(Actualisé avec secteur du tabac, taux et changes)

* Le repli du pétrole alimente les craintes sur la croissance

* La baisse des prix à la production en Chine inquiète

* Craintes de restriction sur les e-cigarettes, le secteur recule

* Le Dow Jones a perdu 0,77%, le S&P 0,92%, le Nasdaq 1,65%

* Sur la semaine, le Dow a pris 2,8%, le S&P 2,1%, le Nasdaq 0,7%

par Sinéad Carew

NEW YORK, 9 novembre (Reuters) - La Bourse de New York a terminé en baisse pour la dernière séance de la semaine, avec le repli des cours du pétrole, au lendemain des annonces de la Réserve fédérale américaine qui prévoit toujours une poursuite de la hausse graduelle de ses taux, et après des indicateurs chinois jugés préoccupants.

L'indice Dow Jones a perdu 201,92 points, soit 0,77%, à 25.989,30. Le S&P-500, plus large, a perdu 25,82 points, soit 0,92%, à 2.781,01. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 123,98 points (-1,65%) à 7.406,90 points.

Sur l'ensemble de la semaine, le Dow Jones a gagné 2,8%, le S&P-500 2,1% et le Nasdaq Composite 0,7%.

Le sentiment de marché a été refroidi par l'annonce en Chine d'un nouveau ralentissement de l'indice des prix à la production et d'une baisse des ventes automobiles, ce qui a ravivé les inquiétudes sur la croissance de la deuxième économie mondiale.

Ces signes de ralentissement en Chine, premier importateur de pétrole, contribuent au repli du brut, dans la crainte que le marché mondial ne se retrouve en situation d'offre excédentaire.

"Beaucoup d'investisseurs considèrent les cours du pétrole comme un indicateur général de l'économie mondiale et sa faiblesse n'est donc pas vu d'un bon oeil", note Scott Brown, responsable de la recherche économique chez Raymond James.

Dans un contexte de tensions croissantes entre Washington et Pékin sur le commerce, les statistiques officielles chinoises ont montré que les prix à la production avaient baissé en octobre pour le quatrième mois de suite, en raison de la faiblesse de la demande intérieure et de l'activité manufacturière, tandis que les ventes de voitures ont diminué elles aussi pour le quatrième fois d'affilée.

De plus, la décision jeudi de la Fed de laisser sa politique monétaire inchangée n'a pas surpris les investisseurs mais pour beaucoup d'observateurs, les déclarations de la banque centrale suggèrent qu'elle s'achemine vers une nouvelle hausse de taux à l'issue de sa prochaine réunion, les 18 et 19 décembre, hausse qui serait la quatrième de l'année.

Selon le baromètre FedWatch de CME Group, la probabilité d'un relèvement de 25 points de base des taux directeurs le mois prochain est désormais estimée à 75,8% contre 71,1% jeudi.

PÉTROLE

Les cours du brut sont restés pénalisés par les craintes d'une situation d'offre excédentaire sur le marché mondial, dans un contexte de ralentissement attendu de la demande chinoise.

Le contrat décembre sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a perdu 0,79% à 60,19 dollars, en repli pour le dixième jour d'affilée, sa plus longue phase de baisse depuis juillet 1984. Il est passé dans la journée sous le seuil des 60 dollars le baril, au plus bas depuis début avril.

Le Brent de la mer du Nord a cédé de son côté 0,67% à 70,18 dollars. Il est passé sous les 70 dollars en séance pour la première fois depuis début avril, accusant un repli d'environ 20% par rapport à son pic de quatre ans touché début octobre, ce qui traduit un marché baissier ("bear market").

"Quelle différence en un mois!", note Michael Tran, chargé de la stratégie matières premières chez RBC Capital Markets.

"Le sentiment de marché est passé de la tendance la plus haussière depuis des années, beaucoup d'intervenants s'attendant même à passer les 100 dollars il y a encore quelques semaines, au sentiment le plus baissier depuis la chute de 2016."

VALEURS

L'indice S&P du secteur de l'énergie a reculé de 0,37%, arès avoir perdu 2,2% jeudi, avec les cours du pétrole. Le secteur des ressources de base a cédé 1,37%.

L'indice des hautes technologies a reculé de 1,66%, avec Apple (-1,93%), le secteur étant plombé par l'aversion au risque qui s'est emparée des investisseurs.

General Electric a chuté de 5,71%, passant sous la barre des neuf dollars pour la première fois depuis mars 2009. J.P. Morgan a abaissé son objectif de cours de 10 à 6 dollars.

Le secteur financier a reculé auss (-0,96%), notamment Citi (-2,98%) après l'annonce la veille qu'un groupe d'investisseurs poursuit en justice 16 grandes banques, dont Citi, pour manipulation des taux de change.

Les énergéticiens, dont PG&E (-16,49%) et Edison (-12,12%) ont chuté, les incendies en Californie ayant laissé des milliers de ménages sans gaz ni électricité.

Les fabricants de cigarettes ont reculé à la suite d'une déclaration d'un responsable selon laquelle la Food and Drug Administration (FDA) allait interdire la vente de cigarettes électroniques aux parfums de fruits et de bonbons, qui séduisent les adolescents, dans les épiceries et les stations essence.

LES INDICATEURS DU JOUR

Sur le plan des indicateurs, les prix à la production aux Etats-Unis ont enregistré en octobre leur plus forte hausse d'un mois sur l'autre depuis six ans mais les tensions inflationnistes sous-jacentes restent contenues.

Le moral des ménages américains s'est dégradé un peu moins que prévu en novembre, montrent vendredi les premiers résultats de l'enquête mensuelle de l'Université du Michigan.

LA SÉANCE EN EUROPE

les Bourses européennes ont terminé en baisse également vendredi, l'aversion au risque ayant repris le dessus pour les mêmes raisons - pétrole, Chine et Fed - qu'à Wall Street.

À Paris, l'indice CAC 40 a perdu 0,48% à 5.106,75 points et le Footsie britannique a cédé 0,49% tandis que le Dax allemand finissait quasiment inchangé (+0,02%).

L'indice EuroStoxx 50 a perdu 0,25%, le FTSEurofirst 300 0,36% et le Stoxx 600 0,37%.

Sur l'ensemble de la semaine, le Stoxx 600 a gagné 0,46% mais le CAC 40 n'affiche qu'une progression symbolique de 0,09%.

La plus forte baisse sectorielle est pour le secteur des matières premières (-3,41%), conséquence du repli des métaux industriels. Le secteur pétrolier a cédé 1,41%.

Victimes de la révision à la baisse de leurs prévisions de résultats pour 2018, Nexans a chuté de 14,85% et l'allemand Thyssenkrupp de 9,08%.

TAUX

Les rendements obligataires américains ont perdu du terrain dans le contexte d'aversion au risque. Le 10 ans perdait près de cinq points de base à 3,18%, les dégagements sur les actions favorisant un retour sur la dette souveraine.

Le rendement du Bund allemand de même échéance est repassé sous 0,41%.. Son équivalent italien s'est quasiment stabilisé à 3,41% après un pic à 3,461.

CHANGES

L'indice dollar s'est rapproché d'un pic de 16 mois face à l'euro, profitant de son statut de valeur refuge et après la confirmation de la volonté de la Fed de relever les taux.

L'euro est en outre pénalisé par les divisions entre l'Europe et l'Italie sur le budget prévisionnel de Rome. La monnaie unique européenne évolue autour de 1,1335 dollar.

Le sterling s'est stabilisé après avoir perdu près de 0,6% face au dollar et à l'euro à la suite de la démission de Jo Johnson, secrétaire d'Etat britannique aux Transports. Le frère de Boris Johnson a dénoncé à cette occasion les négociations "délirantes" sur le Brexit menées par la Première ministre Theresa May.

A SUIVRE LUNDI: (Sinead Carew et Sruthi Shankar, Laetitia Volga et Juliette Rouillon pour le service français)