LONDRES, 7 août (Reuters) - Les marchés financiers s'apprêtent à traverser une nouvelle zone de turbulence après l'abaissement vendredi par Standard & Poor's de la note de la dette souveraine américaine.

A cet évènemement, s'ajoute la crainte de voir l'Italie suivre la trajectoire de la Grèce.

Ce week-end, les Bourses du Golfe et d'Israël ont décroché , et la crainte de voir les Bourses européennes et asiatiques leur emboîter le pas et subir un krach boursier, a incité les responsables politiques et monétaires à se concerter dimanche.

L'Asie donnera dès les premières heures lundi le ton de l'accueil des investisseurs à leurs réactions.

Voici les opinions d'analystes sur ce qu'attendent les marchés des décisions que pourraient prendre responsables américains, européens et du G20:

MOHAMED EL-ERIAN, PIMCO

"L'abaissement de la note souveraine américaine pourrait réveiller les responsables politiques. C'est un signal lourd et sans ambiguïté quant à l'érosion de la force économique et à la place mondiale du pays."

"Cela montre l'urgence qu'il y a de voir une reprise d'initiative via une meilleure prise de décision en matière économique et de voir émerger une gouvernance plus cohérente."

"Il est difficile d'imaginer, qu'après avoir abaissé les Etats-Unis, S&P ne suivra pas avec au moins un des autres membres du club des AAA souverains. Si cela devait se matérialiser, et impliquer un pays comme la France, par exemple, cela compliquerait les efforts, déjà fragiles, faits en Europe pour sauver les pays de la périphérie."

PHILIPPE WAECHTER, NATIXIS ASSET MANAGEMENT

"Il y a des tensions sur la liquidité interbancaire. Ca reflète des inquiétudes sur la fragilité et les risques associés aux portefeuilles détenus par les banques."

"On va se retrouver demain matin face a un choc d'incertitude supplémentaire lié à la dégradation de la dette américaine. Ça peut créer des situation de tensions très fortes et des ruptures."

"On n'est pas encore dans les tensions qu'on a vu en 2007 et 2008 (...) mais la BCE doit intervenir."

Racheter des obligations italiennes "permettrait à la BCE de prendre à sa charge une partie du risque qui est sur le marché et qui pose problème. La question posée aujourd'hui est de savoir qui va prendre à sa charge le risque qui est observé sur les marchés. Jusqu'à présent, personne n'a pris l'initiative.

GUSTAV HORN FONDATION HANS-BOECKLER FOUNDATION IN DUSSELDORF

"Si les responsables politiques, en coopération avec les banquiers centraux, ne parviennent pas à se décider ce week-end sur les mesures à prendre pour restaurer la confiance, une récession mondiale devient de plus en plus probable."

"Afin d'éviter cela, les grandes banques centrales doivent parvenir à s'engager à reprendre de la dette publique sur les marchés secondaire."

"Les responsables politiques doivent, d'un côté donner des gages crédibles de leur volonté d'aider les pays en crise, de l'autre, ils doivent également s'engager à réduire les déficits publics, également en relevant les impôts, ce qui est la seule manière d'y parvenir assez rapidement." "Faute de quoi, la politique économique restera éternellement l'otage de l'évolution des marchés."

MIKE LENHOFF, BREWIN DOLPHIN A LONDRES

"Les dirigeants de la zone euro vont devoir faire preuve de détermination pour faire avancer ce qu'ils ont commencé."

"La BCE doit se confronter aux spéculateurs qui vont tester les responsables. Il n'y a aucune raison qui l'empêche d'aller de l'avant et de laisser entendre qu'elle va soutenir les Italiens et les Espagnols."

Pour ce qui est de Washington "ils ont montré un total manque de leadership. A présent, les USA ont ce qu'ils méritent."

"Cela pourrait se traduire par quelques bouleversements temporaires. La grande question, c'est la zone euro et ses implications pour le système bancaire."

(Jamie McGeever, Jeremy Gaunt, Lorraine Turner, Andrei Khalip, Nigel Davies, Astrid Wendlandt and Roberta Cowan) , Nicolas Delame pour le service français, édité par )