DUBAI, 2 septembre (Reuters) - Qatar National Bank , le groupe bancaire public du Qatar qui cherche à croître dans la région en réalisant des acquisitions, a mandaté JP Morgan Chase & Co pour le conseiller sur son projet de rachat de la filiale égyptienne de la Société générale , a-t-on appris de trois sources.

La Société générale a annoncé jeudi avoir reçu une manifestation d'intérêt de Qatar National Bank (QNB) pour sa filiale National Société Générale Bank (NSGB), dont elle possède 77,2% et dont la capitalisation boursière avoisine 1,8 milliard d'euros.

"Les discussions sont au stade initial mais il ne fait aucun doute qu'ils (QNB) disposent de la puissance de feu nécessaire pour un actif de cette taille. JP Morgan assiste QNB sur ce deal", a déclaré l'une des sources.

SocGen, qui a conclu début août la vente de sa filiale américaine de gestion d'actifs TCW au groupe de capital-investissement Carlyle (voir ), a choisi Morgan Stanley comme conseil sur le dossier NSGB, a dit une deuxième source.

Jeudi, QNB avait évoqué une négociation préliminaire en soulignant que rien ne permettait d'assurer qu'elle aboutirait.

QNB n'était pas disponible pour commenter ces informations dimanche. La banque n'a pas répondu à plusieurs appels téléphoniques et courriers électroniques de Reuters.

Aucun représentant de SocGen n'était joignable.

En cas d'accord sur la reprise des parts du groupe français, QNB pourrait être contraint de lancer une offre d'achat sur les participations des actionnaires minoritaires, estime dans une note la banque d'investissement EFG Hermes, basée en Egypte.

Un rachat à 100% pourrait coûter à QNB entre 15,9 et 18 milliards de livres égyptiennes (2,08 et 2,35 milliards d'euros environ), ajoute la note.

NSGB, qui possède quelque 160 agences dans toute l'Egypte, est l'un des principales banques du pays avec autour de 8,4 milliards d'euros d'actifs. Elle possède également des activités de banque privée et de banque d'investissement.

BOND DE 10% DE L'ACTION NSGB

L'action NSGB gagnait 10% dimanche à la Bourse du Caire, pour la première séance de cotation après l'annonce de l'intérêt de QNB.

Le titre se traite actuellement autour de 1,9 fois la valeur comptable, une valorisation supérieure à celle de certaines de ses concurrentes.

EFG Hermes estime que QNB pourrait devoir offrir 2,2 à 2,5 fois la valeur comptable pour l'emporter, soit entre 12,3 et 13,9 milliards de livres égyptiennes pour la participation de la Société générale.

"C'est l'un des plus actifs de choix du marché bancaire en Egypte. La banque centrale du pays n'accorde pas facilement des licences bancaires et, pour des établissements comme QNB, qui cherchent à se développer, l'acquisition est la meilleure solution", a dit la deuxième source.

Détenue à 50% par le fonds souverain du Qatar, QNB est l'une des plus importantes banques du Golfe et s'est lancée tambour battant dans une politique de croissance externe.

Jeudi, le groupe a annoncé avoir porté sa participation dans Commercial Bank International de 16,5% à 39,9%. Il est aussi monté au capital de l'irakienne Mansour Bank et a racheté en avril 49% du capital de la libyenne Bank of Commerce and Development.

Mais il est connu pour ne pas acheter à n'importe quel prix, une politique qui l'a conduit cette année à renoncer au groupe turc Denizbank, cédé par Dexia au russe Sberbank.

Outre la Société générale, BNP Paribas passe elle aussi pour envisager de céder sa filiale égyptienne de banque de détail, une opération qui pourrait lui rapporter entre 320 et 400 millions d'euros, avaient dit plusieurs sources le mois dernier.

QNB aurait également regardé le dossier. "Ils pourraient faire une offre sur chacun des deux et tenter d'obtenir le meilleur prix. La banque centrale ne les laissera sûrement pas racheter les deux", a dit l'une des sources.

Le Crédit agricole est également présent en Egypte, via sa participation de 60% dans Credit Agricole Egypt . (Dinesh Nair et Rachna Uppal, Marc Angrand pour le service français)