Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris a chuté de 2,08% mercredi, perdant pied face à une résurgence des craintes sur la croissance mondiale qui a balayé l'optimisme généré la veille par un apaisement du conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis.

L'indice CAC 40 a perdu 111,77 points à 5.251,30 points, dans un volume d'échanges modéré de 3,86 milliards d'euros. La veille, il avait fini en hausse de 0,99%.

"Le marché n'a aucun support et est soumis à une dégradation du contexte économique global", a affirmé à l'AFP Frédéric Rozier, gestionnaire de portefeuille chez Mirabaud France, ajoutant qu'aucune information n'était "de nature à le réconforter".

Les investisseurs ont commencé dans la matinée par prendre connaissance "de données économiques peu réjouissantes" en Chine et en Allemagne, qui montrent que "le ralentissement économique est là et se généralise dans de nombreuses zones aujourd'hui", a-t-il poursuivi.

"On a une croissance qui ralentit, des incertitudes géopolitiques majeures, et pas d'information sur les sociétés à se mettre sous la dent", selon lui.

La production industrielle chinoise a fortement ralenti le mois dernier, son taux de croissance tombant à 4,8% sur un an, soit sa plus faible progression depuis 17 ans.

De quoi susciter de vives inquiétudes quant à l'état de la deuxième économie mondiale, confrontée à une bataille commerciale et technologique avec les Etats-Unis dont les investisseurs espèrent qu'elle finira par un accord cette année.

En Allemagne, le Produit intérieur brut est ressorti en recul de 0,1% par rapport aux trois mois précédents. "Si ce chiffre est confirmé et que le troisième trimestre se révèle baissier également, l'Allemagne sera alors en récession technique", a prévenu pour sa part Tangi Le Liboux, un stratégiste du courtier Aurel BGC.

Ce chiffre marque un coup de froid après le rebond de 0,4% du PIB allemand au premier trimestre, alors que l'Allemagne avait échappé d'un cheveu à la récession pendant la seconde moitié de 2018.

Puis, en fin de matinée, les craintes des investisseurs sur la croissance mondiale se sont renforcées quand le taux d'intérêt sur les bons du Trésor américains à dix ans est passé temporairement mercredi sous celui des bons à deux ans.

Ce phénomène, connu sous le nom d'"inversion de la courbe des taux", reflète la différence de rendement accordé par l'Etat américain aux investisseurs misant sur sa dette à court ou à long terme.

Ce mouvement "confirme une phase de ralentissement de la croissance mondiale" et "augmente la probabilité de récession mais pas systématiquement à très court terme", a expliqué à l'AFP Cyriaque Dailland, gérant diversifié chez Sanso IS.

Le marché efface ainsi son rebond de la veille, engendré par un répit dans les tensions commerciales entre la Pékin et Washington.

Donald Trump a en effet relâché mardi la pression en retardant l'imposition de tarifs douaniers punitifs sur une série de produits de grande consommation chinois.

Le président américain a menacé par ailleurs de quitter l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qu'il critique vertement parce qu'elle accorderait, selon lui, un traitement de faveur à la Chine au détriment des Etats-Unis.

Les cycliques en difficulté

Les valeurs cycliques industrielles, qui auraient beaucoup à perdre d'un affaiblissement de la Chine, principale importatrice au monde de métaux, ont souffert du contexte économique. ArcelorMittal a lâché 7,82% à 11,50 euros, Eramet 5,40% à 38,40 euros et Aperam 4,49% à 19,78 euros.

Les valeurs automobiles ont également continué de pâtir des perspectives de ralentissement économique mondial. Peugeot a baissé de 2,92% à 19,26 euros, Renault de 3,64% à 48,74 euros. Faurecia a lâché 6,65% à 35,91 euros, Plastic Omnium 5,47% à 20,06 euros.

as/mra/az