* Le S&P 500 a gagné 0,21%, 1ère hausse de la semaine
* Les gains restent fragiles face aux tensions commerciales
* En témoigne le rebond avorté sur les Treasuries
* L'énergie a pesé avec la chute des cours du pétrole
* LE PIB US du T1 légèrement révisé à la baisse
par Blandine Henault
PARIS, 30 mai (Reuters) - La Bourse de New York a fini de
justesse en légère hausse jeudi, pour la première fois de la
semaine, les investisseurs s'étant offert un répit relatif après
le regain d'inquiétudes lié à la persistance des tensions
commerciales entre Washington et Pékin.
Les déclarations du vice-président américain Mike Pence, qui
s'est dit optimiste sur le fait que le président Donald Trump et
son homologue chinois Xi Jinping fassent des progrès sur le
dossier du commerce lors du prochain G20, ont aidé les indices
boursiers américains en toute fin de séance.
Mais la chute des cours du pétrole, qui a pesé sur le
secteur de l'énergie, a freiné toute tentative de rebond plus
marqué.
L'indice Dow Jones a gagné 43,47 points (+0,17%) à
25.169,88 points. Le S&P-500, plus large, a pris 5,84
points, soit 0,21%, à 2.788,86 points.
De son côté, le Nasdaq Composite a avancé de 20,41
points (+0,27%) à 7.567,71 points.
"Aujourd'hui, c'est le soleil après la pluie mais les nuages
noirs ne devraient pas disparaître pour de bon. Pékin a pris son
temps avant de riposter à Washington mais la menace de réduire
les exportations de terres rares vers les Etats-Unis a été une
étape importante dans les tensions commerciales", observe David
Madden, chez CMC Markets.
La presse officielle chinoise a rapporté mercredi que la
Chine était disposée à user de sa position dominante dans les
terres rares comme une arme dans les négociations commerciales
avec les Etats-Unis.
En réponse, le Pentagone a annoncé être en quête de fonds
fédéraux destinés à stimuler la production de terres rares aux
Etats-Unis et de réduire la dépendance du pays vis-à-vis de la
Chine.
Provoquer des conflits commerciaux relève du "terrorisme
économique", a par ailleurs déclaré jeudi un diplomate chinois
de haut rang, confirmant ainsi le changement de ton récent de
Pékin face à Washington.
Dans ce contexte, les investisseurs redoutent que le conflit
commercial entre les deux puissances économiques mondiales ne
s'éternise et freine davantage la croissance économique
mondiale.
La dégradation des relations sino-américaines sur le
commerce a lourdement pesé à Wall Street ce mois-ci, les
principaux indices accusant une baisse de plus de 5% en mai.
Parallèlement, les rendements obligataires ont chuté, celui
des Treasuries à dix ans ayant touché un plus bas
depuis septembre 2017.
VALEURS
Les valeurs bancaires, pénalisées par la faiblesse des taux
d'intérêt ont reculé de 1,15% et le secteur de
l'énergie a perdu 1,18% dans le sillage de la chute des
cours du brut.
A l'inverse, le compartiment technologique, parmi
les plus forts replis sectoriels ce mois-ci, a gagné 0,6%, aidé
par le bond de 10,61% de Keysight Technologies en
réaction à l'annonce de résultats trimestriels meilleurs que
prévu.
Dollar General Corp a grimpé de 7,14%, le groupe de
distribution à bas coûts ayant annoncé des ventes à magasins
comparables et des résultats supérieurs aux attentes.
Viacom a gagné 3,49% après une information de
presse selon laquelle CBS Corp (+3,19%) envisage des
discussions dès la mi-juin en vue d'une fusion avec le groupe de
médias.
TAUX
La remontée des rendements des Treasuries observée à
l'ouverture positive de Wall Street n'a pas fait long feu : le
taux à dix ans a fini à 2,2133% après un pic en séance à 2,285%.
Il avait touché mercredi un creux à 2,21%, au plus
bas depuis septembre 2017.
La courbe entre les rendements à dix ans et trois mois
reste inversée.
En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans
, référence pour l'ensemble de la zone euro, est
remonté jusqu'à -0,148% en séance avant de clôturer à -0,169%.
Il a mis fin à trois séances consécutives de baisse qui l'ont
ramené jusqu'à -0,179%, son plus bas niveau depuis juillet 2016.
CHANGES
En dépit de la faiblesse des rendements des Treasuries, le
dollar continue de profiter de son statut de valeur refuge et
évolue non loin d'un pic d'une semaine face à un panier de
devises de référence.
"La vigueur du dollar est surprenante étant donné que les
marchés anticipent actuellement plusieurs baisses de taux d'ici
2020", commente Ulrich Leuchtmann, stratège sur les changes chez
Commerzbank.
L'euro est pratiquement inchangé contre le billet vert à
1,1130, pénalisé par le regain de tension entre la
Commission européenne et l'Italie au sujet des finances
publiques de cette dernière.
Le ministre de l'Economie italien Giovanni Tria a déclaré
jeudi que le déficit budgétaire serait inférieur à l'objectif
officiel de 2,4% du produit intérieur brut (PIB) et qu'aucune
mesure corrective ne s'imposait.
De son côté, le vice-président du Conseil italien Matteo
Salvini a exclu la tenue d'élections législatives anticipées.
La livre sterling est pour sa part retombée brièvement jeudi
sous la barre de 1,26 dollar pour la première fois depuis
le 3 janvier dans un contexte d'incertitudes accrues sur le
Brexit après le départ annoncé de la Première ministre Theresa
May.
PÉTROLE
Les cours du pétrole ont chuté jeudi sur le Nymex pour
tomber à des plus bas de deux mois, en réaction à l'annonce
d'une diminution moins forte que prévu des stocks de brut aux
Etats-Unis la semaine dernière, selon les données de l'Agence
américaine d'information sur l'énergie (EIA).
Les tensions commerciales persistantes entre Washington et
Pékin pèsent également sur les cours, les investisseurs
redoutant que le conflit ne freine la croissance économique
mondiale et donc la demande en pétrole.
Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI)
a cédé 3,8%, à 56,59 dollars. Le Brent perdait 4% à 66,64
dollars le baril.
Les deux contrats de référence sont en passe d'accuser des
replis respectifs de l'ordre de 11% et 8% en mai, ce qui
marquerait leur premier repli mensuel en cinq mois.
LES INDICATEURS DU JOUR
L'annonce d'une légère révision à la baisse de la croissance
du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis au premier
trimestre, à 3,1% contre 3,2% en première estimation, n'a eu
aucun effet sur la tendance.
Autre indicateur sans impact sur les marchés, les
inscriptions hebdomadaires au chômage ont très légèrement
augmenté la semaine dernière aux Etats-Unis, ce qui suggère que
le marché du travail reste tendu malgré le ralentissement de
l'économie.
LA SÉANCE EN EUROPE
Les Bourses européennes ont légèrement progressé jeudi dans
des volumes extrêmement réduits en ce jour de l'Ascension, férié
notamment en France, mais leur rebond paraît fragile sur fond de
craintes persistantes autour des tensions entre les Etats-Unis
et leurs principaux partenaires commerciaux.
À Paris, le CAC 40 a pris 0,51% à 5.248,91 points.
Le Footsie britannique a gagné 0,46% et le Dax allemand
a avancé de 0,54%.
L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 0,62%, le
FTSEurofirst 300 de 0,35% et le Stoxx 600 de
0,42%.
A SUIVRE VENDREDI :
La journée de vendredi sera marquée par deux indicateurs à
surveiller: les indices PMI officiels chinois et, aux
Etats-Unis, les statistiques des revenus et dépenses des
ménages, accompagnées de l'indice des prix "core PCE", une
mesure de l'inflation suivie de près par la Réserve fédérale.
(avec David Randall et Amy Caren Daniel à New York)
© Reuters 2019