Zurich (awp) - La consolidation du secteur de la banque privée en Suisse devrait se poursuivre ces prochaines années. Alors que le nombre d'établissements a été ramené en moins de dix ans de plus de 160 à une centaine à peine, il n'en restera plus qu'une soixantaine d'ici cinq ans, selon un expert du cabinet de conseil KPMG.

"En 2025, il ne restera à mon avis pas plus de 60 banques privées en Suisse, ce qui correspondrait à la disparition d'environ 40 établissements", a déclaré Christian Hintermann, spécialiste des questions liées à la transformation des services financiers auprès de KPMG Suisse dans un entretien paru lundi sur le portail d'informations financières Allnews.

Dans une étude sectorielle publiée jeudi dernier en collaboration avec l'Université de Saint-Gall (HSG), KPMG avait mis en évidence que "la plupart des banques privées n'ont pas suffisamment amélioré leur modèle d'affaires et d'exploitation ou n'ont pas adapté leur stratégie de façon optimale" et qu'un tiers d'entre elles "affichent des performances faibles".

Revenant sur les résultats de l'étude dont il est l'un des auteurs, Christian Hintermann souligne que parmi la trentaine de "weak performers", 16 ont subi des pertes opérationnelles en 2018. "Ces instituts sont souvent encore présents sur de nombreux marchés mais ils n'ont ni les capacités, ni les ressources nécessaires pour y être actifs", signale-t-il.

Interrogé sur les solutions envisageables pour ce type d'établissements, l'expert juge que "l'option la plus radicale serait de fermer l'établissement, en négociant néanmoins un prix pour la reprise de la clientèle". Une fusion-acquisition fait également sens, pour autant que les instituts soient d'une certaine taille.

Si la fusion de deux banques ayant chacune une masse sous gestion de 1 milliard de francs suisses ne change pas grand-chose à leur situation sur le marché, "il en va autrement si un établissement doté de 30 milliards d'actifs sous gestion en rachète un autre avec 20 milliards".

Les expectatives par rapport à la numérisation des activités de gestion de fortune ont "certainement été exagérées", estime le spécialiste, même s'il reconnaît que la technologie déployée et les idées développées par ces nouveaux acteurs - conseillers robots et néo-banques - "auront un impact important sur le secteur et continueront de le transformer ces prochaines années".

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