L'indice Dow Jones a cédé 84,10 points, soit 0,33%, à 25.679,90. Le S&P-500, plus large, a perdu 19,30 points, soit 0,67%, à 2.840,23. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 113,91 points (-1,46%) à 7.702,38 points.

Après avoir atteint des niveaux records fin avril/début mai, les grands indices de Wall Street sont victimes d'un courant de ventes lié aux craintes croissantes d'une guerre commerciale prolongée entre Washington et Pékin. A ce jour, le S&P s'oriente vers sa plus forte baisse mensuelle depuis décembre, en retrait de près de 4% par rapport à son record historique.

L'entrée en vigueur du décret plaçant Huawei sur une liste noire l'excluant de tout marché aux Etats-Unis fait craindre des représailles chinoises susceptibles de toucher de nombreuses entreprises de hautes technologies.

"Des réévaluations sont en cours sur les niveaux de stocks dans le secteur des semi-conducteurs et les entreprises cherchent à estimer l'impact de l'affaire Huawei sur la chaîne de valeurs mais ne prennent pas en compte le ralentissement mondial", dit Peter Cecchini, stratège chez Cantor Fitzgerald.

"Tout cela va avoir un impact sur les résultats, les consommateurs vont probablement modifier leur comportement et en même temps la pression sur les Etats-Unis et la Chine pourrait monter en vue d'arriver à un accord plus rapide", selon Robert Pavlik, responsable de la stratégie chez SlateStone Wealth.

Pékin a dénoncé les "attentes extravagantes" de Washington en vue d'un hypothétique accord commercial entre les deux premières puissances économiques du monde.

VALEURS

Apple a abandonné 3,13% et pesé lourdement sur la tendance. Le titre a touché en début de séance son plus bas niveau depuis le 12 mars, affecté entre autres par des craintes de boycott en Chine. L'indice des technologiques a perdu 1,75%, plus forte baisse sectorielle du jour.

Les fournisseurs de Huawei, dont Qualcomm, Micron Technology et Broadcom, ont cédé 4 et 6%, et l'indice des semi-conducteurs de Philadelphie a reculé de 4% à son plus bas niveau en plus de deux mois.

Alphabet a perdu 2,06%. Selon une source, sa filiale Google ne fournira plus de logiciels, de matériel informatique et de service technique à Huawei à l'exception des services disponibles en open source.

Le fabricant de composants pour téléphones mobiles Lumentum Holdings s'est replié de 4,10% après avoir fait savoir qu'il interromprait ses livraisons à Huawei et avoir revu en baisse sa prévision de chiffre d'affaires trimestriel.

A la hausse, Sprint a bondi de 18,77% et T-Mobile US a gagné 3,87% après avoir obtenu le soutien du président de la Federal Communications Commission (FCC) à leur projet de fusion de 26 milliards de dollars (23 milliards d'euros) suite à une série de modifications. Les deux titres ont néanmoins réduit leurs gains après une information de Bloomberg selon laquelle le département de la Justice, qui examine aussi ce projet, s'oriente vers un avis négatif.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé sur des replis plus nets, la crainte là aussi d'une nouvelle escalade dans le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, liée cette fois au groupe chinois Huawei, ayant fait reculer les secteurs les plus exposés, à commencer par celui des hautes technologies.

À Paris, le CAC 40 a fini en baisse de 1,46% à 5.358,59 points. A Londres, le FTSE 100 a perdu 0,62% et à Francfort, le Dax a reculé de 1,61%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 1,63%, le FTSEurofirst 300 1,15% et le Stoxx 600 1,06%.

L'indice Stoxx des hautes technologies a fini la journée en baisse de 2,84%, le repli sectoriel le plus marqué du jour et sa pire performance sur une séance depuis le 3 janvier.

Parmi les fabricants européens de semi-conducteurs cibles de possibles représailles chinoises, AMS a chuté de 13,39% à Zurich, STMicroelectronics de 9,53% à Paris et Infineon de 4,8% à Francfort.

TAUX

Les rendements du Trésor américain sont remontés, celui des obligations à 10 ans s'étant rapproché de 2,42%, après un creux de 2,38%, dans un contexte d'aversion au risque.

En Europe, les rendements des emprunts d'Etat ont également fini en hausse après avoir reculé en début de séance. Celui du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, a terminé la journée à -0,088% après être tombé à -0,106%.

CHANGES

L'"indice dollar", qui mesure ses fluctuations par rapport à un panier de devises de référence, a peu varié dans l'attente d'une évolution concrète dans le conflit sino-américain et à deux jours de la publication du compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale.

Les investisseurs espèrent que les "minutes" de la Fed leur permettrons de mieux comprendre ce qui a incité les responsables de la Fed à adopter un ton neutre au début du mois.

L'euro s'est très légèrement apprécié aux dépens du billet vert, autour de 1,1165 dollar.

PÉTROLE

Les cours du pétrole évoluent dans les deux sens, partagés entre la crainte d'un ralentissement de la demande liée au conflit USA-Chine d'une part, et la perspective d'un maintien des réductions de production de l'Opep de l'autre.

Autre facteur ayant joué à la hausse: le président américain a menacé l'Iran de destruction dimanche sur fond de tensions accrues entre Washington et Téhéran.

Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 0,64% à 63,16 dollars le baril, alors que le Brent perd 0,25% à 72,03 dollars, après avoir atteint 73,40 dollars, plus haut depuis le 26 avril, en séance.

(April Joyner, Juliette Rouillon pour le service français,)

par April Joyner