les Etats-Unis

PARIS (awp/afp) - A peine remis d'un mois d'octobre cauchemardesque, les marchés européens se tournent avec fébrilité vers les Etats-Unis, où la semaine prochaine s'annonce chargée entre une réunion de la Fed et les élections de mi-mandat.

"Les jours à venir seront marqués par un gros événement politique, avec le scrutin américain, même s'il est difficile à ce stade de dire si cela pourrait changer diamétralement la donne sur les marchés", estime auprès de l'AFP Vincent Juvyns, un stratégiste de JPMorgan AM.

"Au vu des sondages, rien n'est joué, mais anticiper l'impact sur les places boursières est compliqué", juge également auprès de l'AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

"Ce qui est clair, par contre, c'est que cela suscite beaucoup de volatilité", complète-t-il, en anticipant "une grosse semaine américaine en termes de résultats et de macroéconomie aussi".

La réunion de la Réserve fédérale américaine, mercredi et jeudi, sera au coeur de l'attention.

"Les marchés n'attendent pas d'augmentation des taux directeurs, cette fois-ci", note M. Juvyns. "Le contexte de marché actuel un peu difficile et la proximité avec les élections constituent autant de raison pour la Fed de temporiser, du coup ce seront davantage les commentaires qui seront scrutés."

Si le dynamisme de l'économie américaine étaye la politique menée par l'institution monétaire, pour M. Dembik, "le gros enjeu pour elle va surtout être de gérer la pression politique et ses relations compliquées avec le président américain".

L'indice ISM d'activité dans les services aux Etats-Unis en octobre constituera un "autre gros morceau", ajoute M. Juvyns.

Au Royaume-Uni, le marché sera très attentif aux premiers chiffres de croissance pour le troisième trimestre.

Les résultats d'entreprises seront encore nombreux, que ce soit Sky, AstraZeneca, Burberry et Sainsbury's à Londres, Deutsche Post, Adidas et BMW à Francfort ou Axa, Veolia, Hermès ainsi que Crédit Agricole à Paris.

En la matière, les derniers jours ont été déjà très riches. Au Royaume-Uni, les publications de BP ou BT ont été notamment saluées, tout comme celles de L'Oréal en France et Volkswagen en Allemagne.

L'agenda des indicateurs ne manquait pas de rendez-vous non plus, avec comme point d'orgue vendredi l'emploi aux Etats-Unis en octobre marqué par un rebond plus fort que prévu des créations d'emploi.

La clé commerciale

La semaine écoulée a aussi été l'occasion pour les marchés européens de se reprendre après un mois d'octobre très chahuté.

Entre le conflit commercial, le Brexit ou l'Italie, "il y a eu en octobre une cristallisation des craintes, probablement excessive, car un certain nombre de risques ne se sont toujours pas concrétisés", observe M. Juvyns.

"Sur le front de la macroéconomie", précise-t-il, "cela n'a toutefois pas été une très bonne semaine", en particulier "pour la croissance européenne qui patine au troisième trimestre".

En Italie, la stabilité du PIB pose "doublement question car les perspectives de croissance de l'exécutif italien sont probablement trop optimistes et dans ce contexte, maintenir le niveau de la dette sous contrôle sera plus délicat", développe l'expert.

"Cela va donc rester un sujet pour les prochains mois", tout comme les négociations sur le Brexit, analyse-t-il.

"La Chine cale également du fait des tensions commerciales", même si "le dernier tweet de Donald Trump cette semaine laisse présager la possibilité d'un accord" et a offert un soutien aux marchés, poursuit le spécialiste.

Le président américain a déclaré jeudi avoir eu une "très bonne conversation" avec son homologue chinois, affirmant que les discussions sur le commerce "avancent bien avec des rencontres en train d'être programmées pendant le G20 en Argentine".

Car pour les deux experts, la clé pour que les marchés repartent véritablement du bon pied est à chercher en premier lieu de ce côté.

"Une avancée sur le commerce international permettrait à la confiance de revenir durablement", juge M. Juvyns.

"Tant qu'il n'y aura pas de porte de sortie dans le dossier commercial", souligne également M. Dembik, "cela va être compliqué d'avoir un bon mois de novembre".

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