Le rebond de ce mois-ci, notamment dans les deux principales économies du bloc, l'Allemagne et la France, ainsi que la hausse des pressions inflationnistes, seront bien accueillis par les responsables de la Banque centrale européenne (BCE).

La semaine dernière, la BCE a annoncé qu'elle arrêterait son programme d'achats nets d'actifs à la fin de l'année et qu'elle ne devrait pas relever ses taux avant l'été 2019.

L'indice PMI composite, considéré comme un baromètre fiable de la croissance, est remonté à 54,8 en juin, après 54,1 en mai, qui avait représenté un creux de 18 mois. Les économistes interrogés par Reuters avaient tablé sur un indice à 53,9. Le seuil de 50 distingue croissance et contraction de l'activité.

Les indices PMI du mois de juin suggèrent une croissance de 0,5% de la zone euro au deuxième trimestre, selon IHS Markit. Ce rythme est inférieur à celui de 0,6% attendu par les économistes, selon une enquête Reuters de mai, mais supérieur au 0,4% annoncé pour les trois premiers mois de l'année.

Pour les analystes, si cela constitue un pas dans la bonne direction, rien ne permet pas d'affirmer que la récente tendance au ralentissement est derrière nous.

L'euro est resté inchangé après ces indices PMI.

"L'amélioration des PMI montre que les effets calendaires ont peut-être accentué le ralentissement en mai, mais elle ne fournit pas beaucoup d'éléments indiquant que l'accès de faiblesse est passé", a noté Bert Colijn, économiste chez ING.

"Bien que ce ne soit pas un résultat fantastique, la publication fournit un réconfort après la série en cours de données décevantes de la zone euro", a-t-il ajouté.

L'indice composite des prix à la production a atteint un pic de quatre mois, à 53,8 après 53,2. Cela fait suite à la confirmation la semaine dernière que l'inflation officielle de la zone euro a atteint 1,9% au mois de mai, très proche de l'objectif d'un peu moins de 2% fixé par la BCE.

L'indice PMI des services, principal secteur d'activité de la zone euro, est remonté à 55,0 en juin, au plus haut depuis février, contre 53,8 en mai. Les économistes avaient anticipé une nouvelle baisse de cet indice à 53,7.

L'optimisme s'est également renforcé au sein des entreprises de services et l'embauche a progressé à son rythme le plus rapide depuis plus d'une décennie. L'indice de l'emploi est passé de 53,9 à 55,2, son plus haut niveau depuis fin 2007.

"Dans l'ensemble, les données d'aujourd'hui rassureront la BCE sur le fait qu'elle a raison de mettre un terme à son programme d'achat d'actifs cette année", a déclaré Jessica Hinds, économiste chez Capital Economics.

Toutefois, la confiance du consommateur en zone euro s'est dégradée de manière inattendue en juin, selon des données préliminaires de la Commission européenne.

LES TENSIONS COMMERCIALES COMMENCENT À PESER

La croissance manufacturière de son côté a ralenti ce mois-ci, en partie en raison des craintes croissantes d'une guerre commerciale. L'indice du secteur manufacturier est tombé en juin à 55,0, un creux de 18 mois, après 55,5 en mai.

L'indice de production manufacturière est passé à 54,8 contre 54,3 en mai, son plus bas depuis 19 mois, et l'indice des commandes est ressorti à un creux de 22 mois à 53,3 après 54,2.

"Le secteur manufacturier est particulièrement exposé à un nouveau ralentissement dans les mois à venir, les entreprises évoquant les inquiétudes commerciales et l'incertitude politique comme étant leurs plus grandes préoccupations. La confiance en ce qui concerne l'année à venir dans le secteur manufacturier est tombée à son plus bas niveau depuis 2015", écrit dans un communiqué Chris Williams, économiste chez IHS Markit.

Les dernières menaces du président américain Donald Trump sur les droits de douane ont accru les tensions commerciales, déjà élevées, y compris avec l'Union européenne.

Les barrières commerciales actuellement en place pourraient bientôt pousser les banques centrales à abaisser leurs projections de croissance. Le président de la BCE, Mario Draghi, a exprimé des inquiétudes cette semaine à Sintra, au Portugal, lors de la réunion annuelle de l'institut d'émission.

"Ce n'est pas facile et ce n'est pas encore le moment de voir quelles seront les conséquences de tout cela sur la politique monétaire, mais il n'y a aucune raison d'être optimiste à ce sujet", a déclaré Mario Draghi.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten et Juliette Rouillon)

par Rahul Karunakar