Si les gouvernements et autres institutions ont été plébiscités pour la rapidité de leurs mesures face à la crise actuelle, Matthieu Bailly, directeur général délégué d'Octo AM s'interroge sur la légitimité de ces mesures sur le long terme. Il pose trois questions. En premier lieu, est-il logique de faire grimper la dette des Etats de dizaines de points par rapport au PIB pour 3 mois de crise sanitaire ?

Si les graphiques boursiers montrent en effet que la crise financière pourrait rapidement être derrière nous, c'est uniquement par un transfert d'argent public vers le privé, le même que celui effectué depuis 2015, observe le professionnel.

On peut évidemment en attendre, pour les années à venir, une hausse des disparités économiques déjà prégnantes en Europe, et propres à entraîner de nouvelles tensions sociales et politiques, encore plus exacerbées que les précédentes, note Matthieu Bailly.

Par ailleurs, pourquoi continuer de soutenir systématiquement, à chaque crise, des secteurs entiers qui n'ont pas réussi à entrer suffisamment dans la compétition mondiale et qui sont peu rentables, peu avancés dans la découverte de nouvelles technologies, voire même qui maintiennent les pays dans un retard significatif car ils épongent leurs aides publiques depuis des décennies.

Matthieu Bailly parle ici de l'industrie automobile, de l'aviation, de certaines entreprises parapétrolières comme Vallourec ou CGG, autant d'entreprises, soi-disant des fleurons de l'économie, qui sont en fait des entreprises zombies depuis bien longtemps et qui ne tiennent qu'au chantage à l'emploi.

Mais un Etat ne pourrait-il pas imaginer qu'investir pour créer, imaginer et rebâtir peut être plus productif qu'investir pour maintenir l'existant ?

Enfin, constate-t-il, gouvernements et BCE semblent n'avoir qu'une arme en main, celle de la liquidité, qu'ils manient pour chaque type de crise par des injections toujours plus massives sans jamais n'être parvenu, comme ce devrait être le cas pour une politique monétaire saine, à la détruire, l'objectif de la croissance et de l'inflation semblant toujours être pour des lendemains plus ou moins lointains.

Mais, in fine, la liquidité grimpe au sein des marchés financiers, l'inflation se propage sur les actifs non productifs plutôt que sur les biens de consommation, les rentabilités des actifs baissent et découragent ainsi les investisseurs de prendre des risques, les entreprises zombies continuent d'offrir leurs services et leurs produits à des prix toujours plus bas au lieu de mourir et de participer à la destruction créatrice, explique Matthieu Bailly. Ne pourrait-on pas imaginer partir d'une stratégie économique plutôt que de partir de l'outil liquidité ?

Octo AM apportera les réponses au fil des événements et des nouveaux déséquilibres qui apparaîtront probablement dans les mois et années à venir.