a enregistré lundi son troisième décès depuis le début de l'épidémie.

Mais "l'espoir d'une intervention conjointe des grandes banques centrales", notamment la Fed et la BCE, permettait aux marchés de redresser un peu la tête, a relevé M. Tuéni.

Après que le président de la Fed Jerome Powell s'est dit vendredi prêt à agir si l'épidémie de Covid-19 menaçait l'économie américaine, qu'il a toutefois jugée "solide", la Banque du Japon s'est elle aussi engagée lundi à prendre des mesures pour soutenir les marchés financiers.

Les investisseurs pariaient ainsi lundi matin sur une baisse des taux d'un demi-point de pourcentage -un geste rare- lors de la prochaine réunion de la Fed les 17 et 18 mars.

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a recommandé pour sa part de ne pas "surréagir", jugeant la politique monétaire "déjà très accommodante".

Les ministres des Finances du G7 et ceux de l'Eurogroupe auront un entretien téléphonique cette semaine pour "coordonner leurs réponses" face à l'impact du coronavirus sur la croissance mondiale.

L'OCDE a ramené lundi sa prévision de croissance planétaire de 2,9% à 2,4% pour 2020 et prévenu que l'impact pourrait être bien plus fort si l'épidémie durait.

"Cela montre à quel point les marchés ont sous-estimé le risque économique et sont maintenant en train de le réévaluer", a poursuivi M. Tuéni.

A cela s'ajoutent "les chiffres en Chine ce week-end qui ont été particulièrement mauvais", a-t-il complété.

SES dévisse, EuropaCorp s'envole

Un indice indépendant, tombé au plus bas niveau jamais enregistré, a confirmé lundi l'effondrement de l'activité manufacturière en Chine en février.

L'activité du secteur manufacturier s'est aussi contractée au mois de février en France, les entreprises ayant enregistré un recul de nouvelles commandes en lien avec l'épidémie de Covid-19, tandis qu'elle s'est accélérée au Royaume-Uni pour atteindre son plus haut en dix mois.

Aux États-Unis, l'activité du secteur manufacturier a ralenti en février, plombée par les importations, les prix, la production et les nouvelles commandes.

Sur le tableau des valeurs, SES a dévissé de 30,08% à 7,26 euros après s'être montré prudent pour 2020 et avoir annoncé qu'il envisageait de filialiser son activité "réseaux".

Dans le secteur automobile, Peugeot a reculé de 4,28% à 16,76 euros et Renault de 3,23% à 25,64 euros sur fond de légère baisse des immatriculations au mois de février.

Lagardère, dont le fonds activiste Amber Capital est devenu le premier actionnaire après avoir détrôné le fonds souverain du Qatar, s'est enfoncé de 5,30% à 14,83 euros.

Schneider Electric a été porté (+1,92% à 92,24 euros) par une hausse de recommandation sur son titre à "surpondérer" par Morgan Stanley.

EuropaCorp s'est envolé (+66,91% à 0,92 euro) après que le conseil d'administration de la société de production et de distribution de films et séries, en procédure de sauvegarde judiciaire, a approuvé le plan de sauvegarde du groupe de Luc Besson qui passe ainsi sous contrôle américain.

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