(Actualisé avec précisions sur le marché actions, changes, taux, pétrole, marchés européens)

* Le Dow a perdu 2,11%, le S&P-500 2,08%, le Nasdaq 2,27%

* Nervosité à l'avant-veille des décisions de la Fed

* Jeffrey Gundlach évoque un marché baissier prolongé

* La santé en recul après une décision de justice sur l'Obamacare

* Les distributeurs dans le rouge après un avertissement d'Asos

17 décembre (Reuters) - La Bourse de New York a fini en net repli lundi et l'indice Standard & Poor's 500 a clôturé au plus bas depuis 14 mois, toujours pénalisé par les inquiétudes sur la croissance à l'avant-veille des décisions de la Réserve fédérale.

L'indice Dow Jones a perdu 507,53 points, soit 2,11%, à 23.592,98.

Le S&P-500, plus large, a cédé 54,01 points, soit 2,08%, à 2.545,94, son plus bas niveau de clôture depuis le 9 octobre 2017.

Le Nasdaq Composite a reculé de 156,93 points, soit 2,27%, à 6.753,73.

En recul marqué dès l'ouverture, tous trois avaient effacé leurs pertes voire basculé en territoire positif à mi-séance mais ils ont replongé par la suite en réaction aux déclarations de Jeffrey Gundlach, le directeur général de la société de gestion DoubleLine Capital, surnommé le "Bond King", le roi de l'obligataire.

Interrogé sur la chaîne de télévision CNBC, Jeffrey Gundlach a estimé que Wall Street était entrée dans une phase de marché baissier appelée à durer et que la Réserve fédérale ne devrait plus relever les taux d'intérêt.

"Je crois qu'il s'agit d'un marché baissier. Je crois qu'on a assisté à la première manche et la deuxième manche est généralement plus douloureuse que la première", a-t-il déclaré.

"Je crois que cela va durer un bon moment. Cela a beaucoup à voir avec le fait que nous sommes dans une situation, très inhabituelle, dans laquelle nous augmentons le déficit budgétaire de manière spectaculaire très tard dans le cycle alors que la Fed relève les taux d'intérêt", a-t-il ajouté.

Après ces déclarations, le S&P-500 est tombé jusqu'à 2.530,54 points, effaçant le précédent point bas de l'année, qui datait du 9 février.

La Fed entame mardi une réunion de politique monétaire de deux jours qui devrait, selon la plupart des observateurs, se conclure par une nouvelle hausse de taux d'un quart de point, même si certains s'attendent à ce que la banque centrale tempère son discours pour prendre en compte le ralentissement de la croissance économique mondiale et la volatilité des marchés.

"Les marchés sont très tendus en ce moment et très vulnérables à des mouvements de vente massifs", explique Oliver Pursche, responsable de la stratégie de marché de Bruderman Asset management. "Tout dépend vraiment du sentiment général, et les déclarations de Gundlach n'ont vraiment pas aidé le marché."

L'indice de volatilité Vix a pris près de trois points pour finir à un pic de sept semaines.

Le Dow accuse désormais un repli de 4,56% depuis le début de l'année, le S&P-500 une baisse de 4,76% et le Nasdaq Composite un recul de 2,17%.

VALEURS

L'indice S&P de la distribution a abandonné 3,43% après l'avertissement émis par le spécialiste britannique de la mode en ligne Asos, qui a ravivé les doutes sur la consommation.

Amazon a cédé 4,46%, l'une des principales contributions à la baisse du S&P-500 et du Nasdaq Composite, et Gap a perdu 4,32%.

Autre repli sectoriel marquant: celui de 2,11% du compartiment de la santé après la décision rendue vendredi par un juge fédéral déclarant inconstitutionnel l'"Affordable Care Act", plus connu sous le nom d'Obamacare.

Au sein du Dow, UnitedHealth a perdu 2,62%

Le secteur financier, qui a passé une partie de la séance dans le vert, a succombé au pessimisme général et fini en repli de 0,97%. L'indice des banques a abandonné 0,71%.

Goldman Sachs a perdu 0,62% et touché un plus bas de deux ans après l'ouverture de poursuites à son encontre par la justice malaisienne dans le dossier du fonds souverain 1MDB.

Egalement en net repli, Johnson & Johnson a cédé 2,9% creusant les pertes subies vendredi (-10%) après les informations de Reuters montrant que le groupe était informé depuis des décennies de la présence possible d'amiante dans son talc pour bébé.

Twitter a chuté de 6,8% après avoir averti qu'une faille était susceptible d'avoir rendu accessible le préfixe géographique des numéros de téléphone de ses utilisateurs; il a aussi révélé avoir repéré un trafic suspect en provenance de Chine et d'Arabie saoudite.

La baisse générale n'a pas épargné les petites capitalisations: leur indice de référence, le Russell 2000 a cédé 2,32%, portant à plus de 20% son repli par rapport à son record de clôture du 31 août.

LES INDICATEURS DU JOUR

L'activité manufacturière dans la région de New York s'est dégradée nettement plus qu'attendu en décembre, montre l'enquête mensuelle de la Réserve fédérale régionale: l'indice "Empire State" a reculé à 10,9, son plus bas niveau depuis mai 2017, contre 23,3 en novembre.

Dans le secteur immobilier, l'indice de confiance de la NAHB, principale fédération de promoteurs des Etats-Unis, est revenu à 56,6 en décembre, au plus bas depuis mai 2015.

TAUX

La baisse des actions a favorisé le repli sur les emprunts d'Etat et donc le recul des rendements des Treasuries: en fin de séance, celui des titres à dix ans cédait plus de trois points de base à 2,857%.

L'écart entre les rendements à deux et dix ans s'affichait à 16,5 points de base. Il est très surveillé depuis qu'il est brièvement passé sous les dix points de base au début du mois, ravivant les craintes d'inversion de la courbe des rendements, considérée comme un signal avant-coureur de récession.

Le marché obligataire n'a pratiquement pas réagi aux critiques de Donald Trump visant la Fed, à laquelle il a de nouveau reproché de relever le loyer de l'argent.

CHANGES

Alors que son statut de valeur refuge l'avait porté vendredi à son plus haut niveau depuis un an et demi , le dollar a cédé du terrain lundi, les cambistes ajustant leurs positions avant la réunion de la Fed, anticipant un discours plus prudent de la banque centrale.

En fin de séance, l'"indice dollar", qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence cédait 0,3%.

L'euro se traitait alors autour de 1,1345 dollar, en hausse de 0,34% sur la journée.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont fini en baisse de plus de 2%, de nouveaux signes d'augmentation des stocks de brut aux Etats-Unis étant venus s'ajouter aux craintes de ralentissement de la demande mondiale d'hydrocarbures.

Le contrat janvier sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a perdu 1,32 dollar, soit 2,58%, à 49,88 dollars le baril après être tombé à 49,09 dollars, au plus bas depuis septembre 2017.

Le Brent a cédé 67 cents (1,11%) à 59,61 dollars après un plus bas à 58,83.

Les stocks de brut au terminal de Cushing, dans l'Oklahoma, ont augmenté de plus d'un million de barils entre le 11 et le 14 décembre, ont rapporté des traders en citant des données du cabinet d'études spécialisé Genscape.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les principales places boursières européennes ont fini dans le rouge, plombées entre autres par le secteur de la distribution après un avertissement sur résultats du spécialiste britannique de la mode en ligne Asos <.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 1,11%, son troisième repli consécutif, à 4.799,87 points. Le Footsie britannique a cédé 1,05% et le Dax allemand 0,86%. L'indice EuroStoxx 50 a lâché 0,94%, le FTSEurofirst 300 1% et le Stoxx 600 1,14%.

En repli de 2,7% en clôture, l'indice Stoxx de la distribution a fini au plus bas depuis juillet 2016.

A SUIVRE MARDI:

La séance en Europe sera animée entre autres par la publication de l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne, en attendant les chiffres mensuels des mises en chantier aux Etats-Unis.

(Marc Angrand, avec April Joyner à New York)