(Actualisé avec graphique taux, autres marchés)

* Le Dow Jones perd 0,75%, le S&P 0,82%, le Nasdaq 1,73%

* S&P et Nasdaq subissent leur plus forts reculs depuis le 25 juin

* Le rendement des Treasuries à 10 ans à un pic de 11 ans

* L'indice Vix de la volatilité s'envole de 22%

* Les financières et "utilities" tirent leur épingle du jeu

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4 octobre (Reuters) - La Bourse de New York a fini en net repli jeudi, quoiqu'au-dessus de ses plus bas du jour, affectée comme les autres places mondiales par la brusque accélération de la remontée des rendements obligataires en prévision de nouvelles hausses des taux de la Réserve fédérale.

L'indice Dow Jones a cédé 200,91 points, soit 0,75%, à 26.627,48, mettant fin à six séances de hausse qui l'avaient porté à de nouveaux records .

Le S&P-500, plus large, a perdu 23,90 points ou 0,82% à 2.901,61, après un creux à 2.883,92.

Le Nasdaq Composite a chuté de son côté de 146,37 points (1,98%) à 7.878,72, plombé par les poids lourds technologiques.

En séance, le Nasdaq a enfoncé sa moyenne mobile de 50 jours, un signal graphique négatif, pour la première fois depuis le 15 août et l'indice de volatilité Vix est monté jusqu'à 15,84 (+4,23 points), au plus haut depuis cette même date, avant de clôturer à 14,22 (+2,61 points, soit 22,5%).

Même en finissant au-dessus de leurs plus bas, le S&P et le Nasdaq ont connu leur plus mauvaise séance depuis le 25 juin.

Les indicateurs économiques vigoureux des derniers jours et les commentaires enthousiastes de la Fed sur la bonne santé de l'économie américaine ont ravivé les craintes d'une accélération de l'inflation, propulsant le rendement des Treasuries à 10 ans à un pic de huit ans de 3,23%.

Au vu de l'enquête ADP et l'indice ISM des services bien meilleurs que prévu publiés mercredi, bon nombre de traders se disent que les chiffres de l'emploi de septembre, attendus vendredi, dépasseront eux aussi le consensus et ils surveilleront particulièrement la composante des salaires, surtout après l'annonce par Amazon cette semaine du relèvement du salaire minimum de ses employés.

"Une nouvelle surprise à la hausse avec la croissance salariale renforcerait le sentiment que l'inflation va s'installer au-dessus de l'objectif de 2% et que la Fed pourrait devoir durcir sa politique monétaire plus rapidement que ce qui était anticipé jusqu'ici", dit Hussein Sayed, responsable de la stratégie de FXTM.

Malgré la baisse de jeudi, les indices de Wall Street restent proches de leurs niveaux records, ce qui suscite des interrogations sur les valorisations des actions américaines à quelques jours de l'ouverture de la saison des résultats du troisième trimestre.

"L'envolée des rendements donne au marché d'occasion d'une respiration à des niveaux très élevés", commente Peter Cardillo, économiste chez Spartan Capital Securities à New York.

"Le marché obligataire vient perturber la Bourse mais je n'y vois rien de structurel, pour moi c'est davantage une pause du marché actions", renchérit Tony Roth, responsable des investissements chez Wilmington Trust à Wilmington (Delaware).

VALEURS

Neuf des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini dans le rouge, la plus forte baisse étant pour les technologiques (-1,78%), tirées par Apple (-1,76%).

Les services de communication ont lâché 1,48%, avec de forts reculs pour Netflix (-3,55%), Alphabet (-2,84%) et Facebook (-2,20%).

Les seules hausses ont été pour les services aux collectivités, en progression de 0,55%, et les financières qui ont gagné 0,71%.

Au sein de ce secteur, les valeurs bancaires, soutenues par les taux longs, se sont appréciées de 0,80% à l'image de JP Morgan & Chase (+0,90%), l'une des six valeurs du Dow Jones à avoir fini en territoire positif.

En tête du S&P-500, le groupe de spiritueux Constellation Brands, propriétaire de la bière Corona, s'est adjugé 5,38% après la publication de résultats trimestriels meilleurs que prévu et un relèvement de ses prévisions pour l'ensemble de l'exercice.

Egalement recherché, le laboratoire Eli Lilly a gagné 4,02%, avec à la clé un nouveau record, après l'annonce de résultats positifs d'essais d'un nouveau traitement du diabète de type 2.

Les techs n'ont pas été les seules valeurs à plomber le Nasdaq : l'indice Nasdaq Biotech a perdu 2,87%, sa plus forte baisse depuis avril, avec des reculs de plus de 3% pour Celgene ou Gilead Sciences.

Ce contexte agité n'a pas empêché Guardant Health, un fabricant de tests sanguins de détection du cancer, de réussir ses débuts sur le Nasdaq en s'adjugeant 69,47%.

Sur toute la cote, 831 valeurs ont touché des plus bas d'un an, le total le plus élevé depuis le 9 février dernier quand le marché commençait à se relever de la correction des jours précédents. Seulement 92 ont atteint des plus hauts.

LES INDICATEURS DU JOUR

Les inscriptions au chômage aux Etats-Unis ont diminué la semaine dernière de 8.000 à 207.000, à leur plus bas niveau depuis près de 49 ans, soulignant la vigueur du marché de l'emploi.

Les commandes à l'industrie ont enregistré quant à elles leur plus forte hausse depuis 11 mois en août (+2,3%), dopées surtout par l'aéronautique.

LA SÉANCE EN EUROPE

Plombées elles aussi par la hausse des rendements obligataires, les Bourses européennes ont aussi fini sur une baisse marquée.

Le CAC 40 a fini en repli de 1,47% à 5.410,85 points à Paris et à Londres le FTSE 100 a cédé 1,22%. A Francfort, où il n'y avait pas de transactions mercredi, le Dax a limité son recul à 0,35%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,89%, le FTSEurofirst 300 0,99% et le Stoxx 600 1,08% sa plus forte baisse depuis le 5 septembre.

La baisse des Bourses a été généralisée sur la planète avec l'indice MSCI Monde qui a perdu 1,00%.

TAUX

Le rendement des Treasuries à 10 ans a atteint 3,232%, un plus haut depuis mai 2011, après les indicateurs du jour qui ont confirmé la vigueur de l'économie américaine et dans l'anticipation de bons chiffres de l'emploi vendredi.

Ce bond du 10 ans est le plus important enregistré depuis la séance qui avait suivi l'élection présidentielle américaine.

Les rendements obligataires dans la zone euro ont aussi monté, dans le sillage de leurs équivalents américains, ce qui n'a pas empêché le "spread transatlantique" - l'écart de rendement entre les 10 ans américain et allemand - de s'élargir à 275 points de base, du jamais vu depuis trois décennies.

CHANGES

Le dollar a faibli contre l'euro et le yen, tout en restant proche de ses récents plus hauts, les cambistes évaluant l'impact de l'envolée des rendements obligataires.

Le yen progressait de 0,56% à 113,90 pour un dollar en fin de séance après être tombé auparavant à un plus bas de 11 mois à 114,54.

L'euro, tombé mercredi à un plus bas de six semaines autour de 1,15 dollar, s'est aussi repris, à 1,1513 (+0,3%).

L'indice dollar, qui mesure la valeur du billet vert face à un panier de devises de référence, était stable autour de 95,77.

ÉMERGENTS

Le peso argentin est retombé de 1,85%, à 38,4 pour un dollar, emporté comme d'autres devises émergentes par la hausse des taux longs américains. La devise argentine avait rebondi de 9,58% en trois séances après la révision annoncée la semaine dernière de l'accord d'aide financière du Fonds monétaire international (FMI) à l'Argentine.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont terminé en forte baisse sur le Nymex, la perspective d'une augmentation concertée de la production de la Russie et de l'Arabie saoudite suscitant des prises de bénéfice après les nouveaux plus hauts de quatre ans inscrits la veille par le Brent.

Le contrat novembre sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a perdu 2,72%, à 74,33 dollars le baril et le Brent de mer du Nord a rendu 1,98% à 84,58 dollars, après un pic à 86,74 dollars mercredi.

A SUIVRE VENDREDI :

La séance de vendredi sera surtout dominée par le rapport mensuel sur l'emploi du mois de septembre, publié en même temps que le chiffre du déficit commercial à 12h30 GMT. Selon le consensus réalisé par Reuters avant les indicateurs de cette semaine, les économistes prévoient en moyenne 185.000 créations de postes après les 201.000 annoncées pour août, un retour du taux de chômage à 3,8%, son plus bas historique, et une croissance de 2,8% des salaires en rythme annuel, après 2,9%.

Robert Kaplan, président de la Fed de Dallas, participera à 16h30 GMT à une séance de questions-réponses avant une conférence-déjeuner à Waco (Texas), l'occasion peut-être pour ce banquier central de commenter la statistique.

(Avec Medha Singh à Bangalore et Marc Angrand à Paris, Véronique Tison pour le service français)