(Ajoute manoeuvres, réaction de la Chine, autres propos de Bannon)

SEOUL, 17 août (Reuters) - La Corée du Nord franchirait une "ligne rouge" si elle plaçait une ogive nucléaire sur un missile intercontinental, a déclaré jeudi le président sud-coréen, Moon Jae-in.

Mais il a rappelé dans le même temps que les Etats-Unis s'étaient engagés à ne prendre aucune initiative militaire sans solliciter au préalable l'accord de Séoul.

Les tensions se sont ravivées ce mois-ci entre la Corée du Nord et les Etats-Unis à la suite de tirs de missiles balistiques intercontinentaux par Pyongyang, qui cherche parallèlement à se doter d'un arsenal nucléaire.

Le président Donald Trump a menacé de déclencher le "feu" et la "fureur" contre la Corée du Nord si cette dernière prenait de nouvelles initiatives jugées menaçantes par les Etats-Unis.

"Je considérerais que la Corée du Nord franchit une ligne rouge si elle tire à nouveau un missile balistique intercontinental et qu'elle l'arme en plaçant une ogive nucléaire à la tête de ce missile", a dit Moon Jae-in lors d'une conférence de presse marquant ses 100 jours à la présidence.

Le président sud-coréen a exhorté à plusieurs reprises la Corée du Nord à ne pas franchir de "ligne rouge" mais il n'avait jamais défini ce qu'elle était.

"DÉCISION TRÈS SAGE"

Donald Trump, a-t-il ajouté, s'est engagé à privilégier des négociations et à solliciter l'aval de la Corée du Sud avant de prendre la moindre décision au sujet de la Corée du Nord.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a décidé d'attendre d'observer l'attitude des Etats-Unis avant de mettre éventuellement à exécution un projet de tirs de quatre missiles près de l'île de Guam, territoire américain du Pacifique, a rapporté mardi l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA.

Donald Trump a salué mercredi "une décision très sage et très raisonnée".

La Corée du Nord dénonce toutefois toujours les manoeuvres militaires annuelles conjointes des Etats-Unis et de la Corée du Sud, qui doivent débuter lundi prochain.

Ces manoeuvres irritent aussi la Chine, seul appui de Pyongyang sur la scène internationale mais qui a voté le 5 août une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations unies imposant des sanctions supplémentaires à la RPDC.

La tenue de ces manoeuvres ne figure pas actuellement comme "un élément de la négociation à quelque niveau que ce soit", a dit jeudi à Pékin le chef d'état-major des armées américaines, le général Joseph Dunford.

En visite au Chili, le vice-président américain, Mike Pence, a pour sa part déclaré mercredi que "toutes les options" restaient envisagées concernant la Corée du Nord.

GUERRE COMMERCIALE

Conseiller spécial de Donald Trump, Steve Bannon a en revanche jugé qu'il n'existait "pas de solution militaire" aux menaces de la Corée du Nord, en raison des armes que cette dernière pointe vers la capitale sud-coréenne.

"Jusqu'à ce que quelqu'un résolve la partie de l'équation me prouvant que 10 millions de personnes à Séoul ne sont pas tuées dès la première demi-heure par des tirs d'armes conventionnelles, je ne vois pas de quoi vous parlez", dit Steve Bannon dans une interview publiée par The American Prospect.

Pour le conseiller spécial de la Maison blanche, les Etats-Unis doivent se montrer plus durs sur le plan commercial avec la Chine et ne pas reléguer cette question au deuxième plan dans l'espoir que Pékin fera pression sur Kim Jong-un.

"Pour moi, la guerre économique avec la Chine, c'est tout. Et nous devons nous concentrer de manière obsessionnelle là-dessus", a dit Steve Bannon, cité par The American Prospect.

"Nous sommes en guerre sur le plan économique avec la Chine", ajoute-t-il. "Et si nous continuons de la perdre, dans cinq ou dix ans au plus nous nous trouverons à un point de bascule sans possibilité de retour en arrière".

A Pékin, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a déclaré en réaction aux propos de Steve Bannon, qu'elle a dit avoir lus, que la coopération entre les Etats-Unis et la Chine "a apporté de réels bénéfices aux peuples des deux pays".

"Nous l'avons dit par le passé, une guerre commerciale n'a aucun avenir (...) et ne produira aucun vainqueur. Nous espérons que les parties concernées puissent cesser d'aborder les sujets du XXIè siècle avec une mentalité des XIXè ou XXè siècles". (Christine Kim, avec Michael Martina et Christian Shepherd à Pékin, Bertrand Boucey et Gilles Trequesser pour le service français)