* Le Dow a pris 0,39% et le S&P-500 0,25% mais le Nasdaq a cédé 0,09%

* Les ventes au détail et les résultats de Walmart en soutien

* De nouveaux plus bas pour les rendements des Treasuries

* Cisco sanctionné, ses prévisions ont déçu

* Tension persistante entre USA et Chine sur le commerce

par Marc Angrand

PARIS, 15 août (Reuters) - La Bourse de New York a fini en ordre dispersé jeudi une séance hésitante, tiraillée entre les préoccupations liées à la guerre commerciale et les craintes de récession d'une part et les bonnes surprises sur le front de la consommation aux Etats-Unis d'autre part.

Les ventes au détail ont augmenté plus qu'attendu en juillet et les résultats du géant de la grande distribution Walmart ont dépassé les attentes, ce qui a compensé en partie la crainte de représailles chinoises aux dernières annonces de Washington sur les tarifs douaniers ainsi que les difficultés de Cisco Systems.

En clôture, l'indice Dow Jones gagnait 99,97 points, soit 0,39%, à 25.579,39 et le Standard & Poor's 500, plus large, prenait sept points, soit 0,25%, à 2.847,6, alors que le Nasdaq Composite reculait de 7,32 points, soit 0,09%, à 7.766,62.

"Les statistiques continuent de montrer que le consommateur se porte plutôt bien, ce qui suggère que même avec une courbe des rendements inversées comme on l'a vu hier, la récession n'arrive pas si vite que ça", a commenté Paul Nolte, gérant de Kingsview Asset Management.

Le Dow Jones avait perdu 3,05% mercredi, sa plus lourde perte en pourcentage sur une séance depuis décembre, après l'inversion de la courbe des rendements obligataires américains à deux et dix ans, perçue comme un signal avant-coureur de récession.

Ce contexte favorise l'hypersensibilité des investisseurs aux nouvelles concernant les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Ce jeudi, le ministère des Finances chinois a évoqué des représailles contre les dernières mesures annoncées par Washington mais une porte-parole a ensuite déclaré espérer que les deux pays puissent parvenir à un "consensus".

LES INDICATEURS DU JOUR

Le département du Commerce a fait état d'une hausse de 0,7% des ventes au détail aux Etats-Unis en juillet, nettement supérieure à celle de 0,3% attendue par le consensus Reuters.

Ce bon chiffre, qui témoigne d'un dynamisme continu de la consommation, pilier de l'économie américain, a occulté en grande partie les autres indicateurs du jour, qu'il s'agisse de la baisse de l'indice d'activité "Philly Fed", de la progression inattendue de l'indice "Empire State" , de la hausse plus marquée qu'anticipé des inscriptions au chômage ou du recul de la production manufacturière.

La productivité du travail a quant à elle ralenti au deuxième trimestre et l'indice NAHB du marché immobilier a légèrement progressé en août.

VALEURS

Walmart a gagné 6,11%, de loin la plus forte hausse du Dow Jones. Le numéro un mondial de la grande distribution a relevé sa prévision de bénéfice annuel après une croissance plus marquée que prévu de ses ventes à magasins comparables aux Etats-Unis sur le trimestre à fin juillet.

La progression de ce poids lourd de la cote a permis à l'indice S&P des valeurs de la grande consommation de progresser de 1,51%, la meilleure performance sectorielle du jour.

A l'opposé, Cisco a chuté de 8,61%. Le groupe d'équipements de réseaux a présenté mercredi soir des prévisions nettement inférieures aux estimations des analystes après avoir fait état d'une chute de 25% de ses ventes en Chine.

Plus spectaculaire encore, le recul de General Electric , dont le cours a décroché de 11,3%, sa pire performance sur une séance depuis avril 2008, après les déclarations d'un enquêteur privé selon lesquelles les comptes du groupe dissimulent d'importantes difficultés financières.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé en baisse, la question du commerce ayant provoqué un nouvel accès d'aversion au risque même si les grands indices ont fini au-dessus de leurs plus bas du jour.

À Paris, le CAC 40 a clôturé sur un repli de 0,27% à 5.236,93 points après être tombé en séance à 5.170,77, son plus bas niveau depuis le 3 juin.

Le Footsie britannique a cédé 1,13% et le Dax allemand 0,7%. L'EuroStoxx 50 a reculé de 0,18%, le FTSEurofirst 300 de 0,35% et le Stoxx 600 de 0,29%, au plus bas depuis six mois.

L'indice mesurant la volatilité implicite de l'EuroStoxx 50 a atteint en séance son plus haut niveau depuis fin décembre.

TAUX

Sur le marché obligataire, la journée a été marquée par le plus bas historique inscrit par le rendement des emprunts d'Etat américains à 30 ans, passé pour la première fois sous la barre symbolique des 2%.

En fin de séance, le rendement à 30 ans s'affichait à 1,9503%, en baisse de sept points de base, après un plus bas à 1,916%.

Le rendement à dix ans reculait alors de près de huit points à 1,4967% après un plus bas de trois ans à 1,475%.

Le deux ans est quant à lui revenu à 1,4714% après être tombé à 1,467%, au plus bas depuis 2017.

CHANGES

Les signes de bonne tenue de la consommation des ménages américains ont permis au dollar de reprendre des couleurs: au moment de la clôture de Wall Street, l'indice mesurant ses fluctuations par rapport à un panier de référence gagnait 0,11%.

Il 0,08s'appréciait de 0,09% à 105,98 face au yen, qui avait bénéficié à plein de l'aversion au risque mercredi.

L'euro cédait quant à lui 0,24% à 1,1111 dollar. Il a notamment souffert des déclarations au Wall Street Journal https://on.wsj.com/2N6cFBE d'Olli Rehn, l'un des membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), évoquant la nécessité d'un ensemble de mesures "important et percutant" lors de la réunion de politique monétaire de septembre.

La livre sterling s'est appréciée face au dollar et à l'euro grâce à regain d'espoir de voir les opposants à Boris Johnson barrer la route à une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne sans accord négocié.

PÉTROLE

Les cours du brut ont prolongé le repli entamé la veille face après l'annonce d'une augmentation inattendue des stocks aux Etats-Unis, venue s'ajouter aux craintes de récession.

Le contrat septembre sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a perdu 76 cents, soit 1,38%, à 54,47 dollars le baril. Il avait déjà abandonné 3,28% mercredi.

L'échéance octobre sur le Brent a cédé 1,25 dollar (-2,1%) à 58,23 dollars au lendemain d'un recul de 2,97%.

A SUIVRE VENDREDI: (Avec Stephen Culp à New York et Amy Caren Daniel à Bangalore)

Valeurs citées dans l'article : General Electric Company, Walmart Inc., Cisco Systems