La décision de politique monétaire de juillet de la banque centrale américaine - c'était hier soir - a bien constitué un moment important pour les marchés boursiers. Il va quand même falloir attendre que la poussière retombe pour en tirer les vrais enseignements, mais on peut d'ores et déjà constater que la soirée a été belle à Wall Street, où le S&P500 a clôturé en hausse de 2,62% et où le Nasdaq 100 s'est adjugé 4,26%. Pour résumer les choses de façon un tantinet simpliste, les investisseurs aiment quand il y a beaucoup d'argent en circulation. D'où leur spleen du premier semestre quand ils ont constaté que les banques centrales allaient ranger leurs grosses berthas à liquidités en relevant leurs taux directeurs. Il a fallu un peu de temps pour s'habituer à la situation, d'autant que l'invasion russe de l'Ukraine est venue ajouter une ligne dans la liste des désordres du moment.

Mais les investisseurs aiment aussi anticiper et comme ce sont des petits malins, ils lorgnent les signaux qui pourraient laisser penser que les banques centrales vont assouplir leur poussée d'orthodoxie. C'est la raison pour laquelle les indices ont fortement rebondi hier, alors même que la Fed donnait un nouveau tour de vis de 75 points de base à ses taux directeurs, ce qui revient à un traitement de choc. La banque centrale a relevé ses taux de 25 points de base en mars, puis de 50 points de base en mai et de 75 points de base en juin et donc en juillet. Soit 225 points de base depuis le début de l'année. C'est énorme mais c'est ce que les investisseurs avaient fini, contraints et forcés, par anticiper.

Pour continuer dans l'explication simplifiée, disons que chaque hausse de taux est censée rapprocher la Fed du moment où elle cessera de les relever. Et hier soir, les investisseurs ont cru déceler dans les propos du patron de la banque centrale, Jerome Powell, des indices d'une stratégie un peu moins agressive. En d'autres termes, le marché pense que le plafond de taux qui fait actuellement consensus est peut-être un peu trop élevé et que la Fed n'ira pas jusque-là. C'est subtil et fragile, mais c'est ce qui a alimenté le rebond. Pour le dire autrement, après la pluie vient le beau temps et si le beau temps est un peu en avance, autant en profiter.

Le truc c'est que pas mal de voix se sont élevées hier soir pour dire que c'est aller un peu vite en besogne et que certaines insinuations de Jay Powell ont été surinterprétées. Les optimistes diront que ce sont les éternels grincheux qui s'expriment ainsi et les pessimistes que c'est un nouveau feu de paille. Pour ma part, je n'ai aucun diplôme en comportementalisme de banquier central donc je regarde plutôt les indicateurs corrélés aux taux, comme le dollar (qui a peu évolué) ou le rendement des obligations d'Etat américaines (qui n'ont pas beaucoup bougé). Ce qui laisse penser que la réunion de la Fed était au final plutôt neutre.

L'autre temps fort de la semaine c'est l'assommante quantité de résultats d'entreprises qui s'accumulent, avec du bon et du moins bon. Enfin davantage de moins bon que d'habitude, contexte inflatio-dépressif oblige, même si toute une série de résultats d'entreprises françaises ce matin sont ponctués de relèvement d'objectifs de bénéfices. Les sociétés cotées ont l'air d'avoir les poches plus profondes que celles des consommateurs. La séance du jeudi est traditionnellement celle qui héberge le plus d'annonces et ce 28 juillet ne dérogera pas à la règle avec une bonne centaine de publications en provenance de grosses entreprises. Hier soir, la litanie des chiffres a profité à Ford, qui a rassuré en soirée, tandis que Meta Platforms décevait. Il y a de grandes disparités de performances entre les sociétés, parfois même au sein d'un même secteur. J'imagine que la période de tensions actuelle sur les coûts est un puissant révélateur des modèles économiques et de l'agilité des entreprises. Mais il est encore un peu tôt pour dresser un bilan pertinent.

Sur les marchés d'Asie Pacifique, l'ambiance n'est pas aussi euphorique qu'à Wall Street hier soir, mais les parcours sont positifs quand même. Le Nikkei 225 japonais gagne 0,2%, le KOSPI coréen 0,6% et l'ASX 200 australien près de 1%. Hong Kong recule en revanche de 0,3% mais la séance n'est pas finie à l'heure où j'écris. Les indicateurs avancés sont légèrement haussiers pour l'Europe, mais sans euphorie. Les futures américains sont, eux, légèrement baissiers. Le CAC40 gagne 0,78% à 6307 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

C'est le PIB américain du T2 qui retiendra l'attention à 14h30. Auparavant, l'Allemagne aura communiqué son estimation de l'inflation du mois de juillet (14h00). Tout l'agenda macro ici.

L'euro remonte à 1,02 USD. L'once d'or a rebondi à 1736 USD. Le pétrole aussi, avec un Brent de Mer du Nord à 107,18 USD le baril et un brut léger américain WTI à 98,21 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est rémunéré 2,79%, toujours sous le 5 ans, le 2 ans et le 6 mois. Le bitcoin suit le Nasdaq à 23 133 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Airbus : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 155 à 145 EUR.
  • Akzo Nobel : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 72 EUR.
  • Aramis : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 4 EUR.
  • BASF : Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 62 à 55 EUR.
  • Crédit Suisse : Société Générale reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 6,50 à 5,50 CHF.
  • Daimler Truck : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 28 EUR.
  • Eckert : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 91 à 85 EUR.
  • Eurazeo : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 113,50 à 87,50 EUR.
  • Georg Fischer : Research Partners reste à l'achat avec un objectif relevé de 65 à 70 CHF.
  • Logitech : Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 100 à 95 CHF.
  • Melexis : Berenberg reste à conserver avec un objectif relevé de 80 à 90 EUR.
  • Royal Vopak : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 32 à 24,50 EUR.
  • Sika : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 314 à 318 CHF.
  • Valeo : Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 23 à 24 EUR.
  • Volvo : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 190 SEK.

En France

Résultats des sociétés

  • Air Liquide : Le groupe reste confiant dans sa capacité à augmenter à nouveau sa marge opérationnelle en 2022.
  • Airbus : Le groupe abaisse son objectif de livraisons pour 2022 en raison des tensions logistiques.
  • ArcelorMittal : Le groupe va lancer un nouveau plan de rachat d'actions de 1,4 Md$. Le groupe a publié des résultats en hausse et annoncé le rachat du brésilien CSP.
  • Carrefour : Vive croissance des revenus au S1 et hausse de la rentabilité grâce à des efforts sur les coûts, qui seront accrus au-delà des prévisions.
  • Electricité de France : La perte est lourde au S1, à cause du manque de production du parc nucléaire.
  • Kering : Les revenus dépassent les attentes du consensus. La marge opérationnelle est en hausse.
  • Orange : L'opérateur promet une accélération de son Ebitdaal au second semestre
  • Safran : Les bénéfices sont supérieurs aux attentes au S1, mais les chaînes d'approvisionnement sont mises à rude épreuve.
  • Saint-Gobain : Les prévisions 2022 sont confortées à l'issue du premier semestre.
  • Sanofi : Les revenus du S1 atteignent 19,8 Mds€, en hausse de 8,4% à taux de change constants. La prévision de bénéfice est relevée.
  • Schneider Electric : Le groupe relève ses prévisions pour 2022 après un S1 supérieur aux attentes.
  • Scor : Le réassureur est en pertes sur le 1er semestre, à cause des catastrophes naturelles, de la sécheresse au Brésil et de la guerre en Ukraine.
  • Stellantis : Le constructeur confirme ses objectifs pour 2022, après des marges records au S1.
  • STMicroelectronics : Les résultats du T2 sont supérieurs aux attentes. Les objectifs annuels sont relevés.
  • Teleperformance : Les objectifs 2022 sont confirmés une croissance organique des revenus de 5,5 % au premier semestre.
  • TotalEnergies : Le bénéfice net a presque triplé par rapport à l'année précédente pour s'établir à 5,7 Mds$.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Anheuser-Busch Inbev : L'Ebitda ajusté du T2 a l'air un peu inférieur aux attentes.
  • Banco Santander : Les bénéfices du T2 sont légèrement plus élevés que prévu à 2,35 Mds€.
  • Diageo : Le Britannique affiche des ventes en hausse de 21,4% sur l'exercice clos fin juin.
  • Ford : Le titre est en hausse hors séance après les résultats du second trimestre.
  • HeidelbergCement : Le cimentier réduit ses perspectives de bénéfices en raison des coûts énergétiques élevés.
  • Meta Platforms : Le titre perd 4,7% hors séance après avoir publié des résultats trimestriels décevants.
  • Nestlé : La croissance organique des revenus atteint 8,1% au 1er semestre à 45,6 MdsCHF. La prévision annuelle de croissance est relevée, mais la rentabilité sera dans le bas de fourchette.
  • Qualcomm : Le titre perd environ 4 % après la séance et la publication de ses résultats trimestriels.
  • Samsung Electronics : Les résultats du second trimestre sont inférieurs aux prévisions du consensus.
  • Shell : La major pétrolière a généré 11,5 Mds$ de bénéfices au T2.
  • Solvay : Le chimiste relève ses objectifs 2022 après un 1er semestre jugé solide.
  • Volkswagen : Le résultat opérationnel ajusté du T2 est assez nettement supérieure aux attentes.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures