Philippe Poutou, pensez-vous qu’il faille promouvoir l'investissement boursier des particuliers ?

PP : "Nous ne sommes pas pour favoriser l’investissement boursier. La Bourse joue en fait un rôle très limité dans le financement des entreprises et pour soutenir les cours les dirigeants sont souvent prêts à des décisions néfastes à l’avenir de long terme de l’entreprise, aux investissements et, bien entendu, à l’emploi. Lorsqu’une entreprise rachète ses propres actions, cela n’a de bénéfice que pour les actionnaires. Ce n’est pas pour rien que l’on parle de "licenciements boursiers".

Pour ce qui est des PEA, le site de conseil financier "Le Revenu" titrait le 18 janvier 2018, "PEA : un "paradis fiscal" pour les actions". Nous sommes contre les paradis fiscaux, les niches fiscales qui profitent aux plus riches. Sans que d’ailleurs leur utilité réelle soit démontrée.

Un autre financement de l’économie suppose la socialisation du système financier, sa gestion au service du plus grand nombre dans le cadre d’une planification économique, sociale et écologique."

Il reste encore en UE des paradis fiscaux, les scandales révélant les évasions massives sont récurrents, que proposez-vous ?

PP : "Il y a en fait deux réalités : la course au moins-disant fiscal et la dissimulation de leurs richesses et de leurs profits par les grandes fortunes et les grandes entreprises (au profit en définitive de leurs hauts dirigeants et actionnaires). Tout cela ressort de la logique du capitalisme et de la course au profit.

On irait vers la mise en place d’un "impôt minimum mondial" à 15% dont Thomas Piketty a justement écrit dans Le Monde du 12 juin 2021 : "En actant le fait que les multinationales pourront continuer de localiser à loisir leurs profits dans les paradis fiscaux, avec comme seule imposition un taux de 15%, le G7 officialise l’entrée dans un monde où les oligarques paient structurellement moins d’impôts que le reste de la population"Pour traquer les sommes et les flux financiers dissimulés dans les paradis fiscaux, il existe des propositions techniques comme le "cadastre financier" mondial proposé par l’économiste Gabriel Zucman mais, au nom du "secret des affaires", il n’est pas prêt de voir le jour !

Seul un bouleversement total de la logique et du pouvoir économiques pourrait changer les choses. Mais, pour cela, il faudra des mouvements sociaux et politiques anticapitalistes d’ampleur."

Quel cadre fiscal et légal faut-il appliquer aux crypto-monnaies ?

PP : "Selon une étude du National Bureau of Economic Research (USA) publiée en octobre 2021, 90% des transactions en bitcoin enregistrées sur la blockchain ne sont "pas reliées à des activités ayant du sens, économiquement parlant" mais sont notamment liées "au goût de nombreux participants pour l’anonymat.". Par ailleurs, les criminels aiment les crypto-monnaies. En 2021, les sommes reçues par des adresses illicites ont augmenté : l’équivalent de 14 milliards de dollars américains a transité sur des adresses liées à des activités illégales, contre 7,8 milliards en 2020.

En fait les crypto monnaies, sous couvert de modernité, sont un élément du casino capitaliste. De plus, elles ont un impact écologique catastrophique. Le "minage" consomme une quantité considérable d’énergie.

Les crypto monnaies ne sont en rien un progrès du point de vue de la grande masse de la population. Toute disposition visant à favoriser leur usage doit être supprimée."

Le programme intégral de Philippe Poutou ici