Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en repli de plus de 2,5%. Sur l'ensemble de la semaine dernière, le Dow Jones a cédé 17,3%, le Standard & Poor's 500 14,98% et le Nasdaq Composite 12,64%.

À Paris, le CAC 40 perd 3,59% à 3.903,31 points vers 12h00 GMT. A Londres, le FTSE 100 abandonne 4,28% et à Francfort, le Dax recule de 3,59%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 3,58%, le FTSEurofirst 300 de 4,36% et le Stoxx 600 de 4,4%.

"L'aversion au risque semble devoir durer car les investisseurs ont de plus en plus peur d'assister à la pire récession mondiale jamais survenue en temps de paix", explique Edward Moya, analyste senior d'OANDA.

"La volatilité était censée commencer à se calmer avec le déblocage par les banques centrales (...) de liquidités et de soutiens illimités mais les dernières informations sur le coronavirus en Europe et aux Etats-Unis continuent de suggérer qu'on est encore très loin d'être sorti d'affaire."

En effet, le bilan global de la pandémie continue d'enfler avec plus de 337.000 cas déclarés et près de 15.000 décès selon le dernier décompte de Reuters. Et environ un milliard de personnes dans le monde sont désormais touchés par des mesures de confinement.

Sur le front économique, si la semaine dernière a été marquée par les interventions massives des banques centrales, les décisions politiques se font toujours attendre aux Etats-Unis, où le Congrès et la Maison blanche peinent à s'accorder sur un paquet de mesures qui devrait avoisiner 1.000 milliards de dollars.

Les ministres des Finances du G20 ont reconnu lors d'une téléconférence que la pandémie aurait un "impact économique violent" et affirmé leur volonté de préparer une stratégie commune de sortie de crise.

Une téléconférence de l'Eurogroupe est également prévue dans la journée qui pourrait faire avancer le débat en cours sur l'opportunité d'émettre des "coronabonds", des emprunts obligataires à l'échelle de la zone euro, pour compléter les mesures déjà annoncées par la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne sans risquer de déclencher une nouvelle crise des dettes souveraines.

De nombreux indicateurs permettront dans les jours à venir de commencer à mesurer l'impact économique de la crise qui commence, qu'il s'agisse des indices PMI "flash" mardi en Europe ou des inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis jeudi.

LES VALEURS EN EUROPE

La baisse des actions européennes touche une nouvelle fois tous les secteurs de la cote, les reculs les plus marqués affectant le compartiment des matières premières (-7,06%) et celui du transport aérien et du tourisme (-6,75%).

A Paris, les plus fortes baisses du CAC 40 sont pour Kering (-7,72%), Renault (-8,04%) et PSA (-7,82%).

Airbus perd 5,55% après avoir cédé jusqu'à 14,5% en début de séance. Le groupe d'aéronautique et de défense a suspendu ses prévisions, renoncé à sa proposition de dividende mais il a augmenté ses lignes de crédit disponibles de 15 milliards d'euros, un élément jugé rassurant par les analystes.

CNH Industrial chute de 13,16% après avoir annoncé un changement à sa direction générale, Suzanne Heywood remplaçant Hubertus Muhlhauser, même si le projet de scission des activités lancé par ce dernier est maintenu.

TAUX

Si la volatilité reste forte sur les actions, elle diminue sur les obligations: les rendements des emprunts d'Etat de référence de la zone euro varient peu, à -0,37% (-2,1 points de base) pour le Bund allemand à dix ans et 0,116% (+1,3 point) pour son équivalent français.

Le dix ans italien, le plus durement touché la semaine dernière par les craintes de dislocation en zone euro, prend 2,9 points de base à 1,659%.

Sur le marché américain, le rendement des Treasuries à dix ans retombe de 12 points, sous 0,82%.

CHANGES

Sur le marché des changes, le dollar cède un peu de terrain face à un panier de devises de référence (-0,03%) après un bond de plus de 4% la semaine dernière, sa plus forte hausse hebdomadaire depuis la crise de 2008.

L'euro évolue sous 1,0680 dollar après avoir touché en début de journée en Asie un nouveau plus bas de près de trois ans à 1,0638.

La livre sterling, elle, abandonne près de 1% face à la monnaie unique comme face au billet vert, signe que le repli sur la devise américaine, jugée plus sûre, est loin d'être remis en cause.

PÉTROLE

La perspective d'une réduction prolongée ²de la demande dans le secteur aérien et dans l'industrie pèse toujours sur le marché pétrolier en l'absence d'avancée sur la diminution de l'offre des grands pays producteurs.

Le Brent abandonne 5,56% à 25,48 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,81% à 22,22 dollars.

(Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)