* Un décret pour abolir la règle "un actionnaire, une voix"

* Les banques ont 18 mois pour tenter de faire évoluer le texte

* Renzi veut favoriser la consolidation

* Il risque de susciter de vives oppositions locales (Actualisé avec citations de Renzi, précisions, réactions)

par Giuseppe Fonte

ROME, 20 janvier (Reuters) - Le président du Conseil italien, Matteo Renzi, a dévoilé mardi un décret d'urgence pour modifier les règles en matière de droits de vote dans les "popolari", les banques coopératives, une réforme ambitieuse qui risque de se heurter à une vive opposition.

Le texte vise à favoriser la consolidation du secteur bancaire et à rénover un système qui, pour l'instant, attribue un droit de vote à chaque actionnaire des établissements de crédit concernés, quelle que soit la taille de sa participation au capital.

En présentant le projet, Matteo Renzi a expliqué qu'il concernait les 10 principales "popolari", qui détiennent au total quelque huit milliards d'euros d'actifs, et qu'il les obligerait à se transformer en sociétés par actions dans un délai de 18 mois.

"Il s'agit d'assurer que les banques italiennes sont capables de faire face aux défis qu'elles rencontrent en Europe et dans le monde", a dit le chef du gouvernement.

En Bourse, les "popolari", qui représentent environ 20% du secteur bancaire italien, ont bondi mardi pour le deuxième jour d'affilée, des informations sur le projet de réforme ayant déjà favorisé leur hausse lundi.

L'action Banca Popolare dell'Emilia Romagna a encore gagné 7,12%, Banco Popolare s'est adjugé 5,67% et UBI 3,1%. De même, Popolare Etruria a pris encore 4,79% et Credito Valtellinese 5,92%.

"TROP DE BANQUIERS ET PAS ASSEZ DE CRÉDIT"

Matteo Renzi a dit que le décret "historique" serait "contesté et controversé" mais il a assuré qu'il contribuerait à faire évoluer un système qui pour l'instant produit selon lui "trop de banquiers et pas assez de crédit".

La réforme, qui inclut des dispositions rendant plus facile et moins cher le changement de banques pour leurs clients, risque de se heurter à l'opposition de certains responsables politiques dans les 18 mois à venir.

En cherchant à en finir avec la règle "un actionnaire, un vote" caractéristique des "popolari" - pour la plupart des établissements de taille moyenne ayant noué au fil des ans des liens forts avec les milieux politiques - Matteo Renzi sait qu'il s'attaque à des réseaux d'influence solides.

Le projet n'est donc pas sans risque au moment même où il cherche à rassembler différents partis politiques pour faire élire le prochain président de la République.

Pour Renatto Brunetta, député du parti de droite Forza Italia et ancien ministre de Silvio Berlusconi, la réforme ne s'imposait pas alors que "les popolari sont les seules qui, pendant la crise, ont augmenté les prêts aux ménages et aux entreprises".

Le mouvement 5-Etoiles de Beppe Grillo, lui, a accusé Matteo Renzi de "préparer un raid au profit de ses amis banquiers, aux dépens des petites et moyennes entreprises".

Pour les analystes financiers, le projet de réforme pourrait transformer en proies certains des établissements bancaires concernés.

Le régime des droits de vote des banques coopératives était depuis longtemps considéré comme un obstacle aux fusions ou à l'arrivée de nouveaux investisseurs.

Le texte doit être approuvé par le Parlement dans un délai de 60 jours. (avec Massimiliano Di Giorgio, Gavin Jones, Steve Scherer; Véronique Tison pour le service français, édité par Marc Angrand)