Histoire de partir sur des bases saines, je vais ruiner le suspense d'entrée : l'aiguille du Powellomètre est restée en zone d'achat du point de vue des investisseurs. Jerome Powell avait l'occasion hier soir lors d'une allocution publique d'affiner le message que la banque centrale américaine avait fait passer début février. Et pour la seconde fois d'affilée, il a refusé de tempérer l'optimisme des marchés financiers alors qu'il en avait l'occasion. En réalité, le fil des événements est un peu plus subtil et nous allons le repasser ensemble. Le patron de la Fed est intervenu un peu avant 19h00, ce qui signifie que les marchés européens étaient déjà clos. Ils avaient terminé en ordre dispersé, signe d'une certaine prudence. Les deux locomotives boursières européennes, la France et l'Allemagne, ont perdu du terrain. Le FTSE britannique était en revanche légèrement haussier, comme l'Espagne ou l'Italie. Bref, une séance un peu attentiste, rendez-vous post-clôture avec la Fed oblige.

Wall Street avait démarré dans les mêmes dispositions. Avant de partir dans tous les sens au gré des déclarations de Powell. Violemment vers le haut d'abord, puis brutalement vers le bas ensuite, puis à nouveau vers le haut. Des mouvements que mes grandes compétences en analyse technique me permettent de qualifier de configuration en Totoro renversé, comme vous pouvez le constater en dessous. Et, non, je ne suis pas ivre, même si l'utilisation du personnage du Studio Ghibli en analyse technique est assez personnelle.

La fameuse figure chartiste du Totoro Inversé
La fameuse figure chartiste du Totoro Inversé

Au final, les investisseurs américains ont estimé que les mots de Jerome Powell confortent leur analyse d'une Fed qui n'ira pas beaucoup plus loin dans sa politique monétaire restrictive. Le banquier central s'est montré un peu plus combatif que la semaine précédente sur les incertitudes qui perdurent et qui pourraient conduire l'institution à relever ses taux plusieurs fois, mais le marché n'y croit pas trop. Et pas uniquement le marché action : le marché obligataire n'a pas vraiment cillé aux commentaires. Comme je l'expliquais hier, les financiers avaient de toute façon prévu de se laisser porter par leur enthousiasme actuel, sauf si Powell venait à se montrer TRES rabat-joie. Ce ne fut pas le cas. Ce qui explique que le Nasdaq 100 ait repris sa marche en avant en s'adjugeant plus de 2% et en gommant la majeure partie de la baisse accumulée sur les deux premières séances de la semaine. Le S&P500 a pris le sillage en gagnant 1,3%. En ce jour du "nirvana parfait" pour la tradition bouddhique, comme j'ai pu l'apprendre en compulsant internet ce matin, la libido des investisseurs reste florissante. Et leur scénario préféré reste valide : l'économie ne s'en sort pas si mal, l'inflation continue à baisser et la banque centrale américaine peut mettre fin à son cycle de resserrement monétaire. Ce qui induit un accès facilité aux financements dans les mois à venir, une dynamique économique qui repart et des marchés actions en hausse. Merci, de rien, aurevoir messieurs dames. Ça c'est pour le plan sans accroc, celui qui est écrit sur le papier. La réalité réserve souvent d'autres surprises.

Pendant ce temps, les entreprises continuent à égrener leurs publications de résultats. Il y a encore du lourd en Europe ce matin, notamment TotalEnergies et Equinor dans le pétrole, AP Moller Maersk dans le transport maritime, Société Générale et Adyen dans la finance ou Vestas dans les énergies renouvelables. Hier soir, Volkswagen a présenté des chiffres préliminaires annuels décevants. Walt Disney, CVS Health et Uber viendront compléter le tableau aux Etats-Unis. L'agenda macroéconomique sonne assez creux en revanche, même si la banque centrale indienne a donné à son tour un petit tour de vis monétaire cette nuit, en portant son principal taux directeur à 6,50%.

Dans le reste de l'actualité, le bilan humain du double séisme en Turquie et en Syrie s'alourdit d'heure en heure. Aux Etats-Unis, Joe Biden a prononcé cette nuit son discours sur l'état de l'Union devant le sénat. Dans le volet économique, il a attaqué les grandes entreprises de la technologie, de la santé et de l'énergie sur leurs gains faramineux et leur ingénierie fiscale.

Retour sur les marchés boursiers qui ont déjà terminé leur parcours ou qui sont déjà ouverts. Le Japon accuse un peu le coup ce matin avec la remontée du yen, en clôturant en baisse de 0,3% du côté du Nikkei 225. La Chine hésite toujours autour de l'équilibre, avec une légère hausse à Hong Kong et une baisse modeste sur le continent. La Corée du Sud embrasse plus franchement l'enthousiasme américain en s'adjugeant 1,2% pour le KOSPI. L'Australie et l'Inde affichent aussi de belles dispositions. Les marchés européens sont attendus en vive hausse pour combler le décalage ouvert avec les Etats-Unis sur la séance de la veille. Le CAC40 démarre la séance sur un rebond de 0,7% à 7188 points.

Les temps forts économiques du jour

Petite journée avec les stocks des grossistes américains en décembre (16h00) et les stocks pétroliers du DOE (16h30). Tout l'agenda ici. Ce matin, la banque centrale indienne a relevé son principal taux directeur d'un quart de point à 6,5%.

L'euro se stabilise à 1,0733 USD. L'once d'or ne varie guère à 1876 USD. Le pétrole se redresse, avec un Brent de Mer du Nord à 83,70 USD le baril et un brut léger américain WTI à 77,28 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans est remonté à 3,65%. Le bitcoin se négocie autour de 23 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • AB Volvo : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 205 SEK.
  • BNP Paribas : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 77 à 83 EUR.
  • Comet : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 250 à 259 CHF.
  • Deezer : Société Générale reste à conserver avec un objectif de cours de 2,80 EUR.
  • Embracer : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 150 à 110 SEK.
  • Focus Entertainment : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 65 EUR.
  • HelloFresh : Credit Suisse passe de surperformance à neutre.
  • Idorsia : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours réduit de 15 à 12,50 CHF.
  • Julius Bär : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 65 à 70 CHF.
  • Koné : Exane BNP Paribas passe de neutre à sousperformance en visant 43 EUR.
  • LEM : Research Partners reste à conserver avec un objectif réduit de 2100 à 2050 CHF.
  • Nokian Renkaat : DNB Markets passe d'acheter à conserver en visant 10,50 EUR.
  • Scor : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 28 à 29,50 EUR.
  • Skanska : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif relevé de 125 à 154 SEK.
  • Synlab : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 10 EUR.
  • Thulé : SEB Equities passe d'acheter à conserver en visant 275 SEK.
  • Traton : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 13,50 à 16 EUR.
  • Ubisoft : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 42 à 23 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Amundi : la société de gestion publie des résultats en baisse mais supérieurs aux attentes au T4, avec 15 Mds€ de collecte nette.
  • Rubis : les revenus du T4 sont en hausse de 33%.
  • Société Générale : le bénéfice net du T4, 1,16 Md€, dépasse les attentes. Les objectifs 2025 sont confirmés.
  • TotalEnergies : le groupe va racheter 2 Mds€ d'actions et accroître son dividende après avoir dégagé 7,56 Mds$ de bénéfices au T4.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • ABN Amro : en marge de ses résultats du T4, la banque annonce qu'elle va racheter 500 M€ d'actions.
  • Adyen : la marge d'Ebitda ressort inférieure aux attentes au second semestre.
  • AP Moller Maersk : l'Ebitda sous-jacent se situera cette année entre 8 et 11 Mds$, contre 13,5 Mds$ attendus par le consensus.
  • ON SE : le groupe a publié des résultats jugés rassurants.
  • Equinor : les bénéfices du T4 montent à 5,8 Mds$. Le Norvégien va verser 0,90 USD de dividende, dont 0,60 USD de coupon exceptionnel.
  • Neste : le bénéfice a atteint 1,89 Md€ en 2022.
  • Volkswagen : les chiffres annuels préliminaires font état d'un chiffre d'affaires légèrement meilleur que prévu et d'un résultat opérationnel un peu inférieur aux attentes.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures