(Actualisé avec volumes et chiffres de l'API sur les stocks pétroliers)

* Le Dow a perdu 0,66%, le S&P-500 0,79%, le Nasdaq 0,68%

* Le recul des rendements a pesé sur les financières

* Prudence avant les "minutes" de la Fed et Jackson Hole

* Home Depot en hausse après ses résultats

par Marc Angrand

PARIS, 20 août (Reuters) - La Bourse de New York a fini en baisse mardi après trois séances de rebond, les investisseurs ayant de nouveau délaissé les actions au profits des valeurs refuges, comme le yen ou les obligations d'Etat, dans l'attente de précisions sur les intentions de la Réserve fédérale face au ralentissement économique.

L'indice Dow Jones a perdu 173,35 points, soit 0,66%, à 25.962,44 et le S&P-500, plus large, a cédé 23,14 points, soit 0,79%, à 2.900,51.

Le Nasdaq Composite a reculé de 54,25 points, soit 0,68%, à 7.948,56.

Le S&P-500 avait gagné près de 3% sur les trois séances précédentes grâce aux espoirs de relance et de baisse des taux d'intérêt aux Etats-Unis, dans la zone euro et en Chine, ramenant à moins de 3,5% son repli par rapport à son record de clôture du 26 juillet.

"Les marchés sont montés très fort ces tout derniers jours, donc il y a un peu de prises de bénéfice", constate Gary Bradshaw, gérant de Hodges Fund.

Le repli a aussi été favorisé par la prudence de mise avant les importants rendez-vous des prochains jours: les investisseurs attendent mercredi le compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale et vendredi le discours du président de la Fed, Jerome Powell, au symposium économique de Jackson Hole.

Les volumes d'échanges ont souffert de cet accès de prudence avec 5,75 milliards d'actions traitées seulement contre 7,56 milliards en moyenne sur les 20 dernières séances.

VALEURS

L'indice S&P des banques a cédé 1,58% et le compartiment financier dans son ensemble 1,4%, le repli le plus marqué des 11 grands secteurs de l'indice, en réaction au reflux des rendements obligataires, favorisé par la perspective de nouveaux assouplissements monétaires et par les tensions politiques en Italie et autour du Brexit.

Au sein du Dow Jones, American Express a perdu 2,4%, JPMorgan Chase 1,27% et Goldman Sachs 1,1%.

Longtemps dans le vert, le secteur de la consommation non contrainte a fini par céder au mouvement général de repli pour abandonner en clôture 0,08%, malgré la hausse de 4,4% de Home Depot, de loin la meilleure performance du Dow.

Les résultats supérieurs aux attentes du numéro un mondial des magasins de bricolage et d'aménagement intérieur l'ont emporté aux yeux des investisseurs sur la révision à la baisse de sa prévision de chiffre d'affaires, conséquence entre autres de la chute des prix du bois.

"Les résultats de Home Depot montrent que les gens continuent d'investir dans leur logement, ce qui est une bonne chose pour Wall Street et pour la consommation aux Etats-Unis", dit Gary Bradshaw.

Parmi les principaux contributeurs à la baisse du S&P-500, Facebook a cédé 1,27% après l'annonce d'une amélioration de l'accès des utilisateurs du réseau social aux données partagées par celui-ci avec d'autres sites et applications. Les informations de presse selon lesquelles l'Union européenne enquête sur le projet de cryptomonnaie Libra ont également pesé sur le cours.

Netflix a perdu 3,36% face aux perspectives d'intensification de la concurrence: Walt Disney (-0,12%) lancera en novembre de son offre de vidéo en ligne au Canada et aux Pays-Bas en plus des Etats-Unis, tandis que selon Bloomberg, Apple (+0,00%) prépare lui aussi pour novembre la commercialisation de sa propre plate-forme, Apple TV+.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont fini dans le rouge après deux séances de hausse, la prudence l'emportant dans l'attente de précisions sur l'évolution des politiques monétaires et budgétaires.

L'annonce de la démission du président du Conseil italien, Giuseppe Conte, qui ouvre la voie à un nouveau gouvernement de coalition ou à des élections anticipées, a aussi pesé sur les actions, même si elle était déjà en partie intégrée dans les cours.

À Paris, l'indice CAC 40 a terminé en baisse de 0,5% à 5.344,64 points. Le Footsie britannique a perdu 0,9%, le Dax allemand 0,55% et le FTSE-MIB Milan 1,11%. L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,56%, le FTSEurofirst 300 0,68% et le Stoxx 600 0,68%.

Comme à Wall Street, la baisse des rendements obligataires a pénalisé les banques, dont l'indice Stoxx a reculé de 1,05%.

TAUX

Les rendements des emprunts d'Etat américains ont reculé, le réflexe de prudence favorisé par la crise politique italienne et les doutes sur le Brexit venant s'ajouter à la perspective d'un nouvel assouplissement de la politique monétaire de la Fed dans les semaines à venir.

En fin de séance, celui des Treasuries à dix ans cédait cinq points de base à 1,5521% et celui des titres à 30 ans reculait à 2,0361%, là encore cinq points en dessous de son niveau de lundi.

Les marchés continuent d'anticiper une nouvelle baisse de taux lors de la réunion de septembre du Federal Open Market Committee (FOMC), selon le baromètre FedWatch de CME Group.

La partie deux ans-dix ans de la courbe des rendements, dont l'inversion la semaine dernière avait provoqué un mouvement de défiance marqué des investisseurs, n'est plus inversé mais l'écart entre les deux échéances est inférieur à quatre points .

CHANGES

La baisse des rendements obligataires et le repli d'une partie des cambistes sur des monnaies jugées plus sûres se sont traduits par une baisse du dollar, qui cédait 0,19% en fin de séance face à un panier de devises de référence.

Son repli était plus marqué face au yen (-0,36%) et au franc suisse (-0,39%), qui profitent généralement des accès d'aversion au risque.

L'euro, lui, se traitait alors à 1,1098 dollar, en hausse de 0,2% malgré la démission du président du Conseil italien, certains observateurs croyant encore possible d'éviter des élections anticipées, considérées comme le pire des scénarios.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont terminé en légère hausse une séance hésitante, les investisseurs semblant tiraillés entre les signaux positifs des derniers jours sur le commerce international et la perspective d'un ralentissement de la demande mondiale.

Le contrat septembre sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 13 cents, soit 0,23%, à 56,34 dollars le baril. Il était tombé en séance à 55,28 dollars avant de remonter jusqu'à 56,60 dollars.

L'échéance octobre sur le Brent a pris 29 cents (+0,49%) à 60,03 dollars après avoir oscillé entre 58,95 et 60,32 dollars.

Les cours ont ensuite peu varié dans les échanges hors séance après la publication par l'American Petroleum Institute (API) de ses statistiques hebdomadaires sur les stocks pétroliers aux Etats-Unis, qui montrent une baisse plus marquée que prévu des réserves de brut et un recul inattendu de celles d'essence.

A SUIVRE MERCREDI :

(Avec April Joyner à New York et Medha Singh à Bangalore)

Valeurs citées dans l'article : Apple, Facebook, Netflix