Zurich (awp/ats) - Le Swiss Finance Institute (SFI) met en garde contre les actions de performance, des actions gratuites que touchent les dirigeants d'entreprises s'ils remplissent des objectifs fixés sur plusieurs années. Cet instrument masquerait l'attrait du risque sans le réduire.

De nombreuses sociétés ont remplacé les rémunérations en stock options, tombées en désuétude, par des actions de performance, constate mercredi le SFI dans son livre blanc sur la gouvernance des entreprises en Suisse. Il s'agit d'actions dont l'octroi dépend de la réalisation de certaines conditions de performance.

Cette mesure devait initialement réduire la prise de risques de la part des dirigeants d'entreprises. Or cet espoir est illusoire car les fortes incitations à prendre des risques restent en place, note le SFI. Au lieu d'être gérées correctement, ces incitations seraient souvent oubliées.

"Si un conseil d'administration croit pouvoir régler le problème de l'incitation au risque grâce aux actions de performance, c'est potentiellement dangereux", a déclaré le professeur zurichois Alexander Wagner, à l'occasion de la présentation du livre blanc.

Dans la plupart des circonstances, de simples droits à des actions comme éléments de rémunération à long terme seraient plus appropriés. "Contrairement à la tendance actuelle, il n'est pas forcément recommandable d'octroyer des actions de performance", conclut le SFI.

QUOTAS DE FEMMES

Alexander Wagner s'en est également pris aux projets du Conseil fédéral, qui entend fixer un quota de 30% de femmes dans les conseils d'administration des entreprises cotées de plus de 250 collaborateurs, et un quota de 20% pour les comités de direction de ces mêmes sociétés.

"Nous savons de manière empirique que les quotas n'entraînent pas de valeur ajoutée pour l'entreprise", a expliqué Christoph Wenk, co-auteur du rapport. En Norvège, où un quota de 40% existe depuis 2003, la Bourse a même réagi négativement, ont démontré plusieurs études.

Par ailleurs, d'autres études démontrent que les femmes recrutées dans les conseils d'administration sans contrainte de quota apporteraient avec elles un bagage plus conséquent que les hommes, et ce justement parce que l'ascension est plus difficile pour elles.

Le SFI est né en 2006 à l'initiative commune du secteur financier suisse, des principales universités et de la Confédération. Il se définit comme pôle d'excellence dans la recherche et la formation doctorales, le transfert de compétences et la formation continue dans les secteurs bancaire et financier.

ats/rp