S'exprimant dans le cadre du symposium économique de Jackson Hole, dans l'Etat américain du Wyoming, Jerome Powell a énuméré une série de risques économiques et géopolitiques dont la Fed surveille l'évolution en notant que nombre d'entre eux sont liés aux tensions commerciales entre les Etats-Unis et plusieurs de leurs partenaires commerciaux, à commencer par la Chine.

Mais "l'économie américaine a continué d'enregistrer de bonnes performances globales", a-t-il dit. "L'investissement des entreprises et l'industrie manufacturière se sont affaiblis mais une croissance solide de l'emploi et la hausse des salaires ont tiré une consommation robuste et soutenu une croissance globale modérée."

Si les conflits commerciaux ont pesé sur l'investissement et la confiance des entreprises, contribuant à une "détérioration" de la croissance mondiale, a-t-il expliqué, la Fed ne peut pas à elle seule régler ces problèmes par le biais de la politique monétaire.

Il n'y a "pas de précédents susceptibles de guider la réponse de la politique monétaire à la situation actuelle", a-t-il dit, jugeant qu'il n'appartenait pas à la Fed de fournir les "règles du jeu" du commerce international.

Face à l'éventualité d'un Brexit "dur", aux tensions à Hong Kong, au ralentissement économique dans des pays comme l'Allemagne et à d'autres événements hors des Etats-Unis, a-t-il poursuivi, la Fed a besoin de pouvoir regarder "au-delà" des turbulences de court terme pour se concentrer sur l'évolution de la situation américaine.

Il a rappelé que durant les années 1990, des baisses de taux avaient contribué à prolonger la phase d'expansion.

La Réserve fédérale a réduit d'un quart de point l'objectif de taux des fonds fédéraux, le principal instrument de sa politique monétaire, le 31 juillet. Cette baisse est la première décidée par la banque centrale américaine depuis 2008.

NOUVELLES CRITIQUES DE TRUMP

Mais le ton général du discours prononcé par Jerome Powell vendredi risque de décevoir les investisseurs qui anticipent une nouvelle baisse en septembre voire d'autres d'ici la fin de l'année.

La réaction initiale des marchés financiers à ses déclarations a d'ailleurs été peu marquée, les rendements obligataires baissant légèrement tandis que Wall Street, qui avait ouvert dans le rouge, revenait tout près de l'équilibre vers 14h50 GMT et que le dollar cédait du terrain.

Le discours du président de la Fed a en revanche suscité de nouveaux commentaires acerbes du président américain, Donald Trump, qui multiplie depuis des semaines les critiques publiques visant la banque centrale, à laquelle il reproche de ne pas baisser suffisamment les taux.

"Comme d'habitude, la Fed n'a RIEN fait! C'est incroyable qu'elle puisse 'parler' sans savoir ni demander ce que je fais, ce qui sera annoncé très vite", a-t-il dit dans un message publié sur Twitter.

"Ma seule question, c'est: qui est notre pire ennemi, Jay Powel ou le président Xi ?", a-t-il ajouté en référence au chef de l'Etat chinois, Xi Jinping.

Pour Jerome Powell, la Fed "doit regarder au-delà d'événements qui pourraient être passagers, se concentrer sur la manière dont l'évolution de la situation commerciale affecte les perspectives et ajuster sa politique afin de promouvoir nos objectifs", à savoir une inflation de 2% et la bonne santé du marché du travail.

Le compte rendu de la dernière réunion de la Fed et les récentes déclarations de plusieurs responsables de l'institution ont montré que Jerome Powell était loin de pouvoir compter sur un consensus au sein du comité de politique monétaire.

Vendredi, le président de la Fed de St. Louis, James Bullard, a ainsi déclaré que le Federal Open Market Committee (FOMC) aurait en septembre un débat "solide" sur l'opportunité d'une baisse de taux d'un demi point alors que son homologue de Cleveland, Loretta Mester, soulignait ne pas être convaincue de l'opportunité d'une nouvelle baisse.

(Howard Schneider et Ann Saphir; Marc Angrand pour le service français)

par Howard Schneider, Ann Saphir et Trevor Hunnicutt