(Actualisé avec volumes, autres marchés)

* Le Dow gagne 0,71%, le S&P 500 prend 0,61%, le Nasdaq 0,53%

* Espoirs d'un report des droits de douane contre le Mexique

* La hausse des prix du pétrole dope les valeurs de l'énergie

* Le dollar baisse à la veille des chiffres de l'emploi

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6 juin (Reuters) - La Bourse de New York a fini en hausse jeudi, dans l'espoir d'un accord entre les Etats-Unis et le Mexique sur le dossier des migrants qui permettrait de suspendre l'imposition de droits de douane dont la Maison blanche a brandi la menace.

L'indice Dow Jones a gagné 181,09 points, soit 0,71%, à 25.720,66 et le S&P-500, plus large, a pris 17,34 points ou 0,61% à 2.843,59.

Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 40,08 points (0,53%) à 7.615,55.

Les trois indices signent une troisième séance consécutive de hausse pour la première fois depuis la mi-mai.

Selon des sources, le Mexique a proposé de déployer 6.000 soldats à la frontière guatémaltèque pour lutter contre l'immigration clandestine et donner ainsi satisfaction à l'administration Trump qui, faute d'accord dans les négociations en cours à Washington, menace d'imposer des droits de douane de 5% sur les importations mexicaines à compter de lundi.

La mesure contre le voisin du sud, partenaire commercial de premier plan des Etats-Unis, avait été critiquée jusque dans les rangs du Parti républicain.

"L'escalade (des tensions commerciales) avec la Chine est importante, mais le fait qu'il (Trump) s'en prenne au Mexique est encore plus inquiétant pour les échanges économiques", observe Matt Ruffalo, analyste chez Clarfeld Financial Advisors.

"C'est pourquoi le sujet est très sensible."

Après la clôture, le vice-président Mike Pence s'est dit encouragé par les propositions mexicaines mais a souligné que les Etats-Unis maintenaient leur position de fermeté et que la décision reviendrait au président Trump, qui ne sera de retour à Washington que vendredi soir après son voyage en Europe pour les commémorations du débarquement allié du 6 juin 1944.

Lors de sa visite en France, Trump a été interrogé sur le conflit commercial avec la Chine et a indiqué qu'il prendrait une décision sur de nouvelles barrières douanières après le sommet du G20 des 28 et 29 juin.

Wall Street est par ailleurs restée soutenue par les espoirs de baisse de taux, une hypothèse que le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, n'a pas écartée mardi et qui pourrait être renforcée vendredi par une statistique de l'emploi décevante.

Le consensus est de 185.000 créations d'emplois en mai mais l'enquête ADP de mercredi, qui donne chaque mois un avant-goût de la statistique, est ressortie nettement sous les attentes.

"Les gens se positionnent pour une statistique faible. S'il n'y a pas d'accord commercial (avec la Chine) avant la fin juin et que l'emploi faiblit, on peut imaginer que la Fed envisage une baisse de taux à sa réunion de juillet", dit Sameer Samana, stratège au Wells Fargo Investment Institute de St. Louis.

Quelque 6,72 milliards d'actions ont changé de mains, à comparer à une moyenne de 7,12 milliards sur les 20 séances précédentes.

VALEURS

Les 11 grands indices sectoriels S&P 500 ont fini dans le vert, emmenés par le compartiment de l'énergie qui a pris 1,73% avec notamment Chevron (+2,58%) et Exxon Mobil (+1,82%), les deux plus fortes hausses du Dow Jones.

Le secteur des industrielles, sensible aux tensions commerciales, a effacé ses pertes en toute fin de séance pour terminer sur un gain symbolique de 0,01%.

Aux technologiques, le fabricant de semi-conducteurs Advanced Micro Devices a gagné 7,86%, la meilleure performance du S&P 500, à la faveur d'un relèvement de recommandation de Morgan Stanley.

Hors S&P 500, Barnes & Noble a bondi de 29,85% en réaction à une information du Wall Street Journal selon lequel le libraire pourrait être racheté par le fonds spéculatif Elliott Management.

LES INDICATEURS DU JOUR

Le déficit commercial américain a été réduit à 50,8 milliards de dollars (45,1 milliards d'euros) en avril, en baisse de 2,1% par rapport à mars, mais le déficit de la balance des échanges de biens avec la Chine a bondi de 29,7% à 26,9 milliards, selon les données du département du Commerce.

Le nombre de nouvelles inscriptions au chômage est resté stable à 218.00 la semaine dernière, alors que les économistes attendaient en moyenne une baisse à 215.000.

La baisse des coûts unitaires de main d'oeuvre au premier trimestre a été révisée à 1,6% en rythme annualisé au lieu de 0,9%.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les principales Bourses européennes avaient auparavant fini en repli, dans des marchés déçus que la Banque centrale européenne n'ait pas évoqué de baisse des taux et se soit contentée de repousser à nouveau l'horizon du premier relèvement de ses taux depuis la crise financière. La hausse de l'euro, en conséquence de ces annonces, a aussi pesé sur la tendance.

Le CAC 40 a terminé en baisse de 0,26% à 5.278,43 points à Paris. Le Footsie britannique a cédé 0,55% et le Dax allemand 0,23%.

L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 0,05% et le Stoxx 600 a abandonné 0,02%.

Renault a chuté de 6,41%, la plus forte baisse du CAC 40, à la suite de la décision par Fiat Chrysler FCHA.MI de retirer son offre de fusion à 30 milliards d'euros avec le constructeur français.

TAUX

Les rendements sont repartis à la hausse et ont atteint leurs plus hauts du jour en réaction aux informations sur un possible report des droits de douane contre le Mexique, les investisseurs délaissant les obligations pour revenir vers les actions. Le rendement des Treasuries à 10 ans, en baisse le matin, gagnait 0,80 point de base à 2,131% en fin de séance.

CHANGES

L'euro s'est raffermi face au dollar, les investisseurs s'étant préparés à un ton encore plus accommodant du président de la BCE Mario Draghi, à l'instar de celui adopté mardi par son homologue de la Fed Jerome Powell.

Le dollar est aussi sur la défensive avant la statistique de l'emploi de vendredi, au vu des seulement 27.000 créations de postes annoncées par le cabinet ADP, loin des 180.000 attendues. "La surprise à la baisse de l'enquête ADP implique un risque baissier pour notre prévision comme pour le consensus", écrivent les analystes de Morgan Stanley.

L'euro/dollar s'appréciait de 0,5% à 1,1272 en fin de séance et l'indice dollar, qui mesure la valeur du billet vert face à six devises de référence, reculait de 0,3%.

OR

En séance, l''or a tutoyé les 1.340 dollars sur le marché spot, portant ses gains à quelque 65 dollars depuis que Donald Trump a menacé jeudi dernier d'imposer des droits de douane sur les importations mexicaines. Il est ainsi revenu à six dollars de son plus haut de 2019 atteint en février.

En fin de séance, le métal fin réduisait son avance à +0,4%, à 1.334,70 dollars. "L'or a énormément monté en peu de temps, je ne serais pas surpris de le voir consolider", observe Ole Hansen, stratège pour les matières premières chez Saxo Bank.

PÉTROLE

Les cours du pétrole sont repartis à la hausse avec le regain d'appétit pour le risque. Les futures sur le Brent et le brut léger américain ont gagné respectivement 1,72% et 1,76% sur le Nymex et leur avance dépassait nettement les 2% dans les transactions après la clôture.

A SUIVRE VENDREDI :

L'agenda de la fin de semaine est chargé avec des indicateurs de part et d'autre de l'Atlantique, notamment les créations d'emplois de mai aux Etats-Unis, et la réunion des grands argentiers du G7 au Japon.

(avec Sinéad Carew à New York et Medha Singh à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)