Cette réduction reconduite de 1,8 million de barils par jour (bpj), représentant 2% environ de la production mondiale, avait été calculée par rapport aux extractions d'octobre 2016, soit 31 millions de bpj environ, et devait s'appliquer dans une premier temps durant le seul premier semestre de cette année.

L'Opep a convenu de maintenir ses propres coupes à 1,2 million de bpj environ, a précisé le ministre du Pétrole koweïti Essam al-Marzouq. Ce qui implique que les producteurs hors Opep retrancheront à nouveau quelque 600.000 bpj à leur propre production.

La prochaine réunion ministérielle entre délégués de l'Opep et non-Opep est prévue le 30 novembre, ont ajouté les délégués.

Les mesures de réduction de la production ont permis au cours du brut de repasser la barre des 50 dollars, ce qui a redonné un peu de marges de manoeuvre budgétaire aux pays producteurs, dont bon nombre sont fortement dépendants des revenus pétroliers et qui ont dû, à l'image de l'Arabie saoudite, puiser dans leurs réserves de change pour combler leur déficit budgétaire.

Entamée à la mi-2014, alors que le baril s'échangeait encore à plus de 100 dollars, la chute des cours - tombés à moins de 30 dollars dans le courant de l'année 2016 - a, au-delà des tensions sur les budgets, provoqué de violents remous sociaux dans des pays tels que le Venezuela et le Nigeria.

En dépit des coupes convenues, l'Opep maintient des exportations relativement stables au premier semestre, dans la mesure où les pays membres vendent aussi en puisant dans leurs stocks.

La hausse des cours qui a suivi l'accord de réduction a par contrecoup rendu rentable la production de schistes, qui a sensiblement augmenté aux Etats-Unis - pays qui n'est pas partie à l'accord - en particulier, rendant difficile le désengorgement du marché et permettant de conserver des stocks pétroliers mondiaux proches de niveaux records.

C'est pourquoi l'Opep a d'abord proposé de reconduire l'accord de réduction de la production jusqu'à la fin de l'année, soit de six mois, avant de choisir neuf mois, la Russie proposant même d'aller jusqu'à 12 mois.

"Nous avons envisagé plusieurs scénarios, six, neuf ou 12 mois, et nous avons même pensé à des solutions de coupes plus importantes. Mais toutes les données montraient qu'une prolongation de neuf mois était la solution optimale", a déclaré Khalid al Falih, le ministre de l'Energie saoudien.

RÉDUIRE LES STOCKS

Il a ajouté lors d'une conférence de presse qu'il n'était pas inquiet de ce qu'il a qualifié de baisse "technique" des prix du pétrole et était convaincu que les cours remonteraient avec la contraction des stocks sur le marché mondial.

Les contrats de juillet sur le WTI texan et le Brent de Mer du Nord perdaient près de 5% à la clôture du marché new-yorkais, victimes de prises de profits et certains traders étant déçus que l'option russe n'ait pas été retenue et que des coupes plus profondes n'aient pas été validées.

Le Nigeria et la Libye, qui étaient exclus de l'accord d'origine, le sont pareillement cette fois-ci, dans la mesure où leur production reste perturbée par des troubles intérieurs, a expliqué Khalid al Falih.

Ce dernier a ajouté que l'accord de production pourrait encore être prolongé lors de la réunion de novembre mais aussi qu'une stratégie pour en sortir serait élaborée.

Il a également dit que les exportations saoudiennes devraient diminuer sensiblement à partir de juin, autorisant une accélération du processus de rééquilibrage du marché.

Le ministre russe de l'Energie Alexander Novak a dit de son côté que la coopération avec l'Opec serait poursuivie et élargie.

"La Russie a une élection en vue et les Saoudiens ont l'introduction en Bourse d'Aramco l'an prochain; de fait, ils feront tout leur possible pour soutenir les prix pétroliers", a noté Gary Ross, l'un des responsables de PIRA Energy, une filiale de S&P Global Platts.

L'Opep s'est fixé comme objectif de ramener les stocks d'un record de trois milliards de barils à leur moyenne de cinq ans de 2,7 milliards de barils.

"Nous avons observé un retrait substantiel des stocks, qui s'accélèrera", a dit al Falih. "De ce fait, nous serons parvenus à nos fins au quatrième trimestre".

(Avec Ahmad Ghaddar, Vladimir Soldatkine et Shadia Nasralla, Benoit Van Overstraeten, Wilfrid Exbrayat et Juliette Rouillon our le service français)

par Alex Lawler, Rania El Gamal et Ernest Scheyder