(Actualisé avec précisions, contexte)

* Le S&P 500 a bondi de 2,3%, le Dow Jones de 2,5%

* Powell se montre plus prudent sur les hausses de taux

* "Pas de trajectoire prédéfinie" pour la politique monétaire

* Le dollar et les rendements des Treasuries en baisse

* Les espoirs sur le commerce ont aussi soutenu la tendance

par Blandine Henault

PARIS, 28 novembre (Reuters) - La Bourse de New York a fini en forte hausse vendredi tandis que le dollar reculait, après les propos du président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell qui a indiqué que la politique monétaire se rapprochait du taux neutre, signalant ainsi une possible modération du rythme des hausses de taux à venir.

L'indice Dow Jones a grimpé de 617,70 points, soit un bond de 2,5%, à 25.366,43 points. Le S&P-500, plus large, a pris 61,61 points, soit un gain de 2,3%, à 2.743,78 points.

Il s'agit de leur meilleure performance en une séance depuis le 26 mars dernier.

De son côté, le Nasdaq Composite a avancé de 208,89 points (+2,95%) à 7.291,59 points.

Lors d'un déjeuner organisé par l'Economic Club de New York, Jerome Powell a expliqué que le taux des "fed funds", fixé à 2%-2,25%, était désormais "juste en dessous" de son niveau neutre, c'est à dire qui ne stimule ni ne freine la croissance.

"Il reconnaît désormais être proche du taux neutre, ce qui suggère peut-être qu'il n'y aura pas autant de hausses de taux dans l'avenir que ne le pensent les investisseurs", a commenté Jack Ablin, directeur des investissements de Cresset Wealth Advisors. "C'est clairement un changement de discours et une bonne nouvelle pour les investisseurs."

Le président de la Fed a également dit que la banque centrale n'avait "pas de trajectoire prédéfinie de politique monétaire" et qu'elle prêtait une "très grande" attention aux données économiques qu'elle reçoit même si elle continue de tabler sur une croissance "solide", un chômage faible et une inflation proche de son objectif de 2%.

"Cela donne peut-être au marché un signal plus clair, non pas que la (Fed) va marquer une pause de façon certaine mais qu'ils feront une pause si c'est nécessaire. Cette dépendance par rapport aux indicateurs est ce que le marché a besoin d'entendre", estime Michael Skordeles, stratège chez Suntrust Advisory Services.

Les indices américains étaient déjà orientés en hausse avant l'intervention de Jerome Powell, soutenus par des espoirs d'un possible accord sur le commerce entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping lors de leur rencontre prévue samedi en marge du G20.

Les volumes échangés ont atteint 8,04 milliards d'actions, contre une moyenne de 7,82 milliards lors des 20 dernières séances.

CHANGES

Les propos de Jerome Powell ont provoqué un net mouvement de repli du dollar, qui abandonne 0,5% face à un panier de devises de référence après avoir auparavant touché un pic de deux semaines.

L'euro en a profité pour repasser le seuil de 1,13 dollar et se rapprocher de 1,14, autour de 1,1370 pour un dollar.

TAUX

La perspective d'une modération du rythme des hausses de taux de la Fed a logiquement pesé sur les rendements des obligations d'Etat américaines.

Le rendement des emprunts à deux ans, qui reflète les anticipations de hausses des taux des opérateurs de marché, a perdu près de deux points de base, à 2,81%.

Celui à 10 ans est brièvement repassé sous 3,05% pour finalement finir quasiment stable, autour de 3,06%, ce qui s'est traduit par un élargissement du "spread" entre les deux échéances.

VALEURS

Tous les indices sectoriels, hormis celui des services aux collectivités (-0,12%), ont fini dans le vert. Les plus fortes hausses sont revenues aux compartiments de la technologie (+3,44%) et de la consommation discrétionnaire (+3,23%), en dépit de la chute de Tiffany (-11,82%) après l'annonce de ventes trimestrielles inférieures aux attentes.

Les valeurs industrielles, comme Boeing (+4,88%) et Caterpillar (+4,93%) ont terminé en tête du Dow Jones, soutenues par les espoirs d'accord commercial entre Washington et Pékin à l'issue de la rencontre Trump-Xi prévue en fin de semaine.

Le secteur automobile a gagné 1,36% après l'annonce par le président Trump d'un projet de taxation sur les voitures importées aux Etats-Unis en réaction aux annonces de suppressions d'emplois de General Motor (+0,73%).

Microsoft (+3,71%) a brièvement dépassé Apple (+3,84%) en terme de capitalisation boursière avant que le groupe à la pomme ne lui repasse devant à la clôture.

LES INDICATEURS DU JOUR

Le marché n'a pratiquement pas réagi aux chiffres de la croissance de l'économie américaine confirmée à 3,5% en rythme annuel au troisième trimestre, ni à la chute des ventes de logements neufs à leur plus bas niveau en plus de deux ans et demi au mois d'octobre.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé en ordre dispersé mercredi, avant l'intervention de Jerome Powell, réagissant surtout aux développements sur le commerce.

L'impact positif des propos jugés rassurants de Larry Kudlow, le conseiller économique de la Maison blanche, a été effacé dans l'après-midi par un tweet de Donald Trump évoquant de possibles droits de douane sur le secteur automobile.

À Paris, le CAC 40 a terminé à l'équilibre à 4.983,24 points. Le Footsie britannique a cédé 0,18% et le Dax allemand a perdu 0,09%.

PÉTROLE

Les cours de l'or noir ont rechuté mercredi après l'annonce d'une hausse des stocks de brut aux Etats-Unis pour la dixième semaine consécutive, ce qui a alimenté les craintes d'une surabondance de l'offre pétrolière.

Le baril de brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a perdu 2,5%, à 50,29 dollars le baril, son niveau le plus bas depuis le 9 octobre 2017.

Le Brent a cédé 2,4% à 58,76 dollars, non loin d'un creux de plus d'un an touché vendredi.

A SUIVRE JEUDI :

Après les discours de Jerome Powell, les investisseurs seront attentifs à la publication à 13h30 GMT de l'indice des prix core PCE aux Etats-Unis, un indicateur d'inflation privilégié par la Fed, et à celle du compte rendu de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la banque centrale américaine (à 19h00 GMT).