Zurich (awp) - Les fraudes subies par BNP Paribas (Suisse) dans le domaine du financement du négoce des matières premières ont plongé l'établissement genevois dans le rouge vif. La filiale helvétique du groupe bancaire français BNP Paribas a accusé une lourde perte en 2020, principalement en raison de provisions liées à ces affaires.

La perte nette annuelle a atteint 361,5 millions de francs suisses, à comparer à un bénéfice de 13,9 millions dégagé l'exercice précédent, selon les indications fournies dans le rapport annuel. Des "éléments exceptionnels" négatifs devisés à 359,9 millions de francs suisses - principalement des correctifs de valeur pour "quatre dossiers spécifiques du financement du négoce des matières premières" - ont plombé les résultats de l'établissement.

Véritable précurseur de cette activité en Suisse, la banque genevoise a annoncé en septembre dernier son désengagement du financement du négoce, après une vague de fraudes l'ayant affectée au premier semestre. Cet épisode semble avoir été celui de trop pour BNP Paribas (Suisse), qui avait déjà eu maille à partir avec la justice américaine en 2014, dans le cadre une affaire de violation des sanctions contre l'Iran et le Soudan qui lui avait coûté à l'époque 8,9 milliards de dollars.

La réorientation de la banque vers des activités moins risquées, à savoir la gestion de fortune et la clientèle commerciale, a entraîné la suppression de 120 postes à Genève, une nouvelle coupe drastique dans les effectifs après le licenciement de 250 personnes en 2019.

En fin de l'année dernière, l'établissement comptait 1085 employés en Suisse, contre 1270 douze mois auparavant. L'effectif a l'étranger a passé à 135 de 86 personnes.

L'arrivée de BNP Paribas dans la Cité de Calvin remonte à 1872. Sa présence a contribué à imposer la place financière genevoise comme un acteur important du financement du négoce à l'échelle mondiale.

Sorties nettes d'argent

Les opérations d'intérêts ont enregistré un résultat net de -251,1 millions de francs suisses, contre un produit de 186,7 millions en 2019. Cette activité, qui comprend le financement du négoce, a été plombée par des provisions de 398,3 millions. Apurés de cet effet (résultat brut), les revenus chutent néanmoins de 18% à 183,2 millions.

Les recettes tirées des commissions ont cédé 1,7% à 164,4 millions de francs suisses, alors que celles réalisées dans les opérations de négoce ont plongé de près d'un tiers à 30,4 millions. Les autres revenus ordinaires ont atteint 43,4 millions (-14,0%).

La banque a réduit nettement ses charges d'exploitation à 419,3 millions de francs suisses, ce qui représente un allègement de plus de 10%. BNP Paribas (Suisse) a creusé sa perte opérationnelle à 418,7 millions, contre -66,0 millions en 2019.

La masse sous gestion s'est étiolée de 6,1% à 28,2 milliards de francs suisses, suite à une décollecte nette de 0,4 milliard, un effet de marché et devises négatif de 1,1 milliard et d'autres facteurs défavorables qui ont entamé les volumes à hauteur de 0,3 milliard.

Le ratio de fonds propres durs est resté plus ou moins stable à 19,8%. Le bilan a rétréci de 11,6% à 16,46 milliards de francs suisses. La banque assure néanmoins que celui-ci demeure "solide".

BNP Paribas (Suisse) affirme désormais se concentrer sur ses métiers "pour l'années à venir". Un plan stratégique avec échéance en 2025 sera mis en oeuvre cette année. Aucune prévision chiffrée n'est fournie.

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