15 janvier (Reuters) - L'idée que la Réserve fédérale doit être prudente et patiente sur le chapitre de la hausse des taux fait son chemin sans encombre auprès des responsables de la banque centrale et notamment auprès d'Esther George, la présidente de la Fed de Kansas City, qui passe pourtant pour être une rigoriste.

Après deux années de resserrement monétaire à coups de relèvement du taux des Fed funds d'un quart de point, celle-ci a déclaré mardi que le coût d'emprunt était proche de la neutralité, c'est-à-dire qu'il ne stimulait ni ne freinait la croissance économique.

"Il me semble que pour l'heure, il nous faut procéder avec prudence et patience car nous approchons de notre destination", a-t-elle dit, suivant le texte de son discours. "Une pause dans le processus de normalisation nous donnerait le temps de vérifier si l'économie réagit comme nous nous y attendons, avec un ralentissement de la croissance à un rythme qui pourra être tenu sur le long terme".

George, qui dispose du droit de vote cette année, s'était démarquée de ses collègues en 2016, lorsqu'ils s'étaient prononcés pour une pause des hausse de taux dans un contexte de volatilité des marchés et d'apparition de signes d'un ralentissement économique.

Elle estime en particulier que l'économie doit encore incorporer les répercussions des précédentes hausses de taux.

"Ne pas prendre en compte ce décalage (dans l'intégration des répercussions) risque d'aboutir à un durcissement monétaire exagéré, à un retournement de la croissance et à nous retrouver sous l'objectif d'inflation", écrit-elle.

Même si de nouvelles hausses de taux peuvent s'avérer pertinentes, "se faire un jugement à ce sujet n'a rien d'urgent et doit reposer sur un examen attentif des données; il nous faut avoir une vue plus claire de notre destination et de la route qu'il reste encore à accomplir pour l'atteindre et dans quel délai".

George a par la suite déclaré que la Fed n'avait pas encore une compréhension totale des répercussions sur l'économie du processus de réduction de son bilan.

La banque centrale a dit qu'elle se fondait sur les taux courts, et non sur sa politique de gestion du bilan, pour gérer l'économie mais les propos d'Esther George, après ceux d'autres responsables de la Fed, laissent penser que la Fed est en train de revoir sa position.

Neel Kashkari, le président de la Fed de Minneapolis, a lui rappelé mardi son opinion suivant laquelle la Fed ne doit pas augmenter les taux d'intérêt tant que l'inflation reste basse, tandis que Robert Kaplan, son homologue de la Fed de Dallas, a dit que la banque centrale pouvait se payer le luxe d'attendre avant de relever encore les taux en raison de la multiplication des risques et d'une inflation discrète.

Enfin, le compte rendu - publié mardi - des dernières discussions qu'ont eu les 12 antennes régionales de la Réserve fédérale montre que la moitié d'entre elles ont voté en décembre contre la hausse des taux finalement intervenue ce mois-là. (Ann Saphir Wilfrid Exbrayat pour le service français)