Les anticipations d’un ralentissement imminent des rachats d’actifs par la banque centrale américaine, et donc du niveau de liquidités, se sont traduit par une poussée des taux obligataires américains de longues échéances. L’envolée du coût d’emprunt a guidé la hausse prononcée du dollar et mécaniquement provoqué la chute des devises des pays émergents face au billet vert.

Et c’est de là que part tout le problème.

Une devise qui s’affaiblit se traduit par une augmentation des prix à l’import et donc de l’inflation, qui va in fine peser sur le pouvoir d’achat et la croissance. De même, le coût de la dette, libellée en dollars, s’envole sur des niveaux de plus en plus difficilement gérables et le déficit budgétaire se creuse, en particulier en Inde et en Indonésie où le carburant y est subventionné.

Les pays émergents, qui ont déjà subi le contrecoup du ralentissement de l’économie chinoise et de son recentrage vers la croissance domestique (baisse de la production industrielle, de la croissance et de l’excédent commercial), voient leur situation s’aggraver et dévoilent leurs problèmes structurels. Trop dépendants de l’évolution des cours des matières premières, des pays comme le Brésil ou la Turquie ont vu leur croissance fondre dès 2012. Les 7,5% de Brasilia et 8,9% d’Ankara constatés en 2010 se sont transformés en 0,9% et 2,2% au cours de l’année passée. Les infrastructures trop peu développées ne permettent pas à ces Etats de souscrire à une croissance durable. Le ralentissement de cette dernière, combinée à la douloureuse augmentation des prix, provoque de multiples mouvements sociaux qui mettent en exergue les difficultés rencontrées.

Les plus touchés sont les pays dont la balance des paiements est déficitaire, à l’instar du Brésil, de l’Indonésie, de la Turquie et de l’Inde. Les capitaux étrangers, grandement réduits par la diminution attendue des liquidités aux Etats-Unis, leurs sont indispensables pour maintenir leur monnaie à des niveaux acceptables. Désormais dans l’impossibilité de soutenir leur devise, ces régions sont entrées dans un cercle vicieux accélérant la fuite des capitaux étrangers, et par la même occasion la chute de leur monnaie et de leurs bourses.

Le seul recours des pays émergents pour sauver leur monnaie reste donc une remontée des taux de leurs banques centrales respectives, au risque de fortement pénaliser une croissance déjà en berne. Ainsi, le coût d’emprunt à 10 ans du Brésil avoisine, aujourd’hui, les 4,6% alors qu’il ne dépassait pas les 3,5% avant début juin ; l’emprunt indonésien gagne plus de 2 points de pourcentage (6,2% contre 3,9% précédemment) ; et la Turquie atteint les 5,6% contre 3,4% au début de l’été.

Chute des monnaies locales, accélération de l’inflation et croissance incertaine font décamper les investisseurs étrangers, qui peuvent maintenant obtenir des rendements intéressants, à moindre risque, dans les pays développés. L’arrêt anticipé du QE3 accélère la migration des capitaux, mais n’est, en réalité, qu’un prétexte pour les investisseurs qui fuient, finalement, la fragilité économique des pays émergents.

Au vu des difficultés structurelles des pays émergents et de la reprise des régions développées, nous anticipons une continuation du transfert des capitaux vers ces derniers et établissons des objectifs baissiers, sur un horizon moyen terme, sur les indices des économies en développement.

Etudions la configuration technique des indices du Brésil, de la Turquie et de l’Inde afin de confirmer les conséquences de la situation macroéconomique et de définir des objectifs de cours.


Indice brésilien : IBOVESPA (données mensuelles)



- Tendance long terme baissière au sein du canal (en rouge pointillé)
- La borne basse du canal a engendré une réaction haussière, tout comme la zone de support sur le RSI
- Cette réaction haussière devrait être contenue par le canal et se diriger en direction des 40 000 points à horizon 2014


Indice turc : ISE 100 (données hebdomadaires)



- La divergence baissière sur le RSI, confirmée par la cassure de la ligne de neutralité (aux alentours de 50) vient donner du crédit au support des 71 000 points qui devrait dorénavant agir comme une résistance
- Le triangle (en mauve), célèbre figure de continuation, vient confirmer la tendance baissière. L’objectif de ce dernier est aux alentours des 46 500 points
- Nous définissons alors un objectif de cours, à horizon mi-2014, dans la zone des 50 000 points (support en vert) / 46 500 points (objectif du triangle)


Indice indien : SENSEX (données hebdomadaires)



- La tendance haussière, au sein du canal (en vert), semble prendre fin après la formation d’un double-top (18 750 points / 20 300 points) qui a pour objectif 17 200 points
- La divergence baissière du RSI et la cassure de la ligne de neutralité supérieure (en rouge) vient accréditer la fin de la dynamique haussière
- Il faudra cependant attendre le franchissement, à la baisse, de la ligne inférieure (en vert) pour confirmer le début d’une tendance baissière
- Les objectifs seront, alors, les 17 200 points (double-top) puis la zone de support des 16 000 points, à horizon mi-2014