Dans un texte préparé pour son audition semestrielle mardi devant la Commission bancaire du Sénat, le président de la Fed a affirmé qu'il pensait non seulement que l'économie se portait bien, mais qu'une phase de croissance stable s'annonçait, à condition que la Fed mène une politique monétaire adaptée.

"Avec une politique monétaire appropriée, le marché du travail restera vigoureux et l'inflation se maintiendra près de 2% pendant plusieurs années", dit-il dans son texte.

Il s'agit des propos les plus clairs à ce jour affirmant que le double objectif de la Fed - emploi et inflation - est à portée de main, plus de dix ans après que les Etats-Unis ont été plongés dans une profonde crise financière.

La Fed "croit que - pour le moment - la meilleure manière d'aller de l'avant est de continuer à relever progressivement le taux des federal funds", de manière à suivre le renforcement de l'économie, mais sans relever trop, ni trop vite, les taux pour affaiblir la croissance, a-t-il ajouté.

Il n'a pas donné son point de vue sur le rythme auquel il faudrait relever les taux, ni dit s'il pensait, comme certains de ses collègues, que la Fed devrait marquer une pause dans son cycle de hausse des taux à un moment donné de l'an prochain si l'inflation reste maîtrisée.

La Fed a relevé ses taux déjà deux fois cette année et les marchés anticipent deux relèvements supplémentaires d'ici décembre par rapport à la fourchette cible actuelle située entre 1,75% et 2,0%.

Comme d'autres responsables de la Fed, Jerome Powell s'est refusé jusqu'à présent à affirmer que l'objectif de 2% d'inflation était atteint même si la plupart d'entre eux ont reconnu qu'avec un taux de chômage à 4%, la bataille pour l'emploi était gagnée.

Mais le taux d'inflation privilégié par la banque centrale a atteint 2,3% en mai et il s'inscrit à 2% sans compter les éléments volatils que sont l'alimentation et les prix de l'énergie.

 

INCERTITUDES SUR LE COMMERCE

L'inflation est "proche" de l'objectif de la Fed et "les données récentes sont encourageantes", a cité Powell parmi les raisons pour lesquelles il pense que la reprise sera durable.

La faiblesse des taux, la stabilité du système financier, la poursuite de la croissance mondiale et le soutien apporté par les récentes baisses d'impôts et les hausses des dépenses budgétaires "continuent à soutenir la croissance", a-t-il dit.

Après un bon début d'année, la croissance américaine semble avoir accéléré, "des créations d'emplois robustes, des résultats après impôts en hausse et des ménages optimistes ont soutenu les dépenses de consommation ces derniers mois. L'investissement des entreprises a continué à augmenter à un bon rythme", a-t-il ajouté.

Jerome Powell a certes reconnu une incertitude entourant la politique commerciale de l'administration Trump qui, selon l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), pourrait mettre en péril la reprise économique mondiale.

Mais, a-t-il dit, "il est difficile de prévoir le résultat ultime des discussions de politique commerciale en cours". Globalement, les risques pour l'économie sont "à peu près équilibrés" avec pour évolution la plus probable une poursuite des créations d'emplois, avec une inflation modérée et une croissance soutenue.

Répondant par la suite aux questions des sénateurs, il a toutefois admis qu'imposer des droits de douane élevés pendant une longue période serait néfaste pour l'économie américaine.

Sur le marché des futures sur taux à court terme, les traders ont continué à parier sur deux nouvelles hausses de taux cette année après le discours confiant du président de la Fed sur la croissance américaine. Ils continuent de tabler sur un relèvement en septembre et sur plus de 50% de chances d'un autre en décembre, à peu près de la même manière qu'avant le discours.

De même, les marchés d'actions et de taux sont restés relativement stables après les propos préliminaires de Powell qui, selon les analystes, n'ont apporté que peu de surprises.

"Il n'y a vraiment rien dans ces remarques préliminaires pour faire bouger sensiblement les taux. Powell continue à indiquer des relèvements progressifs de taux, il paraît assez positif sur la situation économique. Il semble que (...) les risques soient à peu près équilibrés et il n'a pas beaucoup évoqué le commerce. Ce qui fait que globalement il n'y a pas grand chose qui justifie de modifier ses perspectives", a dit Gennadiy Goldberg, stratégiste taux chez TD Securities.

 

(Howard Schneider, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Howard Schneider