PARIS, 10 décembre (Reuters) - Les représentants de l'opposition admettent lundi des avancées, pour la plupart, mais s'interrogent sur le financement des mesures annoncées par Emmanuel Macron pour répondre aux trois semaines de crise des "Gilets jaunes".

Voici les principales réactions à ces annonces.

JEAN-LUC MÉLENCHON, chef de file de La France insoumise, à l'Assemblée

"A l'indignation du très grand nombre contre les inégalités et surtout contre le fait que les uns ont tout et les autres rien, il a pensé qu'une distribution de monnaie pourrait calmer l'insurrection citoyenne qui a éclaté."

"Au-delà des paroles sentimentales qu'il a exprimées, nous voyons une réalité bien crue : toutes les mesures qu'il a annoncées seront payées par les contribuables et les assurés sociaux, aucune par les grandes fortunes et les profits."

"L'ISF n'est pas rétabli sans qu'on sache pourquoi alors que le moment de la solidarité est venu"

"Aucune des revendications pour davantage de démocratie participative ne reçoit de réponse, des bonnes intentions, si mais des réponses, non"

FABIEN ROUSSEL, secrétaire national du PCF, sur Twitter :

"Première victoire pour nos retraité.es. Il faut apprécier ce recul du président mais le compte n'y est pas. Seul le SMIC augmente et encore, c'est flou. Qui paye ? Et beaucoup de salarié.es ne verront pas leur salaires progresser".

VALÉRIE RABAULT, présidente du groupe socialiste à l'Assemblée, sur franceinfo

"Il y a quelques avancées mais, par contre, là où il y a de gros points d'interrogation - et en terme de fiscalité c'est toujours ce qui fait très mal - c'est qu'il ne dit pas qui va payer".

"Comme il ne veut pas remettre l'ISF, qui permet d'avoir quatre milliards d'euros de recettes par an, on ne sait pas qui va payer"

"Quand les choses ne sont pas bien précises et pas bien claires il y a toujours quelqu'un qui finit par payer et ça retombe souvent sur les Français."

BENOÎT HAMON, chef de file de Génération.s, sur BFM TV

"On attend du président de la République une vraie redistribution des richesses"

"Cela une nouvelle fois passe entre les gouttes : pas de remise en cause de l'ISF, pas de mise à contribution des entreprises polluantes qui sont les principales responsables des émissions de gaz à effet de serre, pas de mise à contribution des banques ni de leurs actionnaires"

"Pourquoi est-ce qu'on en arrive encore à ce que les plus riches soient épargnés ?

BRUNO RETAILLEAU, président du groupe Les Républicains au Sénat, sur France 2

Le président de la République a fait des "constats justes", a estimé Bruno Retailleau.

"Il ne peut pas avoir de baisses d'impôts s'il n'y a pas de baisse des dépenses publiques. Je n'ai pas entendu de proposition de baisse de la dépense publique."

Tout en saluant de "bonnes mesures sur la défiscalisation", il a dénoncé la revalorisation du smic : "À tout concentrer les aides sur le smic en on va smicardiser la société française."

NICOLAS DUPONT-AIGNAN, président de Debout la France, sur Periscope

"Beaucoup de Français qui attendaient comme moi une parole présidentielle forte avec un changement de cap auront compris que ce soir c'était du blabla puissance 15. C'était finalement presque se moquer davantage des Français.

"Il va continuer la même politique avec un petit paquet cadeau et un peu de ruban en couleur. La même politique, cela veut dire la même spoliation des Français qui travaillent".

"Aujourd'hui le divorce est total entre les Français et lui, aujourd'hui il a décidé devant la France entière de s'entêter à gouverner contre le peuple, aujourd'hui Emmanuel Macron devient dangereux pour la France. Il n'y a qu'une seule solution le retour au suffrage universel, le retour aux urnes, le vote des Français."

MARINE LE PEN, présidente du Rassemblement national, sur Twitter

"Face à la contestation, Macron renonce à une partie de ses errements fiscaux et c'est tant mieux, mais il refuse d'admettre que c'est le modèle dont il est le champion qui est contesté".

"Ce modèle, c'est celui de la mondialisation sauvage, de la concurrence déloyale, du libre-échange généralisé, de l'immigration de masse et ses conséquences sociales et culturelles."

PHILIPPE MARTINEZ, secrétaire Général de la CGT, sur franceinfo

"Le président de la République n'a rien compris ou ne veut rien comprendre de la colère qui s'exprime plus massivement ces dernières semaines"

"C'est rien ce qu'il propose, il propose une hausse du Smic de 100 euros c'est très loin de ce que nous demandions et il ne précise pas qui va payer"

"Rien sur les fonctionnaires (...) On n'annonce rien sur la revalorisation des pensions des retraités, rien sur la revalorisation des minima sociaux, rien sur les jeunes (...) On est très, très loin du compte."

"Nous appelons à se mobiliser vendredi prochain 14 décembre, conjointement" (avec les Gilets jaunes").

BENJAMIN CAUCHY, représentant des "Gilets jaunes libres" sur France 2

"Sur le fond, on en est à des demi-mesures, on sent que Macron en a encore sous la pédale."

"100 euros, c'est bien pour les smicards mais qu'en est-il pour tous les salaires intermédiaires qui vivent une pression fiscale énorme? Qu'en est-il de la taxe carbone sur les cargos et sur les avions? Les Gilets Jaunes et les Français sont pour l'écologie. (...) Pour les retraités, la réindexation au coût de la vie serait la moindre des choses." (Julie Carriat, Elizabeth Pineau et Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)